vendredi 7 juillet 2017

CUBA, LA MUSIQUE ET LE MONDE #1 : SUR LA MER DES ANTILLES


[ Pour écouter, cliquer sur la flèche ]
FRANCE CULTURE, « CARREFOUR DES AMÉRIQUES»
ÉMISSION DU LUNDI 4 JUILLET 2016 - 
CUBA, LA MUSIQUE ET LE MONDE #1 : SUR LA MER DES ANTILLES 
PAR MARCEL QUILLÉVÉRÉ
DURÉE : 00:58:23 


    Premier épisode de nos voyages d’été. La Mer des Antilles nous conduit à Cuba, carrefour flamboyant de musiques, et où le vieux et le nouveau continent se sont toujours rencontrés.
    ENTRÉE DANS LA BAIE DE SANTIAGO", DE FRÉDÉRIC MIALHE
    (ALBUM PINTORESCO DE LA ISLA DE CUBA) LA HAVANE 1855 
    Cuba qui est aujourd’hui à un tournant de son histoire. Cuba qui veut redécouvrir cette histoire, grâce notamment à de jeunes et courageux historiens et écrivains qui tentent aujourd’hui, contre censures et interdits, de récupérer cette mémoire. A nous aussi de faire cette recherches à travers ces chroniques musicales. Nous débarquons d’abord à Santiago de Cuba pour rencontrer le père de la musique cubaine, Estéban Salas (1725-1803), avant de rejoindre La Havane à la découverte de ses théâtres, sa littérature et sa vie musicale au XIXème siècle.


    «  Programmation musicale :


    Anonyme mexicain du XVIIIe siècle, Balajú jarocho
    Hesperion XXI
    Jordi Savall, direction
    CD Alia Vox

    Erick de Armas, Gente de otro mar
    Erick de Armas, voix et guitare
    CD bonsai BON120504
    “Vida Moderna”

    Esteban Salas, Toquen presto a fuego
    Ensemble Ars Longa de La Havane
    CD K617129

    Esteban Salas, Salve Regina en re menor
    Coro Exaudi
    María Felicia Pérez, dir.

    Pablo Esteve, Ya Sale mi guitarra (1766)
    Seguidillas allegretto
    Ensemble Elyma
    Dir Gabriel Garrido
    CD K617151

    Manuel Garcia, El Riqui Ruqui
    Ernesto Palacio, ténor
    Juan José Chuquisengo, Piano
    CD Almaviva
    DS 0114

    Blas de Laserna, Tonadilla : ya que mi mala fortuna -Seguidillas finales
    Cecilia Lavilla Berganza, soprano
    Salvador Parrón, ténor
    Ensemble Elyma
    Dir Gabriel Garrido
    CD K617151

    Fernando Sor, El jaleo de Jérez
    Toke Lund Christiansen, flute
    Ingolf Olsen, guitar
    CD Danacord
    DACOCD 424

    Casimir Gide, La Cachucha
    Royal Opera House Orchestra
    Dir David Galforth
    BBC TV (1987)

    Anonyme, Tonada Española (Punto)
    Solistes de la Parranda Espirituana
    CD OCORA
    OCRA C 560208/09

    Traditionnel anonyme, Zapate
    Enregistré en 1985 à Colón
    CD Ethnic B6758

    Melchor de Torres y Portugal, Un Juguecito de Fuego
    Montserrat Figueras
    Hespérion XXI
    Jordi Savall, dir
    CD Alia Vox
    AV 9834

    Anonyme, Pregón
    Chanteur du Conjunto Folklórico de Cuba
    LP 33t Pregón, Chanteur du Conjunto Folklórico de Cuba (Face B)

    Manuel Saumell, La Suavecita
    Ensemble Axivil
    CD RTVE Música 64073 - Axivil Criollo

    Manuel Saumell
    Ayes del Alma
    La Virtuosa
    La territorial
    Olga Valiente, piano
    CD Le Piano aux Amériques (Ministère de la Culture France)

    Manuel Saumell, La Niña Bonita
    Nohema Fernández, piano
    CD Protone Records

    Manuel Saumell, 
    La Quejosita
    La Tedezco
    Olga Valiente, piano
    CD Le Piano aux Amériques (Ministère de la Culture France)

    Manuel Saumell, La Josefina
    Ensemble Axivil
    CD RTVE Música
    64073
    Axivil Criollo
    MANUEL SAUMELL / ALEJO CARPENTIER / BANDURRIA
    / FANNY EISLER DANSANT LA CACHUCHA
    / TEATRO PRINCIPAL



    « Glossaire :

    Zapateo & Balajú 
    Danse populaire, née surtout dans la région de Vera Cruz sur la Mer caraïbe. Elle fait partie de cet ensemble de danses basées sur le zapateado venu d’Espagne et scandée par un martèlement des pieds. Chaque pays d’Amérique Latine a son zapateado ou zapateo.
    Le plus célèbre étant la bamba mexicaine et le zapateo cubano dont le balajú est très proche.

    Villancico
    Un chant espagnol très ancien (villancico vient de villano, comme le terme français vilain, c’est-à-dire homme de la campagne) qui était, au départ, un chant pastoral qui se chantait donc beaucoup à l’époque de Noël, autour de la crèche, mais qui n’était pas forcément religieux.

