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RAMON LLANQUILEO, L'UN DES LEADERS DE LA COORDINATION ARAUCO MALLECO (CAM), ORGANISATION PRO-MAPUCHE, À TEMUCO AU CHILI, LE 9 NOVEMBRE 2017 PHOTO MARTIN BERNETTI |
Deux décennies de lutte lui auront été nécessaires avant de pouvoir bâtir sa maison sur un terrain repris à une entreprise forestière au sud du Chili: Ramon Llanquileo se bat pour la restitution des terres ancestrales au peuple Mapuche.
Sur ces champs «récupérés», cet homme de 34 ans ans, un des leaders de la Coordination Arauco Malleco (CAM), organisation pro-Mapuche, sa femme et leurs deux enfants cultivent pommes de terre, maïs et haricots, élèvent des poules et des cochons, comme le faisaient leurs aïeux.
Ces indigènes, représentant près de 7% de la population chilienne, connaissent des niveaux de pauvreté supérieurs à la moyenne.
Il y a six mois, avec du bois issu des forêts détenues jusqu’à très récemment par la puissante société forestière Mininco, Ramon a construit une maisonnette sur des terrains désormais gérés par la CAM, à 600 km au sud de Santiago. Contactée, l’entreprise n’a pas répondu aux demandes de l’AFP.
«Notre présence ici vise à faire reculer peu à peu les entreprises forestières» installées en territoire Mapuche, explique à l’AFP Llanquileo, qui a perdu un oeil dans un affrontement avec la police.
Depuis le petit sentier tortueux qui mène chez cette famille, on aperçoit la cordillère Nahuelbuta parsemée d’espaces déboisés, résultat d’années d’exploitation.
À l’arrivée des conquistadors espagnols au Chili, en 1541, les Mapuches étaient établis sur un territoire qui s’étendait de la rivière Biobio, au centre de ce pays longiligne, à quelque 500 kilomètres au sud.
Cette frontière naturelle a continué d’exister durant la conquête, jusqu’à ce que la zone soit occupée durant une vingtaine d’années par l’armée chilienne à compter de 1961 afin de «pacifier» ce territoire.
Au fil des procès et des décisions de justice, ces indigènes ont été réduits à vivre sur près de 5% de leurs anciennes terres.
Regroupés en petites communautés, sans espace suffisant pour cultiver le sol ou élever des animaux, nombre d’entre eux se sont vus obligés à renoncer à leur mode de vie traditionnel et à migrer vers les villes.
- Lutte ou terrorisme? -
Pour l’organisation pro-indigène CAM, les exemples d’autosuffisance, comme celui de la famille Llanquileo, sont une grande réussite dans son combat pour reconstruire la nation Mapuche dans les régions chiliennes de La Araucania, Biobio et Los Rios.
La CAM et ses quelque 150 membres dénoncent la répression des forces de l’ordre en application d’une «loi antiterroriste» datant de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) et qui a valu au Chili d’être condamné par la justice internationale.
Llanquileo et Hector Llaitul, leader historique de cette organisation, ont purgé six ans de prison pour l’agression d’un procureur et un vol de bois, deux affaires pour lesquelles ils clament leur innocence.
Pour les entreprises de la zone, ces deux hommes dirigent une organisation qui sème la terreur en s’en prenant aux intérêts de l’industrie forestière et aux camions qui transportent le bois, conduisant au déploiement de 3.000 policiers.
Mais tous les Mapuches n’ont pas choisi d’occuper des terres. Certaines communautés, qualifiées d'«institutionnelles», ont préféré négocier avec l’État.
La communauté de Temulemu, par exemple, a signé en 2011 aux côtés de deux autres groupes d’indigènes un accord pour reprendre 2.500 hectares à l’entreprise Mininco, mettant fin à 15 ans d’affrontements marqués par une violente évacuation en 1998 et la détention durant cinq ans pour «terrorisme» du «lonko» ou leader de la communauté, Pascual Pichun.
«Cela nous a changé la vie. Nous n’avons plus tellement besoin d’aller acheter des aliments en ville; ici même, nous produisons à nouveau, ce qui améliore la santé de nos habitants», explique le nouveau responsable communautaire Juan Pichun à l’AFP.
Le gouvernement de Michelle Bachelet souligne qu’il aura restitué à la fin de son mandat, en mars 2018, près de 66.000 hectares de terres aux indigènes.
