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PABLO MONJE-REYES. PHOTO FACEBOOK |
Pablo Monje-Reyes est professeur au centre d’analyses des politiques publiques de l’Université du Chili.
La candidate Michelle Bachelet avait insisté sur l’importance du rapport de forces
au sein des parlements. Avec 47,73 % des suffrages et soixante-huit députés, selon
des résultats encore partiels, cette majorité
simple sera-t-elle suffisante pour mener à terme les réformes attendues ?
Pablo Monje-Reyes. Pour l’heure, cette majorité simple paraît suffisante. Elle le sera pour faire les transformations profondes concernant les réformes du marché du travail, ou sur le plan salarial. Ce sera plus compliqué pour changer le système électoral, si critiqué, où les trois cinquièmes du parlement doivent être requis. Finalement, le scénario parlementaire tel
qu’il se dessine est encourageant.
Si l’on prend l’exemple du changement
de la Constitution, la droite pourrait faire blocage. Mais la confrontation pourrait
ne pas être parlementaire. Une convocation
à une Assemblée constituante par la voie
d’un plébiscite est faisable.
La participation électorale est sujette à
des interprétations divergentes. A-t-elle été
à la hauteur de l’importance des élections ?
Pablo Monje-Reyes. Le pays a connu récemment un changement. Hier obligatoire, le vote est désormais volontaire. Il s’agit de la seconde élection dans ce nouveau cadre, la première
(des municipales) avait mobilisé 40 % des électeurs. Sur le fond, nous avons un problème. Les listes électorales comptabilisent les Chiliens se trouvant à l’étranger alors que le Chili
est l’un des rares pays qui refusent d’organiser un vote extérieur. Des personnes décédées
y compris pendant la dictature n’ont toujours pas été radiées. Le gouvernement estime
qu’il y a eu une participation de 54 %. Ce qui n’est pas si mauvais.
Le Parti communiste a doublé son nombre
de députés. À quoi cela tient-il ?
Pablo Monje-Reyes. Cela révèle la crédibilité
du travail des députés sortants mais également leur présence militante sur le terrain.
Les bases sociales reconnaissent ce travail
parce qu’elles se reconnaissent dans l’engagement et le discours. Parmi les nouvelles élues figurent Camila Vallejo, ex-présidente
de la Fédération des étudiants du Chili,
et Karol Cariola, de l’université de Concepción. Ce sont des dirigeantes impliquées au niveau populaire.
C’est vrai également des autres figures
du mouvement étudiant de 2011 qui
se présentaient eux en indépendants ?
Pablo Monje-Reyes. Le Chili est en train
de changer. Les mouvements sociaux sont parvenus à intervenir dans la vie politique
et à construire un mouvement tel que les gens ont pris conscience qu’il était possible de changer le cours des choses. Ils ont désormais le sentiment qu’ils peuvent être entendus. L’élection de trois autres ex-dirigeants du mouvement étudiant est étroitement
liée à la construction collective sociale et politique à l’œuvre.