Cette réduction serait la conséquence d'une modification de la répartition de la masse terrestre, susceptible d'accélérer sa vitesse de rotation - un phénomène exploité par les patineurs qui tournent plus vite sur eux-mêmes quand ils rapprochent bras et jambes de leur axe de rotation. Le séisme chilien aurait ainsi modifié l'axe terrestre de 8 centimètres, précise le JPL, qui a effectué un exercice identique pour le tremblement de terre de 2004 à Sumatra (magnitude 9,1), lequel aurait abrégé le jour de 6,8 microsecondes et déplacé l'axe terrestre de 7 cm. Le décentrage dû au séisme chilien, moins puissant, serait plus marqué à cause de sa position à une latitude moyenne.
Ces calculs ne doivent cependant pas être pris pour argent comptant, prévient Christian Bizouard, membre du service de la rotation de la Terre à l'Observatoire de Paris. Ce service a précisément pour fonction de constituer des séries temporelles mesurant les variations infimes de la durée du jour et les mouvements du pôle géographique autour de son axe. "Il est faux d'affirmer que l'axe de rotation de la Terre a été déplacé de 8 centimètres, indique-t-il. Les effets induits par les tremblements de terre n'ont jamais été observés directement, ils demeurent théoriques et ne seraient de toute façon pas immédiats, mais se feraient sentir sur plusieurs mois."
"Bruit de fond"
Les secousses telluriques ont, souligne-t-il, une influence beaucoup plus modeste sur la rotation terrestre que la répartition des masses atmosphériques, les vents, les déplacements hydrologiques, voire l'humidité du sol. "Ces transferts ont des effets immédiats, qui peuvent engendrer un déplacement du pôle de 2 mm à 15 cm d'un jour sur l'autre", souligne-t-il. La variation du jour subséquente peut atteindre 50 microsecondes. Les satellites GPS peuvent la mesurer avec une précision de 10 microsecondes. Autant dire que l'effet du séisme chilien restera sous leur seuil de détection. "Seul un séisme comme celui de 1960 au Chili, le plus puissant jamais enregistré (magnitude 9,5) pourrait éventuellement sortir de ce bruit de fond", indique M. Bizouard.
La durée du jour varie selon des cycles séculaires et décennaux, mais aussi à des échelles plus réduites. Ces phénomènes, parfois encore mal compris, sont dûment mesurés : "Si l'on ne tenait pas compte des mouvements du pôle pour recaler les systèmes de positionnement par satellite, au bout de six mois, ils commettraient des erreurs de plusieurs mètres", indique M. Bizouard.
Hervé Morin