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TRUMP S'EST ÉLOIGNÉ DE L'ACCORD COMMERCIAL TPP AU DÉBUT DE 2017 |
Paris | Le nouvel accord de libre-échange transpacifique (TPP), qui va être signé jeudi permet à 11 pays d’Asie et d’Amérique d’avancer sur la voie de l’intégration économique face au protectionnisme de Donald Trump, même si le nouvel ensemble se retrouve amputé de la moitié son impact potentiel.
ACCORD DE PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE [LA VOIE RAPIDE] PROTECTIONS DES TRAVAILLEURS ET DE L'ENVIRONNEMENT. « CE SOIR, LA RÉGLEMENTATION AMÉRICAINE DUREMENT GAGNÉE DORT AVEC LES POISSONS.» |
Sous la houlette du Japon, des pays comme le Canada, l’Australie ou encore le Chili ont décidé d’aller de l’avant avec ce projet, à un moment où le président américain vient d’annoncer des droits de douane pour l’acier et l’aluminium, risquant de déclencher ainsi une guerre commerciale.
Les États-Unis avaient initialement promu ce traité, signé en février 2016 sous la présidence de Barack Obama. Il aurait dû peser 40% du PIB mondial et pratiquement 25% du commerce international mais Donald Trump s’en est retiré dès son arrivée au pouvoir.
Sans les États-Unis, l’accord perd du coup plus de la moitié de son poids et ne représente plus qu’entre 15 à 18% du PIB mondial.
Les 11 pays perdent aussi la moitié de l’impact attendu sur leur croissance. « Un point de PIB au lieu des deux initialement prévus », a expliqué à l’AFP Julien Marcilly, chef économiste de l’assureur-crédit Coface.
« L’impact est certes moindre qu’attendu, mais l’accord a le mérite d’être là et d’entrer en vigueur relativement rapidement », a-t-il ajouté, convaincu que le processus de ratification sera plus court sans les États-Unis. Il rappelle le cas du traité entre la Colombie et Washington qui a mis six ans à entrer en vigueur après sa signature en 2006.
Les experts soulignent toutefois que le TPP reste pertinent. « Il s’agit tout de même d’un accord de très grande ampleur. D’autant plus que la libéralisation du commerce mondial est bloquée à l’OMC et que cela passe nécessairement par des étapes successives et régionales comme le TPP », a indiqué à l’AFP un spécialiste du commerce international, sous couvert de l’anonymat.
Un tigre sans dent ?
Ludovic Subran, chef économiste chez l’assureur-crédit Euler Hermes, est toutefois dubitatif sur les retombées économiques de ce nouveau TTP, désormais appelé CPTPP. « Même s’il est significatif, il s’agit avant tout d’un beau coup politique pour le Japon. C’est une façon pour ce pays d’asseoir un contre-pouvoir dans la zone », a-t-il assuré à l’AFP.
M. Funabashi est sur la même ligne. « Le résultat est l’émergence d’un nouvel ordre régional sans les États-Unis. Le but du Japon n’est pas de s’opposer à la Chine ou de la contenir, mais bien de remplir le vide laissé par les États-Unis dans l’économie et dans l’élaboration des normes, en partenariat avec les pays de l’Asie-Pacifique », a-t-il écrit.
Car le TPP était initialement prévu pour freiner l’influence croissante de Pékin dans le commerce mondial et il perd de son poids sans Washington, au point que le ministre des Affaires étrangères de Taiwan, Huang Kwei-Bo, avait caricaturé à l’automne l’accord, dont son pays ne fait pas partie, en le présentant comme "un tigre sans dents".
« Un engagement américain en Asie est indispensable pour trouver un équilibre avec la Chine et le TPP a désespérément besoin du marché américain pour avoir une dimension stratégique », a reconnu M. Funabashi.
La position américaine a d’ailleurs évolué au cours des dernières semaines. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a même révélé avoir rencontré certains de ses homologues pour des « discussions à haut niveau sur le TPP », laissant la porte ouverte à un retour des États-Unis.
« C’est la rhétorique de Trump », a affirmé M. Subran. « Il n’est pas contre les accords, mais il veut les renégocier pour qu’ils soient plus favorables aux Américains. Il ne comprend pas que ces négociations prennent beaucoup de temps avant d’arriver à un consensus », a-t-il expliqué.
D’autant que pour M. Marcilly, Washington est le “grand perdant” du TPP. « Les exportations des entreprises américaines pourraient être pénalisées. Elles feront face à des concurrentes de la région qui bénéficieront de conditions préférentielles », a-t-il expliqué.