    Tonadilla escénica

    La tonadilla scénique, apparue vers 1750 en Espagne, était au départ une sorte d’intermède musical et dansé que l’on jouait entre les actes de pièces de théâtres sérieuses (« comedias »). La tonadilla mettait en scène les gens du peuple et elle devient peu à peu autonome à la fin du XVIIIème siècle. La tonadilla est en quelque sorte l’ancêtre de la zarzuela apparue vers 1850. A Cuba la tonadilla a joué un rôle important en se « cubanisant » et en mettant en scène les personnages de la rue havanaise, donnant ainsi naissance au théâtre bouffe cubain.

    Punto Cubano
    Fait partie des premiers genres musicaux populaires spécifiquement cubains. Musique créole à l’origine et chantée sur des poèmes en dizains (« décimas ») accompagnée au départ de harpe ou guitare en cordes pincées (« en punto »). Le mot fait aussi référence à la position des doigts « en punto » sur le manche (Source : N Galán Cuba y sus Sones )

    Jaleo
    Sorte de boléro espagnol né à Cadix durant les guerres napoléoniennes et qui s’est ensuite incorporé au flamenco.

    Cachucha (Danse espagnole proche du Boléro)

    Bandurria
    Instrument à cordes pincée formant partie du groupe des luths espagnols. Et qu’on joue à l’aide d’un plectre.
    Proche de la mandore française.

    « Littérature :

    Anselmo Suárez (1818-1878)
    Dont le roman le plus connu est « Francisco » (ca 1838) premier roman aux Amériques anti-esclavagiste 14 ans avant « la Case de l’Oncle Tom ».

    Cirilo Villaverde (1912-1894)
    Dont le roman foisonnant Cecilia Valdés sera à l’origine de la plus célèbre zarzuela cubaine créée en 1932

    Gertrudis Gómez de Avellaneda (1814-1873)

    Femme de lettres cubaines qu’on pourrait comparer à George Sand en France. Grande féministe avant la lettre. Son roman Sab est un chef d’œuvre du « romantisme » cubain et un livre très engagé contre l’esclavagisme.

    La comtesse de Merlin (María de Mercedes Santa Cruz y Montalvo) (1789 La Havane – 1852 Paris)
    Femme de lettres cubaine. Partie pour Madrid en 1802 elle épouse le général français Christophe-Antoine Merlin en 1911 et s’installe rue de Bondy à Paris où elle tient un salon très réputé et où elle lie amitié avec George Sand, Chateaubriand, Mérimée, Balzac. Elle y reçoit Rossini, La Malibran, Donizetti.

    Nicolás Guillén (1902-1989)

    Poète cubain, « mulâtre » comme il le soulignait, dont les poésies afro-cubaines ont fait très vite la popularité des années 1930 jusque dans les années 60.

    Alejo Carpentier (1904-1980)
    Ecrivain cubain qui a passé la majeure partie hors de Cuba (en particulier à Paris où son accent français en espagnol s’était encore accentué). Sa biographie est un véritable dédale que les historiens tentent aujourd’hui de clarifier. Quand je l’ai rencontré dans les années 70, il m’avait avoué être un musicien frustré. Et aujourd’hui ses chroniques musicales sont un témoignage essentiel. Il faut préciser cependant que sans la collaboration du jeune compositeur Natalio Galán, son livre « La Musique à Cuba » publié en 1946 au Mexique n’aurait probablement jamais vu le jour. (Mais le nom de Galán n’apparaît nulle part !)
    M Quillévéré (sources : N Galán, G Cabrera Infante)

    « Musiciens :

    Estéban Salas (1725-1803)
    Grâce à Carpentier et Galán ce compositeur a été redécouvert dans les années 1940 à Cuba grâce aux archives de la cathédrale de Santiago de Cuba. Il n’existe aucun portrait de lui hélas

    Erick de Armas
    écrivain et médecin cubain né en 1965 à La Havane qui a toujours été musicien (jazz, trova) et est même devenu danseur, en exil, à Barcelone où il continue à exercer la médecine depuis 2006.

    Manuel Saumell (1817-1870)

    Compositeur cubain appelé par Carpentier le père de la Contradabza cubaine et par là de la habanera qui en est issue et même qualifié par lui de « Schubert cubain »..

    « Théâtres :

    Teatro principal
    Au nord de la Alamadea de Paula. Ici avant la rénovation de 1840 (il pouvait contenir 1830 spectateurs environ). Le cyclone de 1844 l’a fortement endommagé. Il a été détruit en 1846.

    Teatro Tacón
    TEATRO TACON, DESSIN DE MIALHE
    VERS 1860-1870 I, "ALBUM PINTORESCO
    DE LA ISLA DE CUBA", LA HAVANE, CA 1855
    Construit en 1838 au coin du Paseo du Prado et de la Rue San Rafael. IL pouvait contenir jusqu’à 2000 spectateurs (et a même accueilli plus d’une fois 3000 spectateurs !).
    L’un des plus grands théâtres des Amériques à l’époque, on le comparait au Théâtre du Liceo ou au Real de Madrid. Acheté en 1910 par le Centre Galicien qui le détruisit en grande partie en y édifiant le Teatro Nacional.




    Teatro National © Marcel Quillévéré