jeudi 14 mars 2013

HABEMUS PAPAM - FRANÇOIS IER BERGOGLIO, UNE OMBRE AU TABLEAU

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COUVERTURE DU LIVRE « EL JESUITA - CONVERSACIONES CON EL CARDENAL JORGE BERGOGLIO »

Opération conclave

Alors qu’en Allemagne était révélé en 2009 le passé de Benoît XVI au sein des jeunesses hitlériennes, Bergoglio chercha à laver son image dans la perspective d’un nouveau conclave. Les chapitres les plus éloquents de son livre « El Jesuita - Conversaciones con el cardenal Jorge Bergoglio» qui brossent un portrait angélique sont contredits par les témoignages et les documents sortis du sceau du secret. Et notamment par l’action du leader des Droits de l’Homme en Argentine, Emilio Mignogne, aujourd’hui décédé, qui avait dénonçait en son temps les prélats ayant abandonné le peuple des croyants et permis la dissimulation de documents compromettants qui impliquaient leur appui sans réserve à la junte militaire argentine. Le projet du «Jésuite », comme il aime à se qualifier, était de défendre son rôle comme provincial de la Compagnie de Jésus entre 1973 et 1979, afin de contrer les accusations des prêtres Orlando Yorio et Francisco Jalics qui l’accusait de les avoir livré aux militaires. A l’époque ils furent emprisonnés sans jugement pendant 5 mois, ainsi que le groupe paroissiale qui les accompagnait et dont on ne retrouvera jamais les corps.
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COUVERTURE DU LIVRE « EL SILENCIO », DE HORACIO VERBITSKY, ÉD. SUDAMERICANA, 2005 

A l’époque Bergoglio déclarait que ces accusations visaient à discréditer sa candidature comme papabile. Dans une biographie très documentée du cardinal, avec des preuves à l’appui, Horacio Verbitsky en a établit la véracité. Sans doute, lors du Conclave de 2005 où il avait ses chances d’être élu, Bergoglio incarnait-il une ligne plus ouverte que celle de Ratzinger. Avec le Hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga et le Brésilien Hummes. En comparaison du cardinal de l’Opus dei, Mgr Juan Luis Cipriani Thorne, il est vrai qu’il n’est pas difficile d’incarner l’ouverture parmi les papabili d’Amérique. Bergoglio semblait définitivement grillé. Quant à Rodriguez Maradiaga, son soutien au putsch droitier dans son pays fait qu’il sait plus difficile de le considérer comme un papabile «de gauche », ou du moins social. Ceux ont misé aujourd’hui sur Bergoglio, présenté un peu rapidement comme un nouveau Luciani (Jean Paul Ier) parce qu’il prenait les transports en commun et vivait simplement, habillé comme un prêtre de base et non comme un prince de l’Eglise , ont oublié que cet ancien provincial des jésuites combattait la ligne d’ouverture du maître général des jésuites le Père Arrupe. Une ligne d’ouverture et de soutien aux jésuites engagés dans la résistance aux dictatures latino-américaines. Et qu’il doit sa promotion épiscopale à cinquante ans, au soutien amical du cardinal Antonio 

Quarracino, son prédécesseur à Buenos Aires. Un ultra-conservateur. Promotion inattendue comme son élection sur le trône de Pierre le 13 mars.

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COUVERTURE DU LIVRE « IGLESIA Y DICTADURA », ÉDITÉ EN 1986

Des pasteurs livrés aux loups

Cette affaire au sein de la Compagnie de Jésus témoigne de l’implication de l’Eglise d’Argentine avec le pouvoir militaire. Dans son livre « Iglesia y dictadura », édité en 1986, à l’époque où Bergoglio était encore un illustre inconnu en dehors de la sphère cléricale, Emilio Mignone décrit « la complicité sordide » de l’Eglise catholique avec la junte militaire grâce à laquelle les prélats ont laissé, avec leur bénédiction, aux militaires la « sale besogne de nettoyer la cour intérieure de l’Église ». En 1976 à l’occasion d’une rencontre qui réunissait les représentants de la Junte militaire, le président de l’époque de la Conférence Épiscopale d’Argentine et un vicaire militaire, Adolfo Servando Tortolo, il avait été décidé qu’avant d’arrêter un prêtre, les Forces Armées avertiraient l’évêque du lieu. Et Emilio Mignone d’ajouter qu’ « en maintes occasions l’armée a reçu le feu vert des évêques». Le 23 mai de 1976 une compagnie de l’Infanterie de Marine fit une descente dans le quartier de Bajo Flores ou résidait le prêtre Orlando Yorio. Il fut emmené de force et porté disparu pendant cinq mois. Une semaine auparavant l’archevêque (Juan Carlos) Aramburu lui avait retiré, sans explication ni motivations, ses obligations sacramentales. Lors de son incarcération, le Père Yorio avait appris de la bouche de ses tortionnaires qu’il avait été dénoncé par son provincial qui était à l’époque Jorge Bergoglio. Emilio Mignone conclut son livre en se demandant «ce qui retiendra l’histoire de ces bergers qui ont livré leurs brebis aux loups sans les défendre ».