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« PROCHAIN ARRÊT VÉNÉZUÉLA! » DESSIN LATUFF |
Pour asphyxier Maduro et hâter le transfert du pouvoir à Guaidó, les Américains ont mis sous séquestre les bénéfices de la compagnie pétrolière d’Etat, qui raffine une grande partie de son brut aux États-Unis.
À CARACAS. PHOTO LUIS ROBAYO. |
LE CHANTAGE AU RAFFINAGE DE WASHINGTON |
Nicolás Maduro a déclaré lundi avoir «donné des instructions au président de PDVSA pour engager des actions politiques, légales, devant les tribunaux américains et du monde». « Ils veulent nous voler Citgo, à nous les Vénézuéliens ! », s’est emporté le chef de l’Etat, alors qu’il accueillait les diplomatesde retour au pays après la rupture des relations diplomatiques entre Caracas et Washington.
Les Etats-Unis sont le partenaire pétrolier historique du Venezuela. Pour des raisons de proximité d’abord : le pétrole de l’Orénoque, le principal fleuve du pays, parvient aisément, via la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique, jusqu’aux raffineries du Texas ou de Louisiane. Et ce pétrole lourd, une sorte de goudron devant être transformé en essence ou en dérivés, doit être mélangé à un pétrole plus léger, que le Venezuela ne produit pas. Au fil du XXème siècle, le pays n’a pas cherché à développer ses propres capacités de raffinage, pour des raisons techniques donc, mais aussi parce que le secteur était aux mains de compagnies étrangères qui reversaient une partie de leurs bénéfices à l’Etat.
En 1976, le président Carlos Andrés Perez (social-démocrate) nationalise le secteur énergétique mais crée des entreprises mixtes où, là encore, les partenaires étrangers se chargent des investissements en échange d’un pourcentage des bénéfices. Ce modèle rentier, qui ne fait que prolonger la vieille exploitation par les pays colonisateurs, n’a été que tardivement remis en cause par Hugo Chávez, en 2007, après huit ans au pouvoir. Cette année-là, le militaire et chef de l’Etat expulse les multinationales (dont le français Total) en les dédommageant.
Etau
Mais les compagnies américaines restent les clients privilégiés du Venezuela, avec un président socialiste peu désireux de mettre ses décisions économiques en accord avec ses diatribes anti-impérialistes. De leur côté, les États-Unis auraient pu utiliser bien avant l’arme du pétrole pour sanctionner Caracas. Le pays n’assure que les deux tiers de ses besoins en pétrole et dérivés, et les puits de l’Orénoque fournissaient près de 9 % des importations de Washington. Aujourd’hui, la part serait tombée à 3 %, le besoin d’une source alternative est donc moins pressant. Une autre explication du revirement des États-Unis est le bras de fer de Trump avec l’organisation des pays producteurs à laquelle appartient le Venezuela.
L’étau qui se resserre autour du président socialiste, à la veille de nouvelles manifestations à l’appel de l’opposition, inquiète vivement les principaux partenaires de Maduro, la Chine et la Russie, qui craignent de ne jamais revoir les milliards de dollars prêtés au Venezuela.