SALVADOR ALLENDE (À GAUCHE), LE PRÉSIDENT DU CHILI PARLE À ORLANDO LETELIER, AMBASSADEUR CHILIEN AUX ÉTATS-UNIS LORS D'UNE RÉUNION À QUITO EN 1971. |
Les nouveaux fichiers comprennent un rapport de l'agence du renseignement américaine (CIA) datant de 1987, certifiant que Pinochet avait orchestré lui-même l'attentat dans les rues de Washington.
"Nous voyons la preuve que le président Pinochet a personnellement ordonné à son chef du renseignement de mener à bien l'assassinat", soulignait alors la CIA dans un rapport, a souligné Peter Kornbluh, spécialiste aux Archives de la Sécurité nationale.
Les dossiers remis vendredi à Mme Bachelet sont la "dernière partie des documents liés à l'assassinat" d'Orlando Letelier, selon le département d'État. En octobre de l'an dernier, le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait déjà donné à Michelle Bachelet à Santiago un millier de documents déclassifiés relatifs à cette affaire.
Orlando Letelier était un ancien ministre des Affaires étrangères du président socialiste évincé Salvador Allende et l'un des plus farouches opposants de Pinochet. Il a été tué avec la femme d'un de ses collaborateurs américains, Ronni Moffitt, dans l'explosion de sa voiture, piégée par la police politique redoutée de Pinochet (la Dina).
L'explosion s'est produite le 21 septembre 1976 en plein coeur de Washington, dans le quartier des ambassades. Michael Moffitt, le collaborateur de M. Letelier et mari de Ronni Moffitt, également présent dans la voiture, a été grièvement blessé mais a survécu.
Cet attentat à la voiture piégée, la seule action terroriste téléguidée par un État étranger à jamais s'être produite à Washington, avait déclenché un tollé dans la capitale américaine.
Il était acquis depuis plusieurs années que la police secrète de Pinochet était derrière l'assassinat d'Orlando Letelier, mais ces nouveaux documents pointent la responsabilité personnelle de l'ancien président chilien, au pouvoir de 1974 à 1990.
L'ancien dictateur, décédé en 2006, n'a jamais été inquiété pour cet assassinat mais la Cour suprême du Chili avait condamné à 6 et 7 ans de prison en 1995 deux généraux impliqués dans cette affaire.