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Santiago du Chili (AFP) - Pour la première fois en Amérique latine, une élection présidentielle met en présence deux femmes au Chili, alors que d'autres dirigent des syndicats de salariés ou d'étudiants, mais les femmes chiliennes sont pourtant encore loin de l'égalité pour toutes.
Agée de 62 ans, Michelle Bachelet, ex-présidente et candidate socialiste, affrontera le 15 décembre prochain au second tour de la présidentielle l'ex-ministre du Travail et candidate de la droite au pouvoir, Evelyn Matthei.
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MICHELLE BACHELET, PRÉSIDENTE DU CHILI DU 11 MARS 2006 AU 11 MARS 2010. |
« Quelqu'un a-t-il jamais souligné qu'il y avait une compétition entre deux hommes » lors des précédentes élections ?, s'est interrogée récemment l'ex-présidente (2006-2010).
« Quand deux hommes sont candidats, évoque-t-on l'enjeu ou les circonstances ? », a-t-elle relevé.
« Mme Bachelet nous a donné un exemple tellement magnifique que maintenant n'importe quelle femme peut réussir à devenir présidente », assure à l'AFP Ines Vega, membre des « clones de Bachelet », un groupe de ferventes admiratrices de la candidate socialiste.
Pour la plupart retraitées, elles sont vêtues à l'identique de la sobre tenue habituellement adoptée par l'ancienne présidente - pantalon noir, chemise blanche et bandeau présidentiel, et la suivent dans tous les meetings.
Mais plusieurs femmes occupent des postes de responsabilité au Chili: Caroline Toha, 48 ans, est depuis un an la première femme maire de Santiago, une capitale de 6 millions d'habitants.
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CAROLINA TOHÁ, MAIRESSE DE SANTIAGO DU CHILI ( PREMIÈRE FEMME UN MAIRE DE LA COMMUNE DE SANTIAGO, 2012). |
Sept femmes viennent d'être élues au Sénat et 18 autres sont devenues députés dont Camila Vallejo, l'égérie du mouvement étudiant le plus massif de ces dernières années au Chili.
Communiste, fille de syndicalistes communistes, ex-professeur de philosophie, Barbara Figueroa, 34 ans, est quant à elle la première femme nommée à la tête de la plus puissante centrale syndicale du Chili, la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), une première en Amérique latine.
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KAROL CARIOLA DÉPUTÉE ÉLUE, BÁRBARA FIGUEROA, PRÉSIDENTE DE LA CENTRALE UNITAIRE DE TRAVAILLEURS DU CHILI (CUT), CAMILA VALLEJO, DÉPUTÉE ÉLUE |
Les présidences des deux principales fédérations d'étudiants sont désormais occupées par deux jeunes femmes, Naschla Aburman, de l'Université catholique, et Melissa Sepulveda à la tête de l'Université du Chili.
« Un mirage »
Pourtant le parcours de ces femmes de pouvoir n'est guère représentatif de la réalité de la grande majorité des Chiliennes.
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MELISSA SEPULVEDA PRÉSIDENTE DE LA FÉDÉRATION DES ETUDIANTS DE L'UNIVERSITÉ DU CHILI (FECH). PHOTO NICOLÁS CELAYA |
« Il s'agit plutôt d'un mirage », relève Carolina Carrera, présidente d'une organisation féministe.
Le taux de femmes qui travaillent au Chili est l'un des plus bas d'Amérique latine (48%) tandis que l'écart des salaires entre hommes et femmes dépasse les 30%, malgré l'existence de lois sur la parité salariale.
Le Congrès chilien ne compte que 20% de femmes parlementaires (26% en France) et les Chiliennes qui veulent entrer en politique parviennent difficilement à des postes de responsabilités.
A l'heure d'élire des candidats, les partis optent majoritairement pour des hommes « en raison d'une tradition machiste », dit Carolina Carrera à l'AFP.
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NASCHLA ABURMAN PRÉSIDENTE DE LA FÉDÉRATION DES ÉTUDIANTS DE L'UNIVERSITÉ PONTIFICALE CATHOLIQUE DU CHILI, (FEUC). PHOTO THE CLINIC |
En outre les femmes ne bénéficient d'aucune aide pour la garde de leurs enfants, faisant face souvent à de maigres salaires et de longues journées de travail.
« De toutes celles qui pour la première fois pourraient rechercher un emploi, environ 54% ne le font pas car le marché du travail est peu attractif pour les femmes salariées », indique à l'AFP Barbara Figueroa, la présidente de la CUT.
La plus grande difficulté, selon elle, « est que la garde des enfants n'est ni garantie, ni protégée », en l'absence d'un réseau de crèches et de garderies.
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CAROLINA CARRERA, PRÉSIDENTE DE L'ONG « HUMAINES » |
La base de l'électorat de la candidate socialiste, qui avait lors de son précédent mandat créé la première pension de vieillesse à l'intention des femmes, est principalement constituée de femmes d'un certain âge, pauvres et délaissées, selon plusieurs études. «Elles la voient comme comme quelqu'un capable de représenter leurs intérêts », explique à l'AFP le journaliste politique Daniel Matamala.