Le journaliste et écrivain turc Hamza Yalçin se trouve en détention en Espagne depuis le 3 août, en application d’un mandat d’arrêt international émis par la Turquie. Il est accusé d’avoir insulté Erdogan et d’être lié à un groupe d’ultragauche illégal.
LE JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN HAMZA YALÇIN PHOTO SEGRE |
Yalçin a été arrêté lors du contrôle des passeports à l’aéroport barcelonais d’El Prat, alors qu’il devait embarquer à bord d’un vol en destination de Londres, à la suite du mandat émis par l’agence Interpol. Un juge a ensuite ordonné son incarcération.
Résident en Suède depuis 1984 et naturalisé suédois, il est notamment membre de la branche suédoise de l’association d’écrivains PEN. L’ambassade de Suède à Madrid s’est mise en contact avec les autorités espagnoles pour suivre son cas.
La Turquie « a utilisé Interpol à des fins politiques »
DESSIN DE BALABAN, LUXEMBOURG.
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détenus est très inquiétant », réagit le responsable de Reporters sans frontières en Suède, Jonathan Lundqvist. La Turquie « a utilisé Interpol à des fins politiques et son objectif est d’interdire la liberté d’expression et d’éviter que Yalçin ne se déplace en Europe », dénonce pour sa part son ami et compatriote Kurdo Baksi dans des déclarations à l’agence espagnole EFE reprises par le quotidien madrilène. « Moi aussi je suis turc et suédois et je critique Erdogan. Donc, est-ce que je peux toujours voyager à Barcelone ? » interroge-t-il.
Depuis la tentative de coup d’État en juillet 2016, le régime d’Ankara a purgé l’armée et détenu plus de 50 000 militaires, juges et universitaires, rappelle El País. Depuis fin juillet sont jugés à Istanbul plusieurs journalistes et collaborateurs du quotidien Cumhuriyet.
La Turquie doit désormais formaliser sa demande d’expulsion – elle dispose d’un délai de quarante jours –, et attendre la réponse de la justice espagnole. Mais le « dernier mot reviendra au gouvernement », rappelle El País. Celui-ci “se retrouvera alors dans une situation délicate, puisqu’il devra choisir entre vexer la Turquie ou s’opposer aux organisations de défense des droits de l’homme”.