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Celulosa Arauco la plus grande Usine "intelligente" de pulpe à papier du monde à Nueva Aldea, Chili. Photo Courtoisie de Emerson Process Management.
Une hausse de 53 % depuis son effondrement à 577 dollars la tonne (de très bonne pâte de résineux blanchi du Nord), il y a un an : un beau retour en grâce ! L'index finlandais FOEX a touché 883,80 dollars, jeudi 18 mars, en route vers les 900 dollars. On murmure que tel ou tel grand producteur demande d'ores et déjà 930 dollars à ses acheteurs, bien au-dessus du record de 906 dollars battu en mai 2008, avant que la grande récession n'étrangle la demande.
3 000 DOCKERS EN GRÈVE
Car les hommes et la nature se sont ligués pour raréfier l'offre de pâte à papier depuis trois semaines. Le 27 février, le tremblement de terre de magnitude 8,8 et les vagues des tsunamis qui ont endeuillé le Chili ont arrêté net la production du pays qui représente environ 7 % de l'offre mondiale. Ni Arauco ni CMPC ne savent quand ils pourront remettre en route leurs usines. L'océan a endommagé celle de Constitucion située sur le littoral Pacifique ; le gaz et l'électricité sont toujours défaillants ; les ports sont paralysés. Aux antipodes de Santiago, la capitale du Chili, ce sont les 3 000 dockers finlandais qui ont raréfié la pâte, car ils se croisaient les bras depuis le 4 mars pour défendre leurs indemnités de licenciement et s'opposer à la sous-traitance. Vendredi 19 mars, le syndicat AKT et l'Association des opérateurs des ports finlandais ont accepté les propositions du médiateur nommé pour rapprocher leurs points de vue. Toutefois, sans attendre le dénouement du conflit, le papetier UPM-Kymmene avait mis au chômage technique quelques centaines de ses salariés, ses stocks étant pleins à ras bord. Reprise des exportations, mardi 23 mars au plus tard. "Mais la tendance haussière ne date pas de février, complète Paul-Antoine Lacour, délégué général de la Fédération française des producteurs de pâte de cellulose. Du côté de la demande, la Chine qui est largement importatrice a repris ses achats plus vite que prévu. Côté offre, les producteurs ont arrêté des usines au plus fort de la crise, soit à titre temporaire pendant plusieurs semaines, soit à titre définitif."
La reprise est donc bien là, comme le prouve l'ascension ininterrompue des prix de la pâte depuis onze mois. "Elle est franche, mais en partie en trompe l'oeil, précise Paul-Antoine Lacour. Par exemple, en France, la production de papier s'est accrue de 5 % par rapport à janvier 2009, mais il faut se souvenir qu'elle avait baissé de 12 % au cours de l'année 2009. Il s'agit donc d'un rattrapage partiel."
UPM a profité de ce rapport de forces favorable pour annoncer une hausse de 15 % du prix de sa feuille A4 au second trimestre.
Alain Faujas