mercredi 11 avril 2012

RAYMOND AUBRAC, LA DISPARITION D'UN HÉROS DE LA RÉSISTANCE

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RAYMOND AUBRAC, ICI EN 2009. PHOTO JOËL SAGE
De son vrai nom Raymond Samuel, Raymond Aubrac, ingénieur des travaux publics de formation, était resté un citoyen très actif, se rendant pendant des années en compagnie de sa femme pour témoigner et raconter la Résistance dans les collèges et les lycées, dont un nombre croissant portait leur nom. Engagé à gauche, il avait été ovationné en février 2008 après un discours défendant la laïcité, lors du meeting de campagne de Bertrand Delanoë pour les municipales.

Il avait appelé à voter pour François Hollande au premier tour de la prochaine élection présidentielle. Il avait fait partie d'une association d'anciens résistants qui avaient dénoncé comme un «coup électoral» la possible visite, cette année comme tous les ans, de Nicolas Sarkozy au plateau des Glières, haut-lieu de la Résistance dans les Alpes.


RAYMOND AUBRAC, LES ANNEES DE GUERRE




FILM RÉALISÉ PAR PASCAL CONVERT EN 2010. IMAGES ET ENTRETIENS PASCAL CONVERT


Grand officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 39-45, rosette de la Résistance, Raymond Aubrac faisait des Compagnons de la Libération, dont moins d'une trentaine sont encore en vie. Il avait publié en 1996 son autobiographie, «Où la mémoire s'attarde». Né le 31 juillet 1914 à Vesoul (Haute-Saône) dans une famille juive, il était ingénieur civil des Ponts et Chaussées, licencié en droit et titulaire d'un Master of Science de l'université d'Harvard (Etats-Unis).

COMPAGNON DE ROUTE DU PCF

Dès 1940, il s'est engagé dans la Résistance avec Lucie, et est devenu attaché à l'état-major de l'Armée secrète. Arrêté le 21 juin 1943 à Caluire, emprisonné à Montluc, Raymond Aubrac et quatorze résistants sont libérés grâce à un intrépide raid de commando monté par Lucie, qui entrera dans la légende de la Résistance. Cet épisode est au centre du film de Claude Berri, «Lucie Aubrac», sorti en 1997, avec Carole Bouquet dans le rôle de l'héroïne.

Recherché par la Gestapo, le couple est parti pour Londres, puis Raymond a gagné Alger, où il est devenu délégué à l'Assemblée consultative en juin 1944. A la Libération, il est devenu commissaire régional de la République à Marseille, responsable du déminage du littoral, puis inspecteur général à la Reconstruction. En 1948, alors compagnon de route du PCF, il a renoncé à une carrière de haut fonctionnaire pour fonder le Bureau d'études et de recherches pour l'industrie moderne (BERIM), spécialisé dans le commerce avec les pays communistes, qu'il a dirigé pendant dix ans. Il est ensuite devenu directeur à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), de 1964 à 1975.