Du cratère culminant à 2003 mètres d'altitude et situé au bord de l'océan Pacifique à 1300 kilomètres au sud de Santiago, ont surgi jusqu'à jeudi d'immenses colonnes de fumée puis de cendres, s'élevant jusqu'à une quinzaine de kilomètres.
Mais le volcan, qui s'est réveillé après 54 ans, offrant un spectacle impressionnant de lave en éruption sur un ciel zébré d'éclairs, pourrait de nouveau entrer en action, a averti le Service national de géologie et de mines. «L'éruption en cours peut évoluer jusqu'à de nouvelles poussées éruptives d'ordre similaire à celles qui se sont produites au cours des dernières 24 heures», a-t-il mis en garde.
«Nous ne savons pas comment cela va évoluer. C'est assez imprévisible», a déclaré la présidente chilienne Michelle Bachelet, arrivée sur place jeudi après-midi.
Aucune coulée n'était cependant apparente sur les flancs du volcan jeudi.
Le ciel était couvert d'épais nuages de cendres, forçant les compagnies aériennes à annuler des vols.
Les nuages ont atteint le sud de l'Argentine, dont la ville touristique de Bariloche, située à seulement 100 kilomètres du volcan, où les autorités ont demandé aux habitants de rester chez eux en raison de la présence de cendres.
Le gouvernement chilien n'a pas fait état de victimes. Un alpiniste de 21 ans a été porté disparu dans un premier temps, mais a été retrouvé.
«Hystérie immédiate»
La première éruption mercredi a duré environ 90 minutes, provoquant un énorme champignon de cendres et marbrant le ciel de rose et de jaune alors que le soleil se couchait.
Lors de la deuxième, sept heures plus tard, le volcan a craché de la lave et des éclairs volcaniques se sont produits, un phénomène causé selon les experts par l'éjection d'importantes quantités de roches en fusion et de cendres, chargées d'électricité statique.
«L'explosion a provoqué une hystérie immédiate chez les habitants. On n'en croyait pas nos yeux», a dit à l'AFP Marcia Claro, patronne d'une cafetéria à Puerto Varas, localité touristique de 38 000 habitants sur les rives du lac Llanquihue.
Les touristes étaient pour leur part ravis du spectacle des éclairs bleu-blanc marbrant le rougeoiement de la lave.
«Moi je suis venue passer trois mois de vacances au Chili, mais je ne m'attendais pas à ça», témoignait Cody Fritz, une touriste américaine de 30 ans. «L'éruption a été incroyable (...) Mes vacances sont rentabilisées avec le spectacle du Calbuco !»
Le Calbuco avait connu sa précédente éruption en 1961.
«Il n'était pas du tout endormi ! Il était actif et vivant» avec des émissions régulières de gaz et de fumerolles, a toutefois expliqué à l'AFP Florent Brenguier, sismologue de l'Université de Grenoble (France).
«Une durée de 50 ans entre deux éruptions, c'est très court à l'échelle d'un volcan», a-t-il poursuivi: «Cette nouvelle éruption n'est pas du tout surprenante» et pourrait durer «plusieurs jours ou semaines».
Risque d'inondations
Une épaisse couche de cendres recouvre la région, provoquant l'affaissement des toits de certaines maisons.
Des engins de chantier ont été mobilisés pour déblayer les routes alors que des habitants nettoyaient à la pelle les toits de leurs habitations.
«Les cendres pourraient endommager les cultures», perturber «le travail, le tourisme et surtout la santé» de la population, avait averti la présidente qui a appelé à se protéger avec des masques que les autorités distribuaient au Chili et en Argentine.
Il y a «une probabilité d'écoulement de lave à partir du volcan, ce qui pourrait faire fondre la neige et donc faire déborder les rivières», a prévenu Michelle Bachelet.
Il s'agit de la deuxième éruption en quelques semaines au Chili, après celle en mars du volcan Villarrica (sud), qui avait entraîné l'évacuation de 3600 personnes.
Au Costa Rica, le volcan Turrialba est à nouveau entré en éruption jeudi, dégageant des colonnes de cendres qui ont entraîné la fermeture de l'aéroport international de San Jose.
Le Chili compte environ 90 volcans actifs et le Calbuco est considéré comme l'un des plus dangereux.
«Si nous n'avions pas ces volcans, nous n'aurions pas ces mines d'or et de cuivre au Chili. Il faut voir le côté positif des choses», a souligné le géologue Alfredo Lahsen de l'Université du Chili, dont le pays est l'un des premiers producteurs de cuivre au monde.