LES ÉTUDIANTS DE L'ECOLE DE JOURNALISME DE SCIENCES PO ONT INTERVIEWÉ CAMILA VALLEJO, LA FIGURE EMBLÉMATIQUE DU MOUVEMENT ÉTUDIANT CHILIEN, DE PASSAGE À PARIS LE 14 OCTOBRE 2011.
Deux jours plus tôt, l’exécutif du multimillionnaire de droite, acculé par les mobilisations sociales, a annoncé que les entités bancaires étaient désormais persona non grata dans le système de financement de l’éducation.
Une manière pour le gouvernement de contenir un mouvement qui a réveillé, à l’intérieur de ses frontières mais également à l’échelle continentale comme en Colombie, un vent de revendications estudiantines.
Ce retrait est « souhaitable mais pas fondamental », a rétorqué le mouvement. « Il y a une avancée, a précisé Gabriel Boric, le président de la puissante Confédération des étudiants du Chili (Confech). Mais cela ne met pas un terme à la course au profit dans l’éducation. » À ses yeux, « le conflit éducatif n’a pas été résolu en 2011, les piliers structurels du modèle éducatif, comme l’endettement et le profit, ont toujours cours.»
En 1981, le Chili, laboratoire du néolibéralisme sous la coupe des institutions financières internationales, a imposé l’idée selon laquelle l’éducation n’était plus un droit. « On a instauré (le fait qu’elle) pouvait être un commerce, “un bien de consommation”, duquel on pouvait tirer des profits, poursuit, Gabriel Boric. Depuis, ce modèle a vécu dans une crise permanente » qui malmène les plus hautes autorités. La cote de popularité de Sebastian Piñera a chuté à 29 % au mois de mars, d’après une enquête réalisée par Adimark, pourtant réputée proche de la majorité présidentielle.