lundi 11 mai 2015

L’AIR DE LA HAVANE ET NOTRE DIPLOMATIE

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FRANÇOIS MITTERRAND ET FIDEL CASTRO, À LA HAVANE, LE 25 NOVEMBRE 1974. 

PHOTO KEYSTONE-FRANCE

Enfin, un président français à Cuba  ! Parce que les États-Unis imposaient un blocus – pourtant condamné par l’ONU –, les relations avec la grande île caraïbe avaient pris un cours souterrain, maigrelet, emprunté, qui ne compensait pas les ravages causés par l’embargo à la vie des Cubains et qui laissait faire les menées de la CIA contre les dirigeants castristes. Il aura fallu d’ailleurs que Barack Obama réouvre le dialogue avec Raul Castro pour que François Hollande ose le voyage de La Havane. Le geste, s’il est suivi d’actes concrets de coopération et d’amitié, est le bienvenu, même s’il témoigne d’une dépendance narcotique à la politique américaine. La diplomatie française est à ce point vassale qu’elle n’ose pas déroger au code de conduite édicté par Washington et qu’elle a pâlement imité le Département d’État en boycottant les cérémonies de célébration de la capitulation nazie à Moscou. Le peuple russe a pris comme une gifle ce qui était un alignement mécanique sur une relance de la guerre froide planifiée par la Maison-Blanche.

De Gaulle, réveille-toi, ils sont devenus fous ! Nicolas Sarkozy, puis François Hollande ont embastillé notre pays dans l’Otan et ne prennent plus de liberté que dans la surenchère. Sur la Libye, la Syrie, dans la complicité coupable avec les dictatures ou les fanatismes du Golfe, dans le soutien à un régime ukrainien qui interdit sa contestation et réhabilite les collaborateurs nazis.

En Europe, nos dirigeants trottinent derrière Angela Merkel et l’encouragent à étrangler le peuple grec, tout en tendant la nuque aux jougs de l’austérité et de la finance. Cette diplomatie soumise n’a ni grandeur ni valeur et elle ronge l’immense crédit qu’une histoire d’indépendance a forgé. Peut-on espérer que l’air de La Havane, où l’on a su résister 56 ans à un voisin super-puissant et hostile, réveillera nos gouvernants ? Il y faudra sans doute des piqûres électorales de rappel...