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La tour comptera 41 ascenseurs aux cabines pressurisées et plus de 5.500 places de parking. Un méga centre-commercial jouxtant le bâtiment a déjà ouvert ses portes et quatre autres immeubles, abritant hôtels de luxe et bureaux, doivent compléter le projet.
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Moderne, cet édifice de forme oblongue totalement vitré avec à son sommet un cylindre dissocié est également « assez neutre », explique l'architecte Luis Eduardo Bresacini, président du Collège des architectes du Chili.
« D'un point de vue architectural, c'est une construction intéressante. C'est un bel édifice », admet de son côté l'architecte et urbaniste Julio Hurtado, un des opposants au projet.
Selon ses promoteurs, les fondations anti-antisismiques de la tour garantissent sa pérennité, dans une zone fortement exposée aux tremblements de terre.
Au total, ce sont 700.000 m2 qui seront construits sur une surface de 47.000 m2, dans un quartier déjà très fréquenté et congestionné, ce qui a déclenché l'ire de certains urbanistes et groupes de citoyens.
« Nous parlons de 5% de la population de la ville (6 millions d'habitants, ndlr) circulant dans un petit périmètre. Le chaos que cela va générer constituera un cas d'école à la portée importante », prévient M. Hustado.
La « Tour Eiffel de Santiago »
Parmi ses créateurs, le projet est tour à tour présenté comme « le succès commercial et architectural le plus imposant de Santiago » ou un "symbole du développement" du Chili après que la crise de 2009 a paralysé les travaux pendant 10 mois.
L'homme d'affaires allemand Horst Paulman, qui dirige le groupe de distribution Cencosud à l'origine de ce projet d'un milliard de dollars,souligne que le Costanera Center sera à Santiago ce que la Tour Eiffel est à Paris: un symbole indissociable de la ville.
Mais pour ses détracteurs, ce méga-projet bordant la rivière Mapocho vient certes illustrer une conjoncture économique exceptionnelle pour le Chili, mais figure également un capitalisme triomphant au prix d'inégalités sociales parmi les plus importantes au monde.
En 2011, le Chili - dont l'économie repose pour une bonne part sur ses ressources minières - figurait en tête du classement des pays aux inégalités de revenus les plus fortes parmi les 34 membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Selon le gouvernement chilien, les 10% de la population les plus riches y gagnent 35 fois plus que les 10% plus pauvres, alors que le rapport moyen est de neuf dans l'OCDE.
« C'est un symbole du développement de la richesse, qui peut être vue mais pas partagée au Chili, ainsi que d'un pays qui se trouve aux portes du développement avec de brutales contradictions », assure à l'AFP Julio Hurtado.
« Il y a peu d'espaces dans le monde où l'élite se représente tant égocentriquement », assène-t-il encore, en écho aux frustrations des nombreux exclus du « miracle » économique chilien.
Mais la tour géante projette déjà son ombre sur le centre-ville et sa construction doit s'achever dans quelques mois, fin avril 2013.