jeudi 17 décembre 2009

Guillermo Teillier « Un triomphe extraordinaire ! »

Comment vous sentez-vous après ce 1er tour ?
Guillermo Teillier. Heureux ! Après trente-six ans d’absence, trois députés communistes vont retrouver les sièges du Congrès. C’est un triomphe extraordinaire ! Quant au résultat de Jorge Arrate, il est satisfaisant, vu nos moyens réduits. Avec cette élection, Jorge devient une figure importante de la gauche. Il va favoriser l’union et saura barrer la route à la droite.

Quelle marge de manœuvre auront les communistes au sein du Parlement ?
Guillermo Teillier. Nous pourrons travailler dans la mesure où nous réussirons à nous mettre d’accord avec d’autres autour d’objectifs importants pour le peuple. Nous ferons tout pour réunir les volontés politiques afin de modifier les institutions héritées de Pinochet et d’installer une vraie démocratie sociale. Et puis, les mouvements sociaux et syndicaux seront derrière nous.

Vous êtes prêt à dialoguer avec le candidat de la coalition sortante, Frei, pour battre la droite. Sur quelles bases votre soutien est-il envisageable ?

Guillermo Teillier. Si la concertation montre une vraie volonté politique et est prête à nous écouter, l’accord est possible. Car les points communs existent. Il faut intégrer au programme d’Eduardo Frei des mesures que réclame le peuple. Changer la Constitution, modifier le système électoral et des mesures pratiques, comme l’amélioration du service public de santé par exemple. Nous présenterons nos propositions d’ici à 48 heures et espérons que le dialogue avec l’équipe d’Eduardo Frei commencera très vite.

La droite est donnée favorite au second tour. Comment la contrer ?
Guillermo Teillier. Si on ajoute les voix d’Arrate, Frei et Enriquez, on voit que 56% des Chiliens ne suivent pas la droite. Mais il est clair aussi que la majorité n’en peut plus de la gestion actuelle. Si la candidature de Frei offre une réelle possibilité de changement, nous convaincrons et la droite ne gagnera pas.

Sebastian Piñera vous fait peur ?
Guillermo Teillier. Lui, non, mais ses idées politiques, oui. Il pourrait privatiser une partie de l’entreprise nationale productrice de cuivre, veut flexibiliser le travail, réduire le salaire minimum pour favoriser l’emploi. Et en matière de droits de l’homme, il a beau se présenter comme un partisan du « non » qui a fait tomber Pinochet en 1989, les rangs de la droite comptent des Pinochétistes. Je crains que sa victoire donne des ailes à une droite réactionnaire qui veut freiner les mouvements populaires à l’œuvre en Amérique latine.
Lucille Gimberg