mardi 2 mars 2010

L'armée tente de rétablir l'ordre après le séisme au Chili

Quarante-huit heures après le tremblement de terre de magnitude 8,8, le dernier bilan officiel fait état de 711 morts et risque de s'alourdir.

La deuxième plus grande ville du Chili avait des airs de champ de bataille par endroits, les pillages et vols s'étendant dans l'agglomération.

Des véhicules blindés de l'armée ont patrouillé dans les rues quelques heures après qu'un supermarché eut été dévalisé. Le magasin a ensuite pris feu.

Les pilleurs ont aussi attaqué une caserne de pompiers pour y trouver de l'eau et de l'essence, les biens de première nécessité étant encore manquants deux jours après la catastrophe.

"Les pilleurs sont plus organisés", a dit le maire de Concepcion, Jacqueline Van Rysselberghe qui a demandé des renforts armés au gouvernement central.

La présidente du Chili, Michelle Bachelet, a déployé 10.000 soldats et imposé un couvre-feu dans la région de Maule, la plus touchée, en attendant l'arrivée de l'aide médicale et alimentaire d'urgence.

De nombreuses personnes sont toujours portées disparues dans des localités du centre du Chili, la région la plus durement touchée du pays, qui est toujours en grande partie isolée avec des routes impraticables et des lignes téléphoniques coupées. Des coupures de courant ralentissent les opérations de secours.

Le long de la côte pacifique, les ports de pêche ont été touchés par des vagues déferlantes qui ont détruit maisons et voitures. Dans la seule ville de Constitucion, environ 350 personnes ont été tuées et un gymnase a été transformé en morgue.

"Le tsunami a presque tout rasé en bord de mer et le centre de la ville est complètement détruit. Ça veut dire qu'on est sans nouvelles de nombreuses personnes", a déclaré à la télévision le maire de la ville, Hugo Tilleria.

IMPACT ÉCONOMIQUE

Des équipes de secours ont rapporté avoir entendu lundi des signes de vie dans les décombres d'un immeuble de Concepcion et tentaient d'atteindre les survivants. Une soixantaine de personnes pourraient avoir été tuées lors de l'effondrement de l'immeuble de 14 étages.

La télévision a diffusé des images de petites villes côtières du centre du pays montrant des maisons rasées et des voitures éparpillées, tels des jouets, sur un sol jonché de boue et de morceaux de bois.

"Plus de 75% du village est détruit", a raconté David Merino, un responsable de la localité de Dichato. "Après le séisme, il y a eu trois vagues. Les deux premières étaient énormes et n'ont pas fait beaucoup de dégâts, mais la dernière a presque rayé le village de la carte", a-t-il ajouté.

La présidente du Chili, Michelle Bachelet, a qualifié le séisme de "catastrophe colossale". Le coût des dégâts causés par le séisme pourrait atteindre 30 milliards de dollars, l'équivalent de 15% du produit intérieur brut (PIB) du Chili, selon Eqecat, une société d'évaluation des risques.

Le tremblement de terre, l'un des plus puissants observés depuis un siècle, a détruit ou endommagé 1,5 million de maisons, des routes et des ponts routiers, portant un rude coup aux infrastructures du pays, premier producteur mondial de cuivre.

Les cours mondiaux du cuivre ont progressé de plus de 5% pour atteindre leur plus haut niveau depuis cinq semaines, en raison d'inquiétudes concernant d'éventuelles interruptions de la production. Mais ils sont en partie retombés par la suite.

Les grandes mines et les principaux ports du pays ont repris progressivement leurs activités dimanche malgré un approvisionnement réduit en électricité. Deux raffineries de pétrole restaient fermées.

Cette situation chaotique constituera un premier défi à relever pour le président élu Sebastian Pinera, qui doit prendre ses fonctions dans deux semaines.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a prévu de rencontrer Pinera et Bachelet mardi à Santiago lors d'une visite éclair, a annoncé le département d'Etat.

Avec Simon Gardner et Alonso Soto à Santiago, Clément Dossin et Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser