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ALLENDE DANS LE CONSEIL DE L'ORDRE DES MÉDECINS |
Allende, premier marxiste élu à la présidence du Chili en 1970, est mort par balle dans le palais présidentiel de la Moneda à Santiago, bombardé par l'armée de l'air, lors du coup d'Etat du général Augusto Pinochet le 11 septembre 1973. Il avait 65 ans.
L'arme et les balles ayant entraîné sa mort n'ont jamais été retrouvées et la veuve d'Allende et ses filles n'ont pas pu voir son cadavre.
Peu après son décès, une autopsie pratiquée à l'Hôpital militaire de Santiago a établi qu'il s'était suicidé en se tirant une balle sous le menton.
Un médecin présent le 11 septembre à La Moneda, Patricio Guijon, a lui aussi affirmé qu'Allende s'était donné la mort avec un fusil-mitrailleur AK-47 offert par son ami Fidel Castro, l'ancien président cubain et leader de la révolution cubaine, et orné de l'inscription «À mon compagnon d'armes».
Castro, d'autres dirigeants et journalistes étrangers ont toujours mis en doute la version du suicide, estimant que le président chilien aurait pu être abattu par un soldat putschiste.
Ces doutes ont été renforcés en 2008 par une nouvelle expertise médico-légale réalisée par le médecin Luis Ravanal, à partir de la première autopsie.
Sollicité par deux avocats doutant des conclusions du rapport de 1973, ce médecin affirme que le cadavre présente deux impacts de balle et que les blessures ne correspondent pas à un suicide.
Cela corrobore les résultats de l'enquête du journaliste et écrivain Camilo Taufic, qui a interrogé de nombreux témoins.
Selon lui, il s'est en fait agi d'un «suicide assisté»: Allende aurait raté sa tentative de suicide et l'un de ses gardes du corps lui aurait tiré le coup de grâce.
Taufic affirme aussi que les collaborateurs d'Allende et les putschistes se sont mis d'accord sur la version du suicide.
Les premiers pour «rendre plus digne» la mort du président, qui avait juré de mourir les armes à la main, et les seconds pour «ne pas apparaître comme les assassins d'Allende».
La famille du président elle-même privilégie la thèse du suicide, mais soutient l'enquête judiciaire.
«Cela nous paraît important pour le pays et pour le monde que l'on puisse établir juridiquement les causes de sa mort et les circonstances extrêmement violentes qui l'ont entourée», a déclaré la fille d'Allende, Isabel, aujourd'hui sénatrice.
L'enquête sur la mort du président chilien a été rouverte en même temps que 725 dossiers de crimes contre l'humanité commis sous la dictature (1973-1990), qui n'avaient jamais été traités faute de plaintes.
Au total, un peu plus de 700 anciens agents militaires, policiers ou civils de la dictature ont été condamnés ou sont poursuivis pour de tels crimes, mais moins de 70 sont en détention, à la faveur de remises de peine ou d'assouplissements de régime et certaines condamnations n'ont toujours pas été confirmées.
La dictature est responsable de plus de 3 100 morts ou disparus.