Mais certains Mapuches, peu enclins à négocier, n’attendent pas grand chose de la visite en janvier dans la région du pape François ni du prochain président qui sera élu dimanche lors du second tour opposant le socialiste Alejandro Guillier au conservateur Sebastian Piñera.
«Ici, les transformations concrètes nous allons les obtenir nous-mêmes avec nos propres efforts», résume Llanquileo.
AFP
Ces indigènes, représentant près de 7% de la population chilienne, connaissent des niveaux de pauvreté supérieurs à la moyenne.
Il y a six mois, avec du bois issu des forêts détenues jusqu’à très récemment par la puissante société forestière Mininco, Ramon a construit une maisonnette sur des terrains désormais gérés par la CAM, à 600 km au sud de Santiago. Contactée, l’entreprise n’a pas répondu aux demandes de l’AFP.
«Notre présence ici vise à faire reculer peu à peu les entreprises forestières» installées en territoire Mapuche, explique à l’AFP Llanquileo, qui a perdu un oeil dans un affrontement avec la police.
Depuis le petit sentier tortueux qui mène chez cette famille, on aperçoit la cordillère Nahuelbuta parsemée d’espaces déboisés, résultat d’années d’exploitation.
À l’arrivée des conquistadors espagnols au Chili, en 1541, les Mapuches étaient établis sur un territoire qui s’étendait de la rivière Biobio, au centre de ce pays longiligne, à quelque 500 kilomètres au sud.
Cette frontière naturelle a continué d’exister durant la conquête, jusqu’à ce que la zone soit occupée durant une vingtaine d’années par l’armée chilienne à compter de 1961 afin de «pacifier» ce territoire.
Au fil des procès et des décisions de justice, ces indigènes ont été réduits à vivre sur près de 5% de leurs anciennes terres.
Regroupés en petites communautés, sans espace suffisant pour cultiver le sol ou élever des animaux, nombre d’entre eux se sont vus obligés à renoncer à leur mode de vie traditionnel et à migrer vers les villes.
- Lutte ou terrorisme? -
Pour l’organisation pro-indigène CAM, les exemples d’autosuffisance, comme celui de la famille Llanquileo, sont une grande réussite dans son combat pour reconstruire la nation Mapuche dans les régions chiliennes de La Araucania, Biobio et Los Rios.
La CAM et ses quelque 150 membres dénoncent la répression des forces de l’ordre en application d’une «loi antiterroriste» datant de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) et qui a valu au Chili d’être condamné par la justice internationale.
Llanquileo et Hector Llaitul, leader historique de cette organisation, ont purgé six ans de prison pour l’agression d’un procureur et un vol de bois, deux affaires pour lesquelles ils clament leur innocence.
Pour les entreprises de la zone, ces deux hommes dirigent une organisation qui sème la terreur en s’en prenant aux intérêts de l’industrie forestière et aux camions qui transportent le bois, conduisant au déploiement de 3.000 policiers.
Mais tous les Mapuches n’ont pas choisi d’occuper des terres. Certaines communautés, qualifiées d'«institutionnelles», ont préféré négocier avec l’État.
La communauté de Temulemu, par exemple, a signé en 2011 aux côtés de deux autres groupes d’indigènes un accord pour reprendre 2.500 hectares à l’entreprise Mininco, mettant fin à 15 ans d’affrontements marqués par une violente évacuation en 1998 et la détention durant cinq ans pour «terrorisme» du «lonko» ou leader de la communauté, Pascual Pichun.
«Cela nous a changé la vie. Nous n’avons plus tellement besoin d’aller acheter des aliments en ville; ici même, nous produisons à nouveau, ce qui améliore la santé de nos habitants», explique le nouveau responsable communautaire Juan Pichun à l’AFP.
Le gouvernement de Michelle Bachelet souligne qu’il aura restitué à la fin de son mandat, en mars 2018, près de 66.000 hectares de terres aux indigènes.
Mais certains Mapuches, peu enclins à négocier, n’attendent pas grand chose de la visite en janvier dans la région du pape François ni du prochain président qui sera élu dimanche lors du second tour opposant le socialiste Alejandro Guillier au conservateur Sebastian Piñera.
«Ici, les transformations concrètes nous allons les obtenir nous-mêmes avec nos propres efforts», résume Llanquileo.
AFP