lundi 25 décembre 2017

APRÈS AVOIR SAUVÉ SON POSTE, LE PRÉSIDENT PÉRUVIEN GRACIE SON PRÉDÉCESSEUR ALBERTO FUJIMORI

UN HOMME ARBORANT LE SLOGAN « LIBERTÉ POUR FUJIMORI », 
DEVANT LA CLINIQUE DE LIMA OÙ L’ANCIEN DIRIGEANT, 
CONDAMNÉ POUR CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ, 
A ÉTÉ HOSPITALISÉ. LE 24 DÉCEMBRE. 
PHOTO GUADALUPE PARDO 
Quelques jours après avoir évité une motion de destitution, le président péruvien a accordé un grâce à son prédécesseur Alberto Fujimori. Les partisans de ce dernier avait soutenu in-extremis l'actuel chef de l'État lors d'un vote crucial au Congrès. Président de 1990 à 2000, âgé de 79 ans, il purgeait depuis 2007 une peine de 25 ans de prison pour corruption et crimes contre l’humanité.
Condamné et emprisonné pour corruption et pour des massacres commis dans la lutte contre l'insurrection maoïste, l'ancien président péruvien Alberto Fujimori a été gracié dimanche par l'actuel chef d'Etat, Pablo Kuczynski, qui a invoqué des raisons de santé.
Dans un communiqué diffusé tard dimanche soir, les services de la présidence expliquent qu'un examen médical a montré qu'Alberto Fujimori, qui est âgé de 79 ans, souffrait d'une maladie dégénérative et incurable.

L'annonce de la grâce présidentielle intervient quelques jours après l'intervention de partisans de Fujimori au Congrès pour empêcher qu'une motion de destitution ne soit votée contre l'actuel président.

Selon l'opposition, Kuczynski aurait évité la destitution en promettant à un groupe de parlementaires du parti Force populaire qu'il libérerait Fujimori en échange de leur soutien, ce qu'a réfuté le gouvernement.

Condamné à 25 ans de prison pour corruption et crimes contre les droits de l'homme, Alberto Fujimori, au pouvoir entre 1990 et 2000, est une figure controversée de l'histoire récente du Pérou. Certains le considèrent comme un dirigeant corrompu ayant mis sur pied des escadrons de la mort; d'autres le créditent d'avoir rétabli la stabilité économique et mis fin à l'insurrection sanglante des maoïstes du Sentier lumineux.

L'annonce de sa libération a provoqué des incidents dans les rues de Lima et des policiers en tenue anti-émeutes ont été déployés autour de la résidence de Kuczynski, dans le quartier financier de San Isidro.

Sur un plan politique, au moins deux ministres du gouvernement, opposés à sa grâce, ont informé Kuczynski de leur intention de démissionner, a-t-on appris de source gouvernementale. Le président péruvien a également enregistré la défection de deux députés de son parti, Péruviens pour le changement (PPK).

Lors de sa campagne électorale victorieuse du printemps 2016 face à Keiko Fujimori, la fille de l'ancien président, Kuczynski avait promis de ne pas lui accorder sa grâce.

« Afin de sauver sa peau, il a passé un accord avec les partisans de Fujimori pour gracier tristement un tueur corrompu », a réagi l'opposante Veronika Mendoza, dirigeante du Frente Amplio de gauche arrivée troisième du premier tour de l'élection présidentielle.

Le gouvernement Kuczynski dément avoir noué un accord de ce type avec Force populaire, dont dix élus emmenés par Kenji Fujimori, frère et rival de Keiko, se sont abstenus lors du vote de destitution visant l'actuel président. Au final, il a manqué huit voix à la motion présentée au Congrès pour contraindre le chef de l'État à la démission.

« Vous avez notre reconnaissance éternelle », a tweeté Kenji Fujimori à l'adresse de Kuczynski, précisant qu'il s'exprimait au nom de toute la famille de l'ex-président.