MINISTÈRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES DU CHILI
Depuis l’indépendance
À vrai dire, le conflit frontalier est plus ancien encore que la défaite militaire bolivienne. Car le Chili et la Bolivie - qui ont conquis leur indépendance de l’Espagne en 1818 et 1825 - n’ont hérité de l’ancienne métropole qu’une indication très vague : le désert d’Atacama était la frontière nord de la capitainerie générale du Chili, rattachée au vice-royaume du Pérou.
Quand la Bolivie est déclarée indépendante, après 16 ans de guerre, Simon Bolivar - dont le nom est donné au nouveau pays - considère le port de Cobija, sur le Pacifique, comme bolivien. Mais le Chili - qui possède 4 000 km de côte sur le Pacifique - assure qu’il n’en est rien et que sa frontière nord touche au Pérou.
En 1866, les deux capitales négocient un traité qui fixe le 24e parallèle sud comme leur frontière, au grand mécontentement de la population chilienne, qui juge qu’on a «cédé» des territoires nationaux aux Boliviens.
La violation, par la Bolivie, en 1879, des articles de l’accord portant sur les taxes ouvre la guerre entre Santiago et La Paz, cette dernière appuyée par le Pérou. Le Chili bat ses deux ennemis et annexe les 400 km de côte bolivienne (et 120 000 km2, soit un territoire grand comme près de quatre fois la Belgique). Le Pérou l’acceptera en 1883 et la Bolivie en 1904.
Remise en cause du traité
C’est ce traité de 1904 que la Bolivie veut remettre en cause et le Chili n’acceptera pas de céder une partie de son territoire, plaide aujourd’hui Santiago devant la Cour de La Haye, tandis que La Paz demande aux juges d’ordonner à Santiago de «négocier de bonne foi et de manière effective avec la Bolivie en vue de parvenir à un accord assurant à celle-ci un accès pleinement souverain à l’océan Pacifique».
Cette revendication bolivienne a été portée devant la justice internationale par le populaire président Evo Morales, socialiste d’origine indienne élu en 2005. Sous sa direction, le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud, qui a nationalisé ses ressources naturelles - dont le gaz - connaît une croissance de 5 % par an (une des plus hautes de la région), tandis que le produit intérieur brut par tête a été multiplié par trois en huit ans.
La poursuite du développement économique, explique-t-on à La Paz, réclame un accès libre à la mer.