samedi 24 septembre 2016

EVO MORALES SONNE LA CHARGE CONTRE LE CHILI

Attachement à la «Terre-Mère»

À la tribune du Conseil des droits de l’homme, Evo Morales rappelait lui-même ses premiers pas à l’ONU, en tant que défenseur des petits cultivateurs de coca, mais aussi son attachement aux droits de la «Terre-Mère», déjà reconnus par une loi en Bolivie, et dont le président bolivien rêve qu’elle pourrait guider la conduite de la communauté internationale tout entière. «L’être humain ne peut pas exister sans la Terre-Mère, résume-t-il. Mais l’inverse n’est pas vrai.»

C’est pourtant exclusivement un assaut implacable que le leader andin est venu lancer à Genève contre son voisin chilien. La Bolivie n’a aucun accès à la mer depuis la guerre dite du Pacifique, en 1879, a rappelé le président. Or, actuellement, 80% de ses exportations et la moitié de ses importations transitent par les ports chiliens. Un trajet de 190 kilomètres qui, dans la bouche du président, se transforme en un calvaire et une humiliation quotidienne pour des milliers de Boliviens.

Traité datant de 1904

Un traité conclu en 1904 entre les deux pays oblige théoriquement le Chili à accorder à la Bolivie un accès commercial «perpétuel» aux ports situés sur le Pacifique. Or non seulement, selon le Bolivien, cet accord «imposé» à l’époque par la puissance britannique est «injuste». Il est aussi violé quotidiennement.

Sans négliger aucun détail, Evo Morales a décrit les nuits glaciales passées dans les véhicules devant les douanes chiliennes fermées. L’interdiction pour les commerçants et les familles boliviennes d’amener le moindre aliment avec eux, sous prétexte de mesures d’hygiène. La totale absence d’eau potable et de toilettes le long de la route, et les amendes infligées à ceux qui sont forcés de se soulager dans les fourrés. Les marchandises déchargées par les Chiliens, les camions fouillés, les containers vidés…

La Terre-Mère a acquis ses droits en Bolivie. Mais les Boliviens, entre la frontière et les ports d’Arica ou d’Antofagasta, n’en ont aucun, à en croire leur président.