mardi 8 décembre 2009

Mort de l'ex-président Frei Montalva : un juge évoque un assassinat

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L’ancien président Eduardo Frei au Téléphone. Photo Archive

« La mort de l'ancien président a été provoquée par l'introduction graduelle de substances toxiques non conventionnelles, par l'injection de produits pharmaceutiques non autorisés et par une succession d'anomalies qui ont été dissimulées et ont détérioré son système immunitaire », a déclaré le juge Alejandro Madrid.

Il s'exprimait après l'arrestation de six hommes, dont quatre médecins, impliqués selon lui dans la mort de l'ancien dirigeant démocrate-chrétien.M. Frei Montalva était décédé le 22 janvier 1982 d'une septicémie dans une clinique de Santiago, où il avait subi deux mois plus tôt une intervention considérée comme bénigne pour une hernie.

Ses proches, à commencer par son fils Eduardo Frei, lui aussi ex-chef de l'Etat (1994-2000) et candidat de la coalition de centre-gauche au pouvoir pour la présidentielle de dimanche, dénoncent depuis longtemps un meurtre commis par la Dina, la police secrète de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

L'hypothèse d'un assassinat avait refait surface il y a trois ans lorsque des traces de gaz moutarde avaient été décelées lors de l'examen de tissus prélevés sur le cadavre de Frei Montalva. Le gaz moutarde a notamment pour effet d'accélérer les processus infectieux.Trois des six prévenus sont poursuivis en tant qu'auteurs de l'assassinat : le médecin militaire qui dirigea l'opération, Patricio Silva, un ancien employé civil de l'armée, Raul Lillo, et l'ancien chauffeur et homme de confiance de la famille Frei, Luis Berrera. Ces deux derniers sont accusés d'avoir espionné l'ancien président.Un autre médecin qui a participé à l'opération, Pedro Valdivia, est inculpé de complicité d'assassinat.

Quant à Helmar Rosenberg et Sergio Gonzalez, qui ont fait la première autopsie du corps, ils sont accusés d'avoir écrit un faux rapport pour masquer l'origine criminelle de la mort de Frei, mais ils ont été libérés dans l'après-midi.

En août 2006, Augusto Larrain, le médecin qui avait opéré Frei, avait rompu 24 années de silence en affirmant publiquement qu'il y avait eu une "main noire" derrière la mort de l'ex-président. Il avait évoqué un "agent chimique extérieur" qui avait aggravé son état de santé.« L'ex-président Frei dénonçait les violations des droits de l'homme. C'est probablement ce qui a motivé cet acte criminel qui lui a coûté la vie », a déclaré la présidente du Chili Michelle Bachelet, qui a elle-même été torturée et a perdu son père, mort en prison, sous la dictature.L'opposition s'est, elle, étonnée que cette annonce soit faite à six jours du premier tour de l'élection présidentielle, pour laquelle Eduardo Frei est largement distancé dans les sondages par le candidat de droite, Sebastian Pinera.

« J'espère que le juge n'a pas pris cette décision à des fins électorales », a déclaré le secrétaire général de l'Union démocrate indépendante (UDI, opposition), Victor Perez.Le juge Madrid a rejeté ces accusations.Le régime du général Pinochet est considéré comme responsable de 3.100 morts ou disparitions.