Selon l'experte, la hausse des victimes s’explique notamment par l’intensité grandissante des conflits. «C’est bien sûr lié essentiellement au conflit de l’année dernière et pour certains encore en cours, que ça soit en Syrie, au Yémen notamment. Et c’est de façon générale la violence de certains conflits qui explique aussi la hausse des victimes. On voit bien qu’en Syrie par exemple, on est dans un contexte de guerre totale où les civils sont en première ligne et les premières victimes des combats. Mais également dans des contextes comme le Yémen ou l’Ukraine, il y a énormément de civils qui sont exposés aux dangers posés par les mines et les restes d’explosifs de guerre. »
Manque de financements
Marion Libertucci estime qu’il est urgent de déployer plus de moyens pour faire face à ce problème. « On constate une baisse des financements pour répondre aux besoins des victimes de mines pour le déminage, etc. On est dans une situation effectivement assez critique concernant la protection des civils des accidents par mines. » L’experte d’Handicap International « appelle vraiment la communauté internationale à se ressaisir. »
« On a l’impression que pour certains pays, le problème des mines antipersonnel, c’est un peu du passé alors que malheureusement, c’est totalement d’actualité. En Syrie, au Yémen, les besoins vont être énormes en termes de dépollution, des villes entières sont minées, sont piégées. Et si on veut protéger les civils, si on veut leur permettre de revenir chez eux, il va falloir mettre énormément de moyens. Et aujourd’hui malheureusement, on ne voit pas que la communauté internationale est prête à mettre l’argent nécessaire sur la table. »
Utilisation en zones urbaines
L’experte de l’ONG Handicap International note qu’il y a une hausse de la fabrication de mines par des groupes armés. « Ça ne coûte pas cher, c’est facile à utiliser etc. Et ça a des effets particulièrement dramatiques sur les populations. Et également on constate, dans le cas notamment de la Syrie, du Yémen ou de l’Irak, que les mines ou les restes explosifs de guerre, qui sont dangereux à long terme, sont souvent utilisés dans les zones urbaines. Donc ça créé beaucoup de victimes civiles. Ça fait longtemps malheureusement que les groupes armés utilisent des mines ou fabriquent des mines artisanales. Mais c’est vrai que nous, on a constaté une hausse d’au moins 20% de victimes dues à ces mines artisanales. Donc il y a malheureusement une évolution négative. »