Le second tour de la présidentielle au Chili se tient dimanche. Elle verra s'affronter un milliardaire et un journaliste.
PHOTOMONTAGE DE L'AFFAIRE DE FRAUDE À LA BANQUE DE TALCA PAR SEBASTIAN PIÑERA |
La fortune de Sebastian Piñera, estimée à 2,7 milliards de dollars par Forbes, a toujours fait grincer des dents: « Il ne peut pas se consacrer à gagner de l'argent et en plus gouverner le pays. C'est l'un ou l'autre », critique Alejandro Guillier. Il semble pourtant qu'il n'a jamais su choisir entre la politique et les affaires. Patron pilotant son propre hélicoptère, ancien propriétaire d'une chaîne de télévision et d'un club de football, M. Piñera était devenu en 2010 le premier président de droite du Chili depuis le retour à la démocratie après la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).
À mi-chemin entre l'homme politique et la célébrité, il se considérait alors parfois comme une sorte de PDG de « l'entreprise" Chili. Bronzé, souriant, élégant, il avait mis du temps, une fois élu président, à renoncer comme il le devait à ses actions dans la télévision, la compagnie aérienne nationale et le club de football Colo Colo. Après une première défaite contre Michelle Bachelet en 2005, quatre ans plus tard l'homme d'affaires, devenu entre-temps député puis sénateur, avait mis fin à des décennies d'hégémonie du centre gauche au pouvoir en se présentant comme leader d'une droite rénovée, débarrassée de l'héritage Pinochet. Mais ses promesses de gouverner différemment se sont vite évanouies, quand il a réalisé que diriger un pays, ce n'est pas comme gérer une entreprise.
Profil atypique
LES CANDIDATS AU SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE, SEBASTIÁN PIÑERA ET ALEJANDRO GUILLIER PHOTOMONTAGE EL LIBERO |
LES DEUX CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE CHILIENNE. PHOTO IVAN ALVARADO |
opposant, qui assure qu'il ne dort que cinq heures par nuit, Alejandro Guillier confesse allègrement qu'il aime profiter de la sieste, des bons repas et de longues conversations au calme. Beaucoup l'accusent de manquer d'enthousiasme dans cette campagne. « Les gens se trompent, ils sont habitués aux hyperactifs », s'est-il récemment défendu lors d'une interview, rappelant qu'il est « le seul candidat qui a parcouru l'ensemble du Chili » pour défendre son programme.
Même s'il a été adoubé par la présidente sortante Michelle Bachelet, il se présente comme « indépendant » et n'a pu compter que sur des fonds privés pour rassembler à travers le pays quelque 30.000 signatures nécessaires à sa candidature. « Je dois parvenir à un équilibre très difficile entre une façon très transparente et horizontale de gouverner et la tradition politique", expliquait-il dans une rencontre avec la presse étrangère, vantant son « style citoyen » pour devenir « le président des gens »