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CHANCELLERIE BOLIVIENNE |
Selon cette étude intitulée « La Bolivie, un pays privé de littoral », l’économie bolivienne pâtit fortement de cet isolement et amputerait chaque année le produit intérieur brut (PIB) bolivien de près de 1,5 point de croissance.
Le chef de l’État bolivien, Evo Morales, a accusé, lundi 12 décembre, le Chili d’« économicide » envers la Bolivie, soit « l’équivalent d’un génocide, un crime contre l’humanité », en la privant toujours d’un accès à l’océan Pacifique.
« Je suis presque convaincu que le fait de nous priver d’un accès au Pacifique, en nous faisant payer des taxes portuaires, est une politique d’économicide de la part du Chili », a insisté le président bolivien, après avoir reçu une étude de l’ONG européenne Oxfam sur le coût pour la Bolivie de son manque d’accès à la mer.
Selon cette étude intitulée « La Bolivie, un pays privé de littoral », l’économie bolivienne pâtit fortement de cet isolement et amputerait chaque année le produit intérieur brut (PIB) bolivien de près de 1,5 point de croissance.
« La majeure partie des surcoûts que nous devons payer pour avoir accès au Pacifique sont dans les caisses des institutions publiques chiliennes », a regretté lundi le ministre des affaires étrangères bolivien, David Choquehuanca.
Des poursuites devant la CIJ
La Bolivie a perdu son accès à l’océan Pacifique suite à une guerre avec le Chili en 1879 qui eut pour enjeu le contrôle des richesses du désert d’Atacama, notamment le guano et le salpêtre. A l’issue de ce conflit armé, la Bolivie fut privée de sa souveraineté sur une bande côtière de 400 km. Depuis, elle est, avec le Paraguay, le seul Etat enclavé en Amérique du Sud.
Ce dossier empoisonne les relations entre les deux pays qui peinent à envisager un compromis. Face au statu quo, la Bolivie a entamé des poursuites en 2013, devant la Cour internationale de justice (CIJ), afin de l’obliger à négocier « de bonne foi » l’accès maritime qu’elle demande. La CIJ s’est déclarée compétente en 2015. La Bolivie a désormais jusqu’au 21 mars pour présenter son dossier, et le Chili aura jusqu’au 21 septembre pour y répondre.
Lors d’une visite dans la capitale bolivienne en juillet 2015, le pape François a abordé cette question épineuse, en invitant les deux pays à dialoguer. «Tous les thèmes, aussi épineux soient-ils, ont des solutions communes, raisonnables, équitables et durables. Et (…) ils ne doivent jamais être des motifs d’agressivité, de rancœur ou d’inimitié qui aggravent encore plus la situation et en rendent plus difficile la résolution », avait déclaré le souverain pontife. Un appel qui faisait écho à une autre médiation papale, réalisée en 1984 par Jean Paul II, pour amener le Chili et l’Argentine à signer un traité de paix et d’amitié.