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L'HUMANITÉ DES DÉBATS TABLE RONDE
Rappel des faits. Un an après la disparition d’Hugo Chavez, le Venezuela est traversé par un mouvement de profonde déstabilisation orchestré par l’opposition locale et la diplomatie des États-Unis. Un mouvement social, parti des milieux estudiantins sur la base de la dénonciation de l’insécurité a vite été relayé par un opposition battue aux élections d’avril 2013 mais impatiente d’en découdre avec Nicolas Maduro, successeur de Chavez. Depuis la mi-février, la tension monte avec, du côté de l’opposition, la volonté manifeste de discréditer les représentants constitutionnels de la république bolivarienne et d’entraîner le pays dans un mouvement d’enlisement. Une tentative pour rejouer le coup d’État de 2002 ? Ou, plus proche dans le temps, de renouveler, plus loin dans « l’arrière-cour », l’essai qui a permis l’éviction, avec la bénédiction du Pentagone, du président élu du Honduras, Manuel Zelaya, en juin 2009 ? Le fait est que, sous une double dimension – politique et économique –, les assises de la Révolution bolivarienne semblent fragilisées. LE VÉNÉZUELA DE L'APRÈS-CHAVEZ EST-IL EN CRISE?[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
ces «cacerolazos» (tradition sud-américaine consistant à signifier son mécontentement en tapant sur des casseroles) ont été convoqués par la principale figure de l'opposition, le gouverneur Henrique Capriles, battu d'à peine 1,5 point par l'actuel président Nicolas Maduro à la présidentielle d'avril 2013.
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M. Capriles a parcouru environ 500 mètres au milieu de ses partisans enthousiastes, placés sous très haute surveillance policière et militaire.
«Nous marchons contre les pénuries provoquées par ce gouvernement», a déclaré à l'AFP celui qui avait réussi a réunir plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Caracas le 22 février 2014.
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«Ils tournent le dos aux problèmes (...) Ce qui intéresse (le gouvernement) c'est la confrontation entre Vénézuéliens, et nous sommes en désaccord avec cela», a-t-il ajouté.
Le cortège, constitué de quelques milliers de personnes, prétendait atteindre le ministère de l'Alimentation, mais ses abords étaient interdits d'accès, à la demande du maire du secteur, Jorge Rodriguez, un proche du président Maduro, arguant de risques de violences.
D'autres manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes, comme Maracaibo et San Cristóbal (ouest), Valencia (nord), Isla de Margarita (nord-est) ou Puerto Ordaz (sud), mais aucune chaîne de télévision n'en a retransmis la moindre image.
«Je ne trouve ni lait, ni beurre, ni couches, ni farine, ni sucre, ni riz. Je ne peux pas sortir dans la rue à cause de l'insécurité et ma fille a peur d'aller aux toilettes parce qu'elle craint l'entrée de voleurs», a raconté à l'AFP Alexandra Fernandez, mère au foyer de 39 ans résidant dans le centre de Caracas.
Tension persistante
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Cette nouvelle mobilisation de l'opposition intervient dans un climat de tension constant depuis que des étudiants ont commencé à protester le 4 février dans l'ouest du pays contre le gouvernement Maduro, sur le thème de l'insécurité d'abord puis de l'inflation et des pénuries, ralliant à leur cause les opposants au «chavisme».
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Les mobilisations quotidiennes ont souvent dégénéré en violences dont le bilan s'établit à 20 morts, au moins 300 blessés, tandis que de nombreux abus policiers ont été dénoncés.
En face, le président Maduro - héritier politique et spirituel du charismatique Hugo Chavez, décédé il y a un an - a convoqué «une grande journée nationale avec les femmes», sur la place Bolivar, à Caracas.
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Au Venezuela, pays disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde où l'inflation dépasse les 56%, on fait le plein de sa voiture pour quelques centimes d'euros. Mais mettre la main sur du papier-toilette, de la farine, du lait ou des pièces détachées d'automobiles est une gageure en raison de pénuries récurrentes de produits d'importation, particulièrement en province.
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Autre fléau, la criminalité, avec une moyenne 65 meurtres par jour (pour 29 millions d'habitants), selon l'ONG locale Observatoire de la violence.
Sans rejeter les mobilisations de rue, qu'il appelle à «canaliser», Henrique Capriles s'est démarqué de la stratégie de la tension prônée par certains opposants radicaux, estimant que «les conditions n'étaient pas réunies» pour faire tomber le gouvernement.
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«Capriles était très réticent face à la mobilisation, parce qu'on sait comment cela commence, mais pas comment cela se termine, mais c'est la seule voie, cela s'est propagé à tout le pays et il l'a compris», a commenté à l'AFP Mercedes Pulido de Briceño, analyste politique à l'Université catholique.
Selon elle, ces «cacerolazos» pouvaient donner l'occasion aux secteurs populaires, qui jusqu'à présent «protestent silencieusement», de se joindre au mouvement et de sortir dans la rue sans craindre de représailles des «collectifs» chavistes, ces groupes de civils pro-gouvernement accusés d'attaquer des cortèges d'opposants à l'arme à feu.
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Des journalistes de l'AFP ont pu constater que des manifestants provenaient effectivement samedi de ces quartiers déshérités.
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