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Les corps de quarante-deux des victimes n'ayant pas été retrouvés, les détenus pourraient être inculpés d'"enlèvements permanents". Cette figure juridique, revendiquée par le juge Juan Guzman, rendu célèbre pour avoir inculpé à plusieurs reprises M. Pinochet, permet une interprétation inédite de la loi d'amnistie imposée en 1978 par l'ancien dictateur pour protéger les crimes commis par les forces armées. Le magistrat, aujourd'hui à la retraite, a démontré que les disparus ne pouvaient pas être déclarés morts tant que leurs cadavres n'avaient pas été retrouvés. L'accusation ne porte donc pas sur des homicides mais sur des enlèvements qui constituent des délits.
"Ces arrestations sont le résultat de trente-trois ans d'enquête", a précisé le juge Montiglio. Parmi les tortionnaires, militaires et civils, figure l'ancien chef de la Dina, le général Manuel Contreras. "C'est un pas extraordinairement positif en faveur de la justice", estime la porte-parole de l'association des familles de détenus disparus, Mireya Garcia.
Cette opération judiciaire est la plus importante dans le cadre des violations des droits de l'homme commises pendant la dictature de Pinochet, qui a fait plus de 3 000 morts et disparus. La présidente socialiste Michelle Bachelet avait elle-même été arrêtée et torturée. Des centaines de tortionnaires ont déjà été condamnés. En revanche, le général Pinochet est mort, le 10 décembre 2006, sans avoir été jugé pour les crimes et les délits de corruption dont il était accusé. Christine Legrand