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Des travailleurs des équipes de secours. Photo
"Nous avons pu leur dire qu'ils ne pourraient sans doute pas être remontés avant la fête nationale du 18 septembre mais que nous espérions passer Noël avec eux", a déclaré le ministre de la Santé chilien, Jaime Mañalich. Les 33 mineurs enfermés dans la mine de San José, dans le nord du Chili ne sont pas au bout de leurs peines. Et après l'euphorie des premiers contacts viendra sans doute une période d'abattement. Dans le campement Esperanza, en surface, les plus optimistes envisageaient un sauvetage pour la fin novembre. Mais en attendant, toutes les sources d'inquiétude risquant d'altérer la situation des hommes doivent être prises en compte. A 7 h 45, un tremblement de terre de 5 sur l'échelle de Richter a suscité quelques appréhensions. "Les mineurs ont l'habitude. Ils savent que la terre tremble dans cette zone. Nous vérifions que le grand bloc de 700 0000 tonnes [qui bouche la sortie de la mine] s'est consolidé, a expliqué l'ingénieur Miguel Fort, spécialiste minier chargé des travaux de sauvetage. L'effet de la secousse, au lieu de déséquilibrer la roche, l'a "resserré" et évité d'autres éboulements.
La mine - comme les alentours - se trouve dans la faille d'Atacama, toujours menaçante. Le 26 août, un réseau de sept moniteurs équipés de GPS a été installé pour pouvoir prévoir toute secousse sismique de grande ampleur. Car dans le sol sableux et rocailleux de la mine San José, l'activité sismique ne s'arrête jamais. La veille, une sonde a établi un deuxième conduit de 4 cm de diamètre qui a permis d'envoyer le soir même de l'oxygène et un appareil pour communiquer. Par le premier conduit, les secouristes avaient déjà fait parvenir aux victimes, sept "colombes", des capsules en PVC et bois qui contiennent trois compartiments transportant de la nourriture et des cartes à jouer. Dans l'idéal, il faudrait qu'une douzaine de colombes fassent l'aller-retour tous les jours jusqu'au sauvetage. Mais chacune d'entre elles met plus d'une heure à faire le trajet de la surface jusqu'au boyau où les hommes ont trouvé refuge, à 688 mètres sous terre, et où ils survivent depuis le 5 août.
"La priorité aujourd'hui c'est également d'assurer leur santé physique", rappelle Kristian Jahn, un des coordinateurs de l'opération de sauvetage.
Pour prévenir la phase de dépression et d'angoisse, le ministre de la Santé a pour sa part proposé d'envoyer des antidépresseurs afin d'aider les mineurs à tenir le coup. "L'aspect médical est vital et nécessite de mettre en place des routines. Une équipe de psychologues, un psychiatre spécialisé dans les situations de crise et des experts sont consultés en permanence pour aider les mineurs à supporter cette épreuve", ajoute-t-il. A cette équipe pluridisciplinaire est venue s'ajouter une division de l'armée, spécialisée dans les sous-marins. Une téléconférence avec des experts de la NASA a même été organisée. La préoccupation essentielle est liée au manque d'espace - le refuge fait 40 mètres carrés. Comment maintenir les ouvriers en bonne condition physique et mentale dans ces conditions ?
"L'incertitude est une source de stress très importante. Nous pouvons réduire ce stress en les maintenant informés de la situation. Par exemple, ils savent déjà que le sauvetage n'aura pas lieu avant fin novembre. Nous allons également les faire participer au processus de sauvetage et ils vont devoir effectuer de petits travaux de nettoyage", note Kristian Jahn. Autre source de stress : le temps. C'est pourquoi l'équipe de sauvetage compte transmettre aux mineurs des emplois du temps. L'objectif est de créer une routine et pouvoir ainsi récupérer un cycle plus proche du jour et de la nuit. L'obscurité permanente est également une source de stress intense. Nous allons donc leur envoyer des lampes et leur donner des horaires pour le repos et les activités physiques." Pour l'instant, il leur faut récupérer sur le plan nutritionnel. Les hommes ont faim et demandent de la bière. Mais, après tant de jours passés sans manger, ils ne peuvent absorber que de petites quantités de nourriture bien spécifique.
Depuis que le contact a été établi, ils ont reçu par le biais des fameuses colombes, des soupes nutritives, des suppléments vitaminés et de l'eau avec du glucose. Enfermés depuis vingt jours dans ce petit espace où la température est de 27 °C en moyenne et où la poussière et l'humidité atteignent des niveaux très importants, les mineurs risquent de voir leur santé des mineurs se dégrader.
L'une des premières colombes contenait ainsi des bandeaux pour les yeux contre les irritations oculaires liées à la poussière. Ceux qui souffrent de maladies chroniques ont également reçu des médicaments. La deuxième étape commencera le 28 août. Leur espace - ils disposent d'une galerie en plus du refuge - va être divisé en trois.
Le premier sera réservé à l'entraînement physique afin d'éviter l'atrophie des muscles engendrée par la vie dans un espace exigu. Ils devront également faire des exercices spécifiques pour être en forme le jour du sauvetage. Et ils feront même du yoga, explique l'une des personnes responsables de leur condition physique. Le second sera consacré aux repas qui seront frugaux pour éviter l'accumulation de matières fécales, et le dernier sera réservé aux ordures. L'essentiel est de maintenir de bonnes conditions d'hygiène afin d'éviter les infections le plus longtemps possible.