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Le sénateur socialiste Fulvio Rossi a présenté mardi au Congrès un projet de loi en faveur du mariage civil entre personnes du même sexe. Le texte, qui suscite la polémique dans ce pays très conservateur et catholique, propose de modifier l’article du Code civil qui définit le mariage. Ce « contrat solennel entre une femme et un homme » se ferait désormais entre « deux personnes » et l’objectif de procréation disparaîtrait des engagements pris par les mariés.
Réactions aux propos de l’église chilienne
Le sénateur PS aurait avancé la présentation du projet de loi à la suite des propos de l’archevêque de Santiago, Francisco Errazuriz, qui, samedi, réagissant aux célébrations d’union homosexuelle en Argentine, les a qualifiées d’« aberration ». Propos inacceptables pour le Movilh, Mouvement d’intégration et de libération homosexuel, premier défenseur des droits des minorités sexuelles au Chili. Ils « démontrent clairement la permanente et systématique homophobie de la haute hiérarchie de l’Église catholique, qui violente les droits de l’homme des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels d’une façon sanguinaire et crue, indigne du christianisme qu’elle dit promouvoir », a dit son président, Rolando Jimenez.
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Jorge Arturo Medina Estévez, cardinal chilien de l'Église catholique romaine, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements entre 1998 et 2004. Le cardinal fut le responsable en 1998 de la mise à jour du nouveau Rituel de l'exorcisme, promulgué à Rome le 22 novembre 1998. Le texte original du Rituel romain, a été rédigé en 1614 sous le règne du pape Paul V. Photo Wikipedia
Le 26 juillet, le cardinal Jorge Medina, évêque émérite de Valparaiso, avait déjà provoqué la fureur en qualifiant l’homosexualité de « défaut », « comme lorsqu’il manque à une personne un œil, une jambe ou un pied ». Distinguant la « tendance » de la « pratique homosexuelle », monseigneur Medina avait conseillé aux gays et lesbiennes de suivre une thérapie pour « corriger » cette tendance, à l’instar des « alcooliques ». Choqué par les déclarations de ces figures de l’Église catholique chilienne, le sénateur Rossi, lui-même pratiquant, a appelé l’Église à être « plus accueillante ».
Porté par des parlementaires argentins précurseurs, le Chili va donc débattre de l’union de personnes du même sexe. Et considérer ainsi « les deux millions de Chiliens qui, aujourd’hui, ne bénéficient d’aucune régulation concernant leurs biens, leur héritage et leurs retraites », explique Rolando Jimenez, du Movilh. Mais le projet de loi a peu de chances de passer le cap du débat parlementaire, car la classe politique est divisée.
Si Sebastian Piñera, premier président de droite après vingt ans de gouvernements de centre gauche, a secoué sa coalition en se prononçant pour la reconnaissance des unions homosexuelles lors de la campagne, il reste opposé au « mariage ». Et son alliée, l’Union démocrate indépendante (extrême droite), refuse tout en bloc. Quant à l’opposition, coalition de centre gauche, elle est hésitante et partagée. Le Parti pour la démocratie soutient l’initiative, mais des critiques ont déjà émergé au sein même du PS, parti du sénateur Rossi. La Démocratie chrétienne, quant à elle, préfère « régulariser les unions (homosexuelles) de droit, sans que cela affecte le statut du mariage en tant qu’union entre un homme et une femme ».
Lucile Gimberg