Avec les Chiliens de la DC et du PPD - bien que d'autres partis puissent s'y intégrer - qui se rendent au Venezuela pour surveiller les élections, se trouveront des représentants du parti conservateur Propuesta Republicana (PRO) lié à la droite dirigée par Mauricio Macri, récemment élu président d'Argentine et d'organisations du centre et de droite d'Uruguay. Feront aussi parti de ce groupe des congressistes des partis Républicain et Démocrate des Etats-Unis et d'autres organisations de droite d'Amérique Latine.
Tous seront reçus, conseillés et protégés par la coalition de droite Table de l'Unité Démocratique (MUD). Une idée centrale est de visiter, sans autorisation ni mandat officiel, les bureaux de vote, des zones urbaines et rurales et des médias pour dénoncer une soi-disant fraude électorale, mettre en question le Conseil National Electoral (CNE) vénézuélien et continuer à critiquer le Gouvernement de Maduro. Des représentants de la DC, du PPD, de l'Union Démocrate Indépendante (UDI) et de Rénovation Nationale (RN) travailleront le 6 décembre et probablement les jours suivants avec la MUD de droite et d'autres partis conservateurs et de la droite du continent.
Le président du Sénat Patricio Walker (DC), a reconnu qu'ils ont été «invités» à superviser les élections intérieures vénézuéliennes «essentiellement par l'opposition» de droite et il a attribué un rôle aux législateurs chiliens dans le processus de ce pays: « Il est important d'y être pour que se provoquent les initiatives pour qu'il y ait des élections respectueuses et nous n'aurons pas de réclamations ensuite ».
Cette action s'ajoute à la signature de personnalités de collectivités comme la DC et d'autres partis du Brésil, de Colombie, du Costa Rica, du Pérou et des Etats Unis qui ont exigé du gouvernement vénézuélien que les élections du mois prochain soient surveillées par des représentants de l'OEA et de l'UE. La théorie est que ces organismes étrangers permettraient que «tous les Vénézuéliens aient la plus grande confiance dans l'intégrité du processus et des résultats de ces élections». Cela donnerait à l'OEA et à l'UE un pouvoir au-dessus des institutions vénézuéliennes.
À ce sujet, le sénateur du Movimiento Amplio Social (MAS), Alejandro Navarro, a dit qu'il s'agit « d'un manque de respect et d'un interventionnisme grossier » dans les affaires intérieures du Venezuela. Il a ajouté qu'« il est incohérent que des législateurs des Etats-Unis et du Chili, des pays qui n'acceptent pas d'observation de leurs propres élections exigent d'une autre nation qu'elle invite ceux qui, pour le moins, ne jouent pas un rôle impartial car ils ont démontré de façon permanente avoir pris la position de la droite internationale ».
L'ingérence de la Cour Suprême chilienne
Dans ce cadre, la Cour Suprême du Chili, dans un jugement inédit et condamné par différents secteurs politiques, universitaires et du droit, a établi que le Gouvernement chilien doit recourir à l'OEA pour que cet organisme rende visite et contrôle les conditions d'emprisonnement des dirigeants de droite Leopoldo López et Daniel Ceballos, jugés et condamnés par la Justice vénézuélienne pour instigation à la violence et pour avoir réalisé des actions de déstabilisation du Gouvernement constitutionnel.
La Troisième Chambre du plus haut tribunal chilien a émis cette résolution avec les voix des juges Pedro Pierry, Carlos Aránguiz et Manuel Valderrama, et les voix contre des juges Rosa Egnem et María Eugenia Sandoval. Les motivations qui ont amené ces magistrats à se mêler des affaires du Venezuela ne sont pas claires mais le fait qu'ils émettent leur résolution à moins d'un mois des élections législatives au Venezuela attire l'attention.
Il faut considérer le fait que la Cour Suprême a traité ce sujet suite à une démarche d'un citoyen états-unien, John Benedict, et de la citoyenne chilienne María Villegas qui ont fait cette démarche pour qu'on demande l'intervention de l'OEA, tous deux proches de la droite vénézuélienne.
