vendredi 24 juillet 2009

La Bolivie pourrait retrouver un accès à la mer

Sur le papier, le projet fait rêver. Trois architectes chiliens proposent de construire un tunnel de 150 km afin de relier la Bolivie à la mer. « Les poètes disent qu'il faudrait construire un pont entre la Bolivie et le Pacifique qui évite le Chili. Nous essayons de voir si cette idée peut se concrétiser », explique Humberto Eliash, l'un des architectes.

L'ouvrage pharaonique passerait sous la frontière Chili-Pérou et déboucherait sur une île artificielle sur l'océan Pacifique, construite en remblais, et attribuée à la Bolivie. Le tunnel renfermerait une voie ferrée et un gazoduc pour faciliter les exportations de gaz, principale richesse bolivienne.

Privée de côte en 1883

Après sa défaite contre le Chili lors de la guerre du Pacifique (1879-1883), la Bolivie a cédé 400 kilomètres de littoral. Le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud n'a jamais digéré cette perte. « Un pays sans port perd chaque année entre 0,6 % et 1 % de son produit intérieur brut », estiment certains économistes.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le président bolivien, Evo Morales, a promis de récupérer le précieux accès à la mer. Il en a même fait un « droit inaliénable et imprescriptible » dans la nouvelle Constitution bolivienne, votée en janvier. Si le Chili et Bolivie ont suspendu leurs relations diplomatiques en 1978, la présidente chilienne, Michelle Bachelet, et Evo Morales s'entendent bien. Ils ont fixé un agenda bilatéral sans esquiver la question du littoral.

Face aux avancées chiliennes, l'Uruguay a proposé, début juillet, une solution plus facile à mettre en oeuvre. Son président, Tabaré Vazquez, se dit prêt à offrir aux Boliviens deux ports sur l'océan Atlantique, dont un dans la capitale Montevideo. La Bolivie pourrait ainsi stocker ses marchandises et disposer d'une plateforme d'exportation avec des droits de douanes réduits.

Les cargaisons partiraient de l'est bolivien grâce la voie de 3 500 kilomètres formée par les fleuves Paraguay et Paraná. « L'Uruguay offre plus d'avantages que le Chili », a reconnu La Paz, qui cherche notamment un débouché pour le gisement de fer de Mutun, l'un des plus grands au monde.

Olivier UBERTALLI.