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LES DEUX PSYCHOLOGUES, JAMES MITCHELL ET BRUCE JESSEN, FURENT RECRUTÉS PAR LA CIA EN 2002 POUR CONCEVOIR ET AIDER À MENER DES INTERROGATOIRES DE SUSPECTS CAPTURÉS EN AFGHANISTAN ET AILLEURS. ILLUSTRATION PHOTO DE THE NEW YORK TIMES |
James Mitchell et Bruce Jessen avaient encouragé l’utilisation de la simulation de noyade, de la faim ou le fait d’attacher des détenus dans des positions douloureuses.
PHOTO CAROLYN KASTER |
ILLUSTRATION AMERICAN CIVIL LIBERTIES UNION |
80 millions de dollars
Les deux psychologues, James Mitchell et Bruce Jessen, furent recrutés par la CIA en 2002 pour concevoir et aider à mener des interrogatoires de suspects capturés en Afghanistan et ailleurs. Les deux hommes ont reçu un montant de 80 millions de dollars (68 millions d’euros) pour leur travail, notamment pour les interrogatoires de Khalid Cheikh Mohammed, le cerveau des attentats du 11 septembre 2001, et d’Abou Zoubaydah, un autre haut responsable d’Al-Qaida.
L’ACLU considère que MM. Jessen et Mitchell sont responsables et qu’ils ont profité financièrement de tortures illégales à l’encontre des trois plaignants : le Tanzanien Suleiman Abdullah Salim, le Libyen Mohamed Ahmed Ben Soud et l’Afghan Gul Rahman. Les deux premiers ont été libérés après plusieurs années de détention, le troisième est mort d’hypothermie dans une cellule de la CIA en novembre 2002, après ce que l’ACLU a décrit comme deux semaines de « tortures brutales ».
ILLUSTRATION AMERICAN CIVIL LIBERTIES UNION |
« La décision du tribunal signifie que pour la première fois les personnes responsables du programme brutal et illégal de torture de la CIA seront confrontées aux conséquences judiciaires de leurs actes. Nos clients attendent justice depuis longtemps. »
Le précédent du Zyklon B
Le tribunal a rejeté les arguments des psychologues selon lesquels ils n’étaient pas responsables de tous les interrogatoires de la CIA et n’avaient rien à voir avec les interrogatoires de deux des plaignants. Ils ont également affirmé ne pas être responsables de décisions spécifiques d’utiliser des « techniques d’interrogatoire renforcées » contre les plaignants, et s’être contentés de fournir à la CIA une liste de méthodes parmi lesquelles l’agence de renseignement américaine pouvait choisir.
Les deux psychologues ont appuyé leur argumentation sur le procès d’un technicien, après la seconde guerre mondiale, qui avait fourni du gaz Zyklon B pour les camps d’extermination, mais qui ne fut pas tenu pour responsable des crimes de masse nazis. Ils ont également souligné que la décision d’utiliser ces méthodes de torture avait été prise par la CIA et approuvée par le ministère de la justice et qu’ils ne pouvaient donc pas en être tenus pour responsables.
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