Le président brésilien Emilio Garrastazu Médici chez Nixon le 7 décembre 1971. Photo Byron Suchmaker.
Des documents publiés dimanche par le groupe indépendant National Security Archive, basé à Washington, montrent que Richard Nixon avait demandé au président brésilien d'alors, Emilio Garrastazu Medici, lors d'une rencontre à la Maison Blanche en décembre 1971, s'il pensait que les militaires chiliens étaient capables de renverser le gouvernement d'inspiration marxiste de Salvador Allende.
Medici a alors répondu qu'il pensait qu'ils en étaient capables, "et a clairement fait comprendre que le Brésil travaillait en ce sens", selon un mémorandum qui était resté jusqu'ici top secret.
Nixon a alors donné sa bénédiction à une déstabilisation du Chili venant du Brésil, expliquant que Washington ne pourrait travailler qu'en coulisses à la chute d'Allende.
"Le président (Nixon) a dit qu'il était très important que le Brésil et les Etats-Unis coopèrent étroitement sur la question" et a demandé au président Medici de lui faire savoir s'il avait besoin d'aide. "Si de l'argent ou une autre assistance discrète était nécessaire, nous pouvions la pourvoir", poursuit le document.
Nixon souhaitait "empêcher l'émergence de nouveaux Allende ou de nouveaux Castro", explique encore le texte en référence à Fidel Castro, à la tête du régime marxiste qui avait renversé une décennie auparavant le pouvoir capitaliste allié des Etats-Unis en place à Cuba.
Salvador Allende a été renversé par le général chilien Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, près de deux ans après la rencontre Nixon-Medici. Le régime dictatorial de Pinochet, qui s'est maintenu jusqu'en 1990, a conduit à une féroce répression des libertés civiles et des droits de l'homme au Chili, marquée par la disparition de quelque 3.000 personnes.