dimanche 25 mai 2008

Douze pays sud-américains lancent l'Unasur



UNASUR Une réunion Extrarodinaria de Chefs d'État et de Gouvernement
Photos José Manuel de la Maza

Les chefs d'État ou leurs représentants ont signé en fin de matinée dans la capitale brésilienne le traité constitutif de cet organisme de coopération régionale, qui sera doté notamment d'un parlement dont le siège sera situé à Cochabamba, en Bolivie.

L'Unasur, formée par l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l'Equateur, la Guyane, le Paraguay, le Pérou, le Suriname, l'Uruguay et le Venezuela, constitue un ensemble de 388 millions d'habitants.

Ce forum, qui se réunira une fois par an au niveau des chefs d'État et prendra ses décisions par consensus, voit le jour au moment où plusieurs des dirigeants qui assistent vendredi au sommet sont à couteaux tirés.

Le président colombien Alvaro Uribe a ainsi annoncé qu'il renonçait à la présidence de l'Unasur qu'il devait assumer à Brasilia, en arguant que «cela n'était pas prudent» pour le moment «étant donné les difficultés avec les présidents du Venezuela (Hugo Chavez) et de l'Equateur (Rafael Correa)».

C'est la chilienne Michelle Bachelet qui devra assumer la présidence.

«L'Unasur devra surmonter les différences idéologiques entre les gouvernements», a affirmé l'ex-président équatorien Rodrigo Borja qui a lui aussi annoncé qu'il refusait d'en être le secrétaire général.

D'autres divergences plus ou moins profondes règnent dans la région: l'Argentine et l'Uruguay s'opposent au sujet de l'installation d'une fabrique de papier en bordure du fleuve qui sépare les deux pays; le Chili et la Bolivie n'ont toujours pas rétabli leurs relations diplomatiques, rompues en 1978. La vieille demande de la Bolivie au Chili d'un accès au Pacifique reste lettre morte.

Conscient de ces divisions, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a appelé à l'unité des pays de la région. «Nous, gouvernants de la région savons que les contentieux actuels sont passagers» et que «tous ensemble, notre souveraineté est plus forte», a dit Lula lors de l'ouverture du sommet.

Au cours de ce sommet, le Brésil tentera également de rallier des soutiens à son projet de «Conseil de Défense sud-américain» dont l'objectif est d'élaborer des politiques communes de défense, quitte à le faire sans la Colombie, très réticente.

Le Brésil, premier intéressé à une plus grande intégration régionale face aux grandes puissances, espère que le forum permettra de rapprocher l'Equateur, la Colombie et le Venezuela, a déclaré le conseiller spécial du président brésilien Lula en questions internationales, Marco Aurelio Garcia.

En pleine envolée des prix du pétrole, les dirigeants sud-américains devaient aussi discuter des moyens de renforcer l'intégration régionale en matière d'énergie, ainsi que de politique sociale et d'éducation.