lundi 30 avril 2018

L’ANCIEN DICTATEUR BOLIVIEN LUIS GARCIA MEZA EST MORT



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SON AVOCAT A AFFIRMÉ QUE LE GÉNÉRAL AVAIT ÉCRIT EN
2009 DEUX LETTRES, L'UNE À SA FAMILLE ET L'AUTRE
AU PAYS, CONFIÉES SOUS EMBARGO JUSQU'À SA
MORT À DEUX JOURNALISTES, ET  QU'IL N'AVAIT
« NI TUÉ NI VOLÉ SON PAYS ».
 ICI EN 1997.
PHOTO KEYSTONE
L’homme avait pris le pouvoir par un coup d’Etat en juillet 1980 et était resté treize mois au pouvoir. Il avait été condamné à trente ans de prison pour plusieurs assassinats.
Le Monde avec l'AFP

 LUIS GARCIA MEZA
L’ex-dictateur bolivien Luis García Meza est mort dimanche 29 avril dans un hôpital militaire de La Paz, la capitale bolivienne, à l’âge de 88 ans, a annoncé son avocat. Il purgeait une peine de trente ans de prison pour des crimes commis après son coup d’Etat militaire, en 1980.

« Le général Luis Garcia Meza est mort (…) d’un arrêt cardio-respiratoire », a déclaré aux journalistes l’avocat Frank Campero. Il s’est éteint à l’hôpital militaire Cossmil où il avait passé plus du tiers de sa peine.

Connu sous le surnom de « narcodictateur » pour ses liens notoires avec des trafiquants de drogue de Bolivie, le général avait pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat sanglant pour renverser la présidente par intérim Lidia Gueiler. Férocement anticommuniste, le dictateur était resté au pouvoir du 17 juillet 1980 au 4 août 1981, avant d’être à son tour déposé. Il avait dirigé le pays d’une main de fer, recrutant même l’ancien nazi Klaus Barbie pour mettre sur pied un groupe paramilitaire, surnommé « les fiancés de la mort », pour assassiner des opposants.

L’Association bolivienne des prisonniers et proches de disparus de la dictature (Asofamd) a déploré sur Facebook que sa mort prive le peuple bolivien de justice pour les assassinats, les tortures et les disparitions survenus durant les treize mois qu’il a passé au pouvoir. Pour l’association, « il est mort protégé par l’armée » dans l’hôpital militaire Cossmil.

Accusé du « massacre de la rue Harrington » et de l’assassinat d’un dirigeant socialiste

Son avocat a affirmé que le général avait écrit en 2009 deux lettres, l’une à sa famille et l’autre au pays, confiées sous embargo jusqu’à sa mort à deux journalistes, Carlos Mesa (un ancien président bolivien) et Mario Espinoza, et qu’il n’avait « ni tué ni volé son pays ».

Le général avait été condamné en avril 1993 à trente ans de prison, aux côtés de l’ancien ministre de l’intérieur Luis Arce Gómez, mais s’était enfui avant d’être capturé au Brésil en mars 1995 et extradé en Bolivie.

Parmi les crimes qui lui étaient reprochés figure le « massacre de la rue Harrington », le 15 janvier 1981, lors duquel 22 dirigeants du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) avaient été tués par des paramilitaires, ainsi que l’assassinat du dirigeant socialiste Marcelo Quiroga Santa Cruz.

Avec Hugo Banzer, dictateur (1971-1978) puis président (1997-2001), García Meza est considéré comme le plus sanguinaire des dictateurs militaires boliviens au XXe siècle.