Route d'évacuation de tsunamis
Constitucion, Dichato, Pelluhue, Penco, Talcahuano... le même panorama de dévastation, les mêmes recherches macabres suggèrent que le bilan officiel provisoire de 799 morts devrait exploser. Et que le tsunami a été infiniment plus meutrier que le séisme de magnitude 8,8.
"L'erreur de diagnostic" admise dès dimanche par les autorités militaires dans l'évaluation de l'alerte redevient un sujet brûlant entre la présidente Michelle Bachelet, la Marine, et le Bureau national des urgences (Onemi).
Information fort peu claire
La Marine a reconnu avoir transmis, via son Service hydrographie et Oceanographie (SHOA) une "information fort peu claire" à la présidente. A la suite de l'alerte initiale des services américains du US Geological Survey, une alerte au tsunami a été émise par le SHOA à destination de la présidence quelques minutes après le séisme samedi à 03H34 locales (06H34). Puis elle a été baissée d'intensité, puis levée, puis de nouveau activée, dans une série de communications officielles.
Entretemps, trois vagues géantes avaient balayé le littoral chilien, rasant des villes comme Constitucion. "Nous avons eu une hésitation", a reconnu le chef d'état-major de la Marine, Edmundo Gonzalez. "La vérité est qu'il y a eu une information d'un tel niveau d'imprécision et d'ambiguïté qu'elle ne permettait à personne de prendre une décision", a accusé la directrice de l'Onemi Carmen Fernandez.
Quête de disparus
"Le tsunami a affecté 200 km de côte, et par endroits s'est avancé jusqu'à 2 km à l'intérieur des terres", a déclaré à l'AFP le général Bosco Pesse, responsable des secours dans la région du Maule.
A Constitucion, station balnéaire populaire de 60'000 habitants dont des quartiers entiers ont été rasés, militaires et plongeurs poursuivaient la quête de disparus, qui seraient au nombre de 250 sur la zone.
L'aide arrivait lentement mercredi à Constitucion. "7.000 rations sont arrivées hier, aujourd'hui 14'000 et à partir de demain, j'espère 20'000 par jour", déclarait Laura Albornoz, une ex-ministre de la Femme qui coordonnait l'aide, face aux récriminations des habitants.
Dans les files d'attente pour la distribution de l'aide, beaucoup portaient des masques. L'odeur de la mort était omniprésente, annonçant de prochaines découvertes macabres.
L'aide s'accélère
Dans tout le centre-sud du pays, la distribution de l'aide aux sinistrés du séisme s'est accélérée mercredi. Et le calme revenait grâce à un déploiement massif de l'armée (lire ci-contre). Les secours avaient réellement commencé mardi avec des ponts aériens, des soupes populaires, des camions de vivres, des rations d'eau distribuées à partir de camions-citerne de 5000 litres.
A Santiago, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a apporté mardi une vingtaine de téléphones satellitaires. Les Etats-Unis doivent également envoyer des ponts mobiles, des systèmes de purification d'eau, un hôpital de campagne, des générateurs et des appareils de dialyse.
Outre les décès, la présidente du Chili, Michelle Bachelet, a reconnu que des pans entiers de l'économie étaient "durement touchés" et que les travaux de reconstruction du pays seraient "énormes". "L'agriculture, le commerce et le tourisme ont été des secteurs durement touchés (...) tout comme les mines, l'industrie et le bâtiment", a-t-elle énuméré face à la presse à Santiago. Selon les données officielles, le séisme et le tsunami ont détruit un demi-million d'habitations.