jeudi 22 février 2018

PÉDOPHILIE, L’ENQUÊTEUR DU PAPE HOSPITALISÉ AU CHILI


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« LES LAÏCS D’OSORNO » ONT ÉTÉ REÇUS
PAR LE PRÊTRE JORDI BERTOMEU
PHOTO AGENCIA UNO
Mgr Charles Scicluna, envoyé par le pape au Chili pour y enquêter sur le cas d’un évêque accusé d’avoir couvert un prêtre pédophile, a été hospitalisé à Santiago mardi 20 février pour une opération chirurgicale.
MGR CHARLES SCICLUNA  A ÉTÉ HOSPITALISÉ
PHOTO PABLO PRADENAS
Une opération en urgence qui tombe mal. Alors qu’il venait de commencer une série d’entretiens dans le cadre de son enquête sur Mgr Juan Barros, évêque d’Osorno accusé d’avoir couvert les agissements du père Fernando Karadima, reconnu coupable d’abus sexuels par le Vatican en 2011, Mgr Charles Scicluna a été hospitalisé mardi 20 février à Santiago du Chili.

JOSÉ ANDRÉS MURILLO LORS DE SON ARRIVÉE
À LA NONCIATURE APOSTOLIQUE AU CHILI
PHOTO ATON
Il avait été envoyé par le pape pour écouter tous ceux qui auraient eu à apporter des éléments sur ce cas, et notamment les victimes. François avait décidé de le dépêcher sur place après les vives critiques reçues pour avoir pris la défense de Mgr Barros lors de son voyage au Chili, au mois de janvier. Le pape avait même dû présenter ses excuses dans l’avion qui le ramenait à Rome.

Selon l’archevêché de Malte, dont l’envoyé spécial du pape est titulaire, il devait subir une intervention à la vésicule biliaire, après s’être plaint de douleurs au cours des jours précédents.

JAMES HAMILTON ET SON AVOCAT, JUAN PABLO HERMOSILLA LORS DE LEUR ARRIVÉE À LA NONCIATURE APOSTOLIQUE AU CHILI
PHOTO ATON
De son côté, le porte-parole de la Conférence des évêques chiliens, Jaime Coiro, a indiqué que Mgr Scicluna « était stable et conscient ». Il ne devrait pas rester à l’hôpital plus de deux jours.

Toutefois, a-t-il affirmé, le pape a demandé que les entretiens avec témoins et victimes se poursuivent comme prévu de mercredi à vendredi. D’ici au rétablissement de Mgr Scicluna, ils pourraient être menés par le père Jordi Bertomeu, un Espagnol qui aidait jusque-là l’envoyé spécial en tant que traducteur, retranscrivant aussi les échanges. Mais tout dépendra du temps nécessaire au rétablissement de l’archevêque maltais.

« Main mise » de l’Église chilienne sur l’enquête ?

L’identité et le nombre de personne qui doivent livrer leur témoignage n’a pas été rendu public, pour respecter le souhait d’anonymat de certains, a assuré Jaime Coiro.

Le porte-parole, selon certains observateurs, aurait cherché, en répondant aux questions des journalistes, à « minimiser » la mission de Mgr Scicluna, en soulignant qu’il n’était pas là pour «établir la vérité ou faire justice sur tous les cas d’abus sexuels de l’Église chilienne ». De leur côté, plusieurs victimes du père Karadima craignent une « main mise » de l’Église chilienne et de la nonciature, où se déroulent les auditions, sur l’enquête de Mgr Scicluna.

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Selon l’association « Les laïcs d’Osorno », très engagée pour faire la lumière sur l’affaire Barros, le nonce apostolique à Santiago, Mgr Scapolo, aurait demandé à recevoir en amont des rencontres une copie de ce que les victimes allaient raconter à Mgr Scicluna. Informé, ce dernier a demandé que le document lui soit envoyé à lui, et que les témoins prennent soin d’en prendre un exemplaire lors des entretiens.

Les victimes, particulièrement déterminées, ont par ailleurs vivement critiqué les cardinaux Ricardo Ezzati, actuel archevêque de Santiago, et son prédécesseur Francisco Javier Errázuriz, membre du Conseil des 9 cardinaux chargés de seconder le pape dans la réforme de la curie. Ils sont accusés de « désinformation » sur les agissements du père Karadima.