lundi 18 novembre 2013

CHILI : LA SOCIALISTE MICHELLE BACHELET ARRIVE EN TÊTE DE LA PRÉSIDENTIELLE

Michelle Bachelet, 62 ans, médecin de formation et première femme élue à la tête d'un pays sud-américain en 2006, doit passer la barre des 50 % des suffrages pour atteindre son objectif, à savoir être élue dès le premier tour – ce qui ne s'est pas produit au Chili depuis 1993. Accompagnée de sa mère, Angela Jeria, et de ses trois enfants, la candidate s'est réunie avec ses plus proches conseillers et des leaders politiques de la "Nouvelle majorité", comme l'ex-président socialiste Ricardo Lagos et la maire de la capitale, dans un hôtel de Santiago pour attendre les résultats.

Un partisan de Michelle Bachelet, devant l'hôtel où la présidente chilienne candidate à sa réélection attend les résultats du vote, le 17 novembre à Santiago. 

Selon les autorités militaires chargées de la surveillance du vote, le processus électoral s'est déroulé "normalement" et sans aucun incident. Toutefois, des étudiants ont brièvement occupé le QG de la candidate socialiste pour à nouveau exiger une éducation gratuite et de qualité. "Le vainqueur de ces élections trouvera dans la rue le mouvement étudiant et les mouvements sociaux", a promis une dirigeante du mouvement, qui a organisé à partir de 2011 des manifestations parmi les plus massives depuis le retour à la démocratie, en 1990.


CLIMAT DE FERVEUR

La principale adversaire de Mme Bachelet, Evelyn Matthei, candidate de la coalition de la droite soutenant le gouvernement sortant de Sebastian Piñera, s'est déclarée "tout à fait sûre" de provoquer un second tour, après avoir déposé son bulletin de vote dans la matinée. Mais Mme Matthei, investie tardivement après une cascade de retraits de leaders conservateurs, n'était créditée avant l'élection que d'une moyenne de 14 à 21 % des voix dans un pays qui semble aspirer au changement.

L'économiste indépendant Franco Parisi, célèbre pour ses émissions de télévision pédagogiques, pourrait constituer la surprise du scrutin en s'invitant à un éventuel second tour, prévu le 15 décembre. Les sondages lui accordent de 8 à 10 % des votes.

De son côté, Michelle Bachelet baigne dans un climat de ferveur, forte d'une popularité inaltérée, notamment parmi les plus démunis, depuis la fin de son premier mandat en 2010. A l'époque, la Constitution l'avait empêchée de postuler à un second mandat consécutif.

PROMESSES DE RÉFORMES

Appuyée par une large coalition, la "Nouvelle majorité", regroupant communistes, démocrates-chrétiens et divers courants socialistes, Michelle Bachelet est consciente des attentes d'un pays différent de celui qu'elle avait quitté en 2010 pour exercer les fonctions de directrice exécutive de l'ONU Femmes. L'ex-présidente a promis de mettre en marche dans les 100 jours après son élection un ambitieux programme de réformes.

Ce programme est notamment fondé sur une révision de la Constitution de 1980 héritée de la dictature, une réforme fiscale envisageant une augmentation de l'impôt des sociétés de l'ordre de huit milliards de dollars (3 % du PIB) destinée en particulier à une refondation du système éducatif pour instaurer une éducation publique de qualité, l'amélioration du système de santé et des services publics.

Dans cette société chilienne très conservatrice, Mme Bachelet s'est en outre faite l'avocate des droits des femmes. Elle envisage de légaliser l'avortement, interdit au Chili même à des fins thérapeutiques, et d'ouvrir le débat sur l'union entre personnes du même sexe. Mais la capacité de manœuvre du nouveau gouvernement dépendra du résultat des élections législatives et sénatoriales qui renouvellent la totalité de la Chambre des députés et plus de la moitié du Sénat.