mardi 18 octobre 2011

«L’ÉDUCATION AU CHILI, C’EST UN FIASCO TOTAL»

FRANCISCO FIGUEROA, SEBASTIAN FARFAN ET GABRIEL ITURRA, DIRIGEANTS
DE LA CONFEDERATION DES ETUDIANTS CHILIENS, EN TOURNEE A GENEVE.
Endetté à vie

A ses côtés, Sebastián Farfan, 23 ans, qui dirige la fédération de Valparaíso. Et Gabriel Iturra, à la tête des étudiants du secondaire. Tous trois ont un look vaguement révolutionnaire et un discours bien rodé. Mais on les sent des plus sincères. «Moi, je suis un privilégié, mes parents ont payé mes études de journalisme. Pour mes frères, par contre, ce n’est pas sûr qu’ils auront les moyens», raconte Francisco. Sebastián, lui, dit s’être endetté à vie pour devenir historien. «Imaginez: les cotisations mensuelles sont l’équivalent du salaire moyen dans mon pays. Aujourd’hui au Chili, la plupart des familles sont pieds et poings liés aux banques

Mais il y a pire, à entendre Francisco: «Les familles s’endettent pour investir dans l’avenir de leurs enfants, mais trop souvent cet avenir n’est pas meilleur que s’ils n’avaient pas étudié du tout! Sur un million d’étudiants chiliens, 40% abandonnent leur formation pour des raisons financières, mais, sur les 600 000 qui vont jusqu’au bout, la moitié seulement obtiendront un job correspondant à leur niveau académique.»

Un modèle d’échec

Bref, les étudiants réclament une réforme du système d’éducation. «On vous a fait croire que le néolibéralisme à la mode chilienne produisait une économie modèle. Mais en réalité c’est surtout un modèle de fiasco total. Une société à deux ou trois vitesses», assène Sebastián. Et ce n’est pas uniquement dans l’éducation que l’échec est patent, souligne Gabriel. Accès à la santé, gestion des richesses naturelles… «Ce mardi et ce mercredi, une grève générale est à nouveau convoquée. Les Chiliens nous soutiennent, parce qu’ils savent bien que leur avenir est en danger.»

Une inquiétude, note Francisco, qui n’est pas sans rappeler celle des «indignés» un peu partout en Europe.