jeudi 5 mai 2011

Chili: la justice autorise à nourrir de force des détenus indigènes en jeûne

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MEMBRES DES COMMUNAUTES MAPUCHE EN CONFLIT AVEC LES EXPLOITANTS FORESTIERS CONDAMNES A DES LOURDES PEINES DE PRISON. Photo Felipe Ignacio González

Les quatre hommes, qui ingèrent des tisanes, avaient été les seuls reconnus coupables, fin février, au terme d'un procès de 17 militants de cette première minorité indienne du Chili (6% de la population), pour une série d'incidents violents entre 2005 et 2009 dans le sud du pays.
La Cour d'appel de Temuco (800 km au sud de Santiago) a autorisé la gendarmerie à prendre les mesures adéquates pour hospitaliser en cas d'urgence les grévistes, afin de leur fournir une attention médicale complète. Cela vaut aussi pour leur alimentation, afin de protéger leur vie et leur intégrité physique, ajoute-t-elle dans sa résolution.
Les quatre grévistes vont bien, malgré une perte de poids de 15 à 17 kilos, a déclaré à l'AFP l'une de leurs porte-parole, Natividad Llanquileo.
Les quatre grévistes de la faim avaient notamment été condamnés pour une embuscade contre le cortège d'un procureur dans la région de Tirua, à 600 km au sud de Santiago, en octobre 2008, au cours de laquelle cinq policiers avaient été blessés par des plombs.
Ils nient avoir participé à l'attaque et réclament l'annulation de leur condamnation.
La semaine dernière, leurs représentants ont intercédé en ce sens auprès du président de la Cour suprême, tandis que le gouvernement les a appelés à cesser leur grève de la faim.
Les quatre hommes font partie de la Coordination Arauco Malleco (CAN), qui revendique des terres ancestrales saisies par l'Etat à la fin du XIXe siècle, un degré d'autonomie, et surtout de meilleures conditions pour une communauté vivant très en deçà du niveau de vie chilien.
En août, la justice avait déjà autorisé l'alimentation par la force d'une trentaine de détenus mapuches qui étaient en grève de la faim pour exiger le retrait d'une loi antiterroriste datant de la dictature (1973-90). Celle-ci permet d'allonger la détention préventive, et d'alourdir les peines prononcées.
Une vague de violences, ponctuée d'occupations de terres et de heurts avec la police, avait coûté la vie à deux militants mapuche en 2008-2009.