« La main est tendue à qui veut la saisir »
Jugé affable et plus conciliant, le candidat d’Alliance Pais (AP, Patria Altiva i Soberana : Patrie altière et souveraine), l’a emporté avec 51,12 % des voix. Cet homme de 64 ans, paraplégique depuis une agression à main armée en 1998, sera le premier président équatorien à se déplacer en fauteuil roulant.
Le candidat de la droite Guillermo Lasso, 61 ans, du mouvement Créant des opportunités (Creo, « Je crée/Je crois »), a obtenu 48,88 %, selon ces résultats portant sur 96,94 % des suffrages et diffusés par le Conseil national électoral (CNE).
« Présomptions de fraude »
L’ex-banquier, qui s’était auparavant déclaré vainqueur à partir de sondages de sortie des urnes, a prévenu qu’il présenterait « le plus rapidement possible toutes les objections » contre d’éventuelles irrégularités du scrutin. Des centaines de partisans des deux bords s’étaient rassemblés près du CNE à Quito, réclamant des résultats rapides. Ils se sont dispersés au bout de quelques heures.
La victoire de Lenin Moreno, qui devrait maintenir le cap du « Socialisme du XXIe siècle » impulsé par Rafael Correa, renforce une gauche latino-américaine mise à mal après les virages à droite de l’Argentine, du Brésil et du Pérou.
Le sort de Julian Assange en jeu
Elle est aussi un soulagement pour Julian Assange, auquel Guillermo Lasso entendait, dans le mois suivant sa prise de fonction, retirer l’asile dont bénéficie le fondateur de WikiLeaks, réfugié à l’ambassade équatorienne de Londres depuis juin 2012.
« J’invite cordialement monsieur Lasso à se retirer de l’Equateur dans les 30 prochains jours (avec ou sans ses millions offshore) #AssangeSILassoNO » (#AssangeOUILassoNON), a tweeté en espagnol Julian Assange, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen pour un viol en Suède qu’il nie.
Les défis du futur président
Le futur président, dont le parti a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée aux législatives du 19 février, va se retrouver à la tête d’un pays pétrolier en crise économique et endetté, suite à la chute des cours du brut, et politiquement divisé.
L’économiste Rafael Correa a mis à profit la manne pétrolière pour moderniser l’Equateur et réduire les inégalités sociales. Mais il lui est reproché de l’avoir gaspillée et de s’être trop souvent confronté aux milieux d’affaires, aux médias et aux multinationales, outre des accusations de corruption qui ont éclaboussé son gouvernement.