Le député communiste Hugo Gutiérrez a dit p à propos de cette décision que c'est «une faute qui fait honte au Chili au niveau international» parce que cela suppose que l'Etat ferait partie d'une opération politique qui chercherait à déstabiliser le gouvernement de Nicolás Maduro.
Il s'agirait d'une véritable Opération Bâtons dans les Roues destinée à interférer dans les élections législatives du Venezuela et à porter un coup au Gouvernement constitutionnel de ce pays.
Le soutien au coup d'État contre le Gouvernement du Venezuela
Au Chli, il y a de graves précédents comme lorsque sous le Gouvernement de Ricardo Lagos, fut faite une déclaration de soutien aux forces de droite et de la sédition qui ont fait un coup d'Etat pour renverser le président de l'époque Hugo Chávez. A cette occasion, à propos de l’administration chaviste, le texte officiel du Chili signalait dans l'une de ses parties que « le gouvernement du Chili regrettait que la conduite du gouvernement vénézuélien ait amené à l'altération des institutions démocratiques avec un coût élevé en vies humaines et héroïques par la violation de la Charte Démocratique Inter-américaine à travers cette crise de gouvernement ». A cette époque, la démocrate-chrétienne Soledad Alvear avait la charge de la politique étrangère.
Quand Chávez fut rétabli par l'action des Forces Armées et que le coup d'Etat eut avorté à cause de la mobilisation du peuple vénézuélien, Lagos et Alvear firent marche arrière et attribuèrent la responsabilité de la déclaration justifiant l'émeute militaire à l'ambassadeur du Chili, Marcos Álvarez. Cependant, quelques temps après, le diplomate a expliqué que"moi, ils ne m'ont pas appelé et ne m'ont pas consulté pour cette sorte de réaction. C'est la Chancellerie qui en est exclusivement responsable...» chancellerie dont Alvear avait la charge. Il a ajouté que « moi, ils m'ont chargé de ce petit meurtre et jamais, je n'ai pu en sortir. Je l'avais surmonté mais de nouveau, cette espèce d'amertume arrive et les erreurs, ils m'en chargent, moi. »
Le Président Chávez dirait que « quand il y a eu le coup d'Etat, le gouvernement (chilien) émit un communiqué soutenant pratiquement le coup. Moi, je me suis tu. Ils ont fait sauter le chaînon le plus faible: ils ont renvoyé l'ambassadeur. Il a pris congé, je l'ai reçu et il me dit, presque en pleurant: " Je suis innocent, j'ai suivi les instructions, ils me sacrifient, moi"» .
Pendant ces derniers mois, se sont produites des situations qui ont accentué les inquiétudes à cause de l'ingérence étrangère au Venezuela. Le général John Kelly, du Commando sud des forces militaires des Etats-Unis a reconnu qu'un avion de combat de ce pays avait violé l'espace aérien vénézuélien et avait volé dans l'espace aérien du Venezuela pendant 3 minutes en violant le territoire national.
On a appris aussi, grâce à des documents fournis par Edward Snowden, l'ex agent de la Agence de Sécurité Nationale des Etats-Unis (NSA) que cette entité, avec la Centrale de Renseignement Américaine (CIA) ont espionné quelques 10 000 employés de Petróleos de Venezuela.
Plusieurs analystes et universitaires ont dénoncé le fait que dans le cadre de ces élections législatives, on doit prendre en considération des données le fait que la Fondation Nationale pour la Démocratie (FND) états-uniennes a remis entre 2014 et 2015 quelques 3 millions de dollars à des organisations de l'opposition vénézuélienne. On a aussi dénoncé ces dernières semaines le fait que l'Agence Internationale de Développement des Etats-Unis a alloué un budget aux partis de droite du Venezuela.
La Chancelière du Venezuela, Delcy Rodríguez, a demandé jeudi au secrétaire d'Etat états-unien, John Kerry, de cesser « ses tentatives d'intervention » après que le fonctionnaire ait qualifié de « problématique » la situation au Venezuela. « Secrétaire @JohnKerry arrêtez vos tentatives d'intervention dans notre pays, inadmissibles et qui violent le Droit International» a écrit la ministre des Relations Extérieures sur vía Twitter.
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