jeudi 6 août 2015

CHILI : L'ESPOIR DE L'AVORTEMENT

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UNE FEMME ENCEINTE REPOUSSÉE PAR DES HOMMES DÉGUISÉS EN ARCHEVÊQUE ET EN MINISTRE ESPAGNOL DE LA JUSTICE, À BILBAO, LE 7 MARS 2014, LORS D'UNE MANIFESTATION CONTRE LE PROJET DE LOI SUR LES RESTRICTIONS SUR L'AVORTEMENT. PHOTO VINCENT WEST
La dépénalisation de l'avortement thérapeutique est soutenu par la président Chilienne Michelle Bachelet, médecin de formation et ancienne responsable d'ONU-Femmes. "Les faits ont montré que l'interdiction totale et la criminalisation de toute forme d'interruption de grossesse n'ont pas empêché, ni n'empêchent sa pratique dans des conditions de haut risque pour la vie et la santé des femmes" explique-t-elle. Sous le régime dictatorial du général Pinochet, l'avortement a été interdit en 1989 et maintenu à la chute du pouvoir en 1990 sous la pression de l'église. Auparavant, l'interruption de grossesse avait été possible pendant 50 ans en cas de fœtus non-viables et de dangers pour la santé ou la vie de la mère.

Près de 17.000 femmes concernées

Cette première approbation du texte est nécessaire pour légiférer sur un thème de société particulièrement polémique au Chili, un des pays les plus conservateurs d'Amérique latine, où le divorce n'a été approuvé qu'en 2005 et où plus de 70% de la population se déclare catholique.

L'avortement thérapeutique nécessitera le diagnostic d'un médecin, entériné par un autre praticien. L'avis d'un seul suffira si la femme court un risque imminent. Le projet de loi reconnaît aux médecins le droit à l'objection de conscience. Au Chili, ce sont près de 17.000 femmes qui pourraient être concernées par cette mesure. Quelque 16.510 femmes sont chaque année hospitalisées pour des grossesses de moins de 22 semaines présentant un danger pour leur vie ou parce que le fœtus souffre de malformations incompatibles avec la vie.

Les dangers des méthodes artisanales et clandestines

Les pays d'Amérique Latine sont les plus stricts en matière d'avortement. Aujourd'hui encore, il est interdit dans la majorité des pays du continent, exception faite de Cuba, le Guyana, l'Uruguay, et de la ville de Mexico. Paradoxalement, ce sont dans ces régions du monde qu'il y a le plus d'interruptions de grossesses : 32 IVG pour 1.000 femmes en Amérique du Sud, contre 12 en Europe. Cet écart est du à l'accès très restreint à la contraception dans ces régions.

Face à ces interdictions, les femmes n'ont d'autres choix que de se tourner vers des méthodes d'IVG clandestines et artisanales, qui mettent leur vie en danger. Et ce sont les femmes les plus pauvres qui en pâtissent, forcées d'opérer avec les moyens du bord. Cintres, aiguilles à tricoter, chute dans les escaliers, introduction de détergent dans le vagin ou encore prise de médicaments de mauvaise qualité… Ces IVG sont extrêmement risquées. Chaque année, 50.000 femmes meurent faute d'accès à l'avortement.