jeudi 11 mars 2010

Sebastian Piñera investi président du Chili entre les secousses telluriques

Sebastián Piñera assume comme Président de la République. Photo AFP
Cet entrepreneur milliardaire de droite, âgé de 60 ans, a prêté serment à la mi-journée au Parlement de Valparaiso, à 120 kilomètres à l'ouest de Santiago, moins d'une demi-heure après une secousse de magnitude 7,2 qui a créé la confusion parmi les personnalités, mais sans perturber la courte cérémonie.
Une alerte au tsunami a été émise par le Bureau national des urgences (Onemi) sur une section de plus de 400 kilomètres du littoral, depuis la région de Valparaiso (centre) jusqu'à celle des Lacs (sud). Cette deuxième alerte en une semaine a été levée au bout de quatre heures.
"Aucun mort n'a été signalé et nous n'en attendons pas", a déclaré le nouveau ministre de l'Intérieur, Rodrigo Hinzpeter.
Sebastian Piñera s'est rendu dans les heures suivantes dans la ville de Rancagua, proche de l'épicentre des secousses de jeudi.
Le 38e président du Chili devait aussi visiter la ville de Constitucion, en partie ravagée par le séisme de magnitude 8,8 - l'un des plus violents depuis un siècle - et le tsunami du 27 février au matin.
A Constitucion, les habitants ont couru vers les collines de la ville, tandis que les télévisions chiliennes diffusaient des images d'évacuations dans le calme d'hôpitaux et d'écoles dans plusieurs villes du pays.
Le nouveau chef de l'Etat a exprimé "des sentiments contrastés", entre "la grande émotion" d'être investi président et "les temps de tragédie et de souffrance" vécus par le Chili.
A Valparaiso, le Parlement a été évacué dans le calme peu après l'issue de la cérémonie.
Clairement nerveux pour certains, fanfarons pour d'autres, les chefs d'Etat ont réagi diversement aux secousses.
"C'est un honneur d'avoir partagé un séisme avec le peuple chilien", a plaisanté après coup le président péruvien Alan Garcia, habitué aux secousses à Lima.
Plus de 270 répliques ont été ressenties depuis la catastrophe du 27 février qui a fait 497 morts identifiés et des centaines de disparus, selon les dernières données officielles. Un demi-million de logements ont été endommagés ou sinistrés.
M. Piñera devait regagner Santiago jeudi soir et prononcer un discours depuis le palais présidentiel de La Moneda.
Il devait annoncer une série de mesures pour faciliter la reconstruction, dont la mise en place d'un comité interministériel, qui devait probablement se réunir dans la soirée.
M. Pinera, 701e fortune du monde en 2009, succède à la socialiste Michelle Bachelet et ramène la droite au pouvoir pour la première fois depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990.
Mais ce tournant a été complètement occulté par la catastrophe et la reconstruction qui s'annonce.
Elle pourrait coûter au Chili trois points de croissance au premier semestre, voire un point sur l'année, selon des économistes, alors que le gouvernement tablait sur une hausse d'au moins 4,5% du PIB en 2010.
M. Piñera a affirmé ces derniers jours que son gouvernement "sera le gouvernement de la reconstruction".
Des milliers de Chiliens, de Chiliennes surtout, ont rendu jeudi un émouvant hommage spontané à Michelle Bachelet à sa sortie du palais de la Moneda à Santiago, remerciant la "mère de tous les Chiliens" et lui demandant de se représenter dans quatre ans, à l'élection présidentielle de 2014.