vendredi 2 février 2018

À LA CITÉ DU FUTUR, JULIAN ASSANGE PARLE ET CE N'EST PAS GAI


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PAR IRIS MAIGNAN   LE 1 FÉVRIER 2018 14H54
En direct depuis l'ambassade d'Equateur à Londres, il est intervenu sur l'écran du colloque de la Cité du futur du Cent-Quatre, à Paris. Une rareté.
JEUDI À LA CITÉ DU FUTUR DU CENT-QUATRE.
PHOTO SIBYLLE VINCENDON  1 FÉVRIER 2018
Parfois, dans un colloque, arrive un invité surprise. Au MaddyKeynote, parmi des intervenants variés venus parler de la ville du futur, voici soudain, sur écran géant, Julian Assange. Le cybermilitant nous parle en direct de l’ambassade d’Equateur en Grande-Bretagne où il vit reclus depuis cinq ans mais on ne voit de son décor qu’un fond bleu. Quand on a écrit sur Twitter qu’il allait intervenir, un « abonné » nous a répondu : « Qu’a-t-il à dire sur le sujet ??? » En vérité, rien de bien gai. Extraits.

Sur l’espionnage de nos échanges: «La majorité des interceptions auxquelles procède la NSA viennent des opérateurs comme Google ou Facebook plutôt que de leur propre surveillance. Ces géants ont fini par créer un capitalisme de la surveillance.»

Sur notre sottise: « Nous sommes passés d’une économie qui vendait des consommateurs à des annonceurs à une autre qui utilise toute l’information créée par nos téléphones, nos voitures, nos déplacements mais aussi par ce que nous avons naïvement donné. Google Street View par exemple. Tout ce que Google Street a ramassé sera utilisé pour guider les voitures autonomes et sans aucun doute, sera utilisé pour fournir des itinéraires. Sauf que c’est une information très centralisée. L’information produite par nos mobiles, par nos recherches pourra être utilisée pour cibler des groupes en particulier, même des individus, pour les manipuler.»


« Les internautes qui laissent encore les acteurs du numérique comme WhatsApp, Google ou encore Facebook n’ont aucune conscience des risques qu’ils encourent, et devraient arrêter de confier leurs informations, quelles qu’elles soient, à ce type d’acteurs, qui basent leur modèle économique sur l’extraction de leurs données. » [MADDYNESS]

Sur nos illusions: «Il apparaît que cette technologie de l’intelligence artificielle que tout le monde célèbre parce qu’elle va permettre de conduire des voitures sans conducteur est aussi celle qui permet de diriger des missiles.»

Sur notre crédulité: «L’intelligence artificielle est l’artisan des fake news. Il existe des prototypes qui peuvent, à partir d’un échantillon de voix, produire ce que vous voulez et des prototypes en vidéo qui commencent à être très efficaces aussi. Arrivés à un certain niveau, aucun cerveau humain ne saura détecter les fausses nouvelles. C’est un dilemme pour l’humanité : que faire quand on est arrivé à un certain niveau de mensonges ?»

Sur notre destin: «Ce que l’Europe doit faire ? Idéalement avoir sa propre structure mais ça ne se produira pas, à cause de la diversité des Européens et de la soumission traditionnelle aux États-Unis.»

Sur ces forts propos, Anaïs Richardin, directrice de Maddyness, l’organisateur de la rencontre, a conclu en disant: «J’espère que la journée sera un peu plus positive que cette conversation