mardi 10 mai 2011

LE CHILI APPROUVE UN IMPORTANT PROJET DE CONSTRUCTION DE BARRAGES EN PATAGONIE

DES MANIFESTANTS OPPOSES A HIDROAYSEN, DISPERSES PAR LA POLICE. PHOTO JOURNAL LA CUARTA
 Les commissaires, qui ont tous été nommés à des postes au sein du gouvernement par le président chilien Sebastian Piñera, ont conclu une évaluation environnementale de trois ans en approuvant l'érection de cinq barrages sur les rivières Baker et Pascua à Aysen, une région éloignée du sud de la Patagonie où il pleut fréquemment et où les cours d'eau vont des glaciers andins jusqu'à l'océan Pacifique en passant par des vallées verdoyantes et des fjords.

Le vote de lundi — 11 voix favorables et une abstention — pourrait jouer un rôle crucial pour l'avenir du Chili, qui bénéficie d'une économie en plein essor, possède d'importantes réserves minières et souhaite joindre les rangs des pays industrialisés.

Avec une industrie minière qui réclame davantage d'énergie et un niveau de vie qui s'améliore, le pays devra, selon certains analystes, tripler sa production énergétique d'ici les 15 prochaines années même s'il ne dispose d'aucune réserve de gaz naturel et de pétrole.

Le Chili importe 97 pour cent de ses combustibles fossiles et dépend essentiellement de l'énergie hydraulique pour produire de l'électricité, ce qui le place dans une position vulnérable lorsque des conflits à l'étranger affectent les importations et qu'une sécheresse vide les réservoirs.

DES MANIFESTANTS OPPOSES A HIDROAYSEN, DISPERSES PAR LA POLICE. PHOTO JOURNAL LA CUARTA
Les partisans d'HidroAysen soutiennent que les avantages économiques du projet justifient la construction de routes au coeur de l'une des dernière régions sauvages du Chili et de lignes de transport d'une longueur de 1600 km qui serviront à alimenter la capitale chilienne, Santiago.

Les barrages pourraient générer un total de 2,75 gigawatts, soit un tiers de la capacité actuelle du Chili, d'ici 12 ans. D'après Daniel Fernandez, vice-président d'HidroAysen, la région d'Aysen aura droit à de l'énergie moins coûteuse, à des emplois, à des bourses d'études et à 350 millions $ en infrastructures, incluant des ports et des aéroports.

Mais les habitants d'Aysen sont divisés au sujet du projet. Seulement une trentaine de familles devront être déplacées, mais les barrages inonderont 5700 hectares de terre, nécessiteront des coupes à blanc dans les forêts et élimineront les rapides et les chutes qui attirent les touristes. Ils détruiront également l'habitat naturel du huemul, un cerf andin et l'un des symboles nationaux du Chili, qui est considéré comme une espèce menacée.

Les investisseurs ont dépensé 200 millions de dollars pour HidroAysen jusqu'à maintenant, mais le nombre de Chiliens opposés au projet a augmenté pour atteindre 61 pour cent selon le dernier sondage Ipsos Public Affairs et le gouvernement chilien craint la réaction de la population.

Lundi, plus de 1000 manifestants se sont rassemblés à l'extérieur du bâtiment où avait lieu le vote dans la ville de Coyhaique, dans la région d'Aysen, chantant des slogans et brandissant des pancartes.

Certains ont lancé des roches sur les voitures des commissaires et se sont ensuite battus avec les centaines de policiers sur place, qui ont répliqué avec des canons à eau et des grenades lacrymogènes. Plusieurs contestataires ont été blessés durant la mêlée et les commissaires sont restés à l'intérieur de la bâtisse pour des raisons de sécurité.

Dans le centre-ville de Santiago, plusieurs milliers de personnes bloquant l'une des rues principales de la capitale ont aussi eu droit aux canons à eau et aux grenades lacrymogènes.

Le ministre des Mines et de l'Énergie, Laurence Golborne, a exhorté les opposants à s'adresser plutôt aux tribunaux. Les opposants ont juré de contester la décision de la commission en cour.