samedi 31 janvier 2009

Vive polémique autour de la fertilisation des océans

Le bateau Polarstern, de l'Institut de recherche polaire allemand Alfred Wegener (AWI), a quitté le Cap le 7 janvier 2009 -avec 48 scientifiques à bord dont trente de nationalité indienne. Il est parti repérer les zones où seront déversées six tonnes de sulfate de fer devant favoriser le développement du phytoplancton sur une surface de 300 km² de l'océan austral, entre la Patagonie argentine et l''Antarctique.

Des sociétés privées projettent d'accroître la capture de CO2, via cette stimultaion de la chaîne alimentaire océanique, pour commercialiser ainsi les crédits carbone. Le ministère de l'Environnement a demandé à celui de la Recherche « d'arrêter immédiatement » ce projet germano-indien baptisé Lohafex.

Yves Collos, chercheur au CNRS-Université Montpellier II-Ifremer

« On distingue le mécanisme appelé 'pompe physique' dû aux différences de températures entre zones de fond et de surface et celui appelé 'pompe biologique', entraîné par l'activité de photosynthèse des micro-algues

19/01/2009 par Dominique Raizon

Selon le ministère de l'Environnement, l'expérience est « en contradiction avec le moratoire contre la fertilisation artificielle des océans décidé lors de la Conférence de l'Onu sur la biodiversité en mai à Bonn, avec le soutien prononcé du ministre de l'Environnement Sigmar Gabriel ».

Yves Collos

« Les Nations unies ont décidé un principe de précaution. Il est important de comprendre la notion de limitation en sels nutritifs dans les océans. »

19/01/2009 par Dominique Raizon

© AWI

© AWI

L'Institut Alfred Wegener (AWI) invoque pour sa part une clause de la convention stipulant que le moratoire ne concerne pas « des recherches scientifiques à petite échelle ». L'Institut Alfred Wagener assure que la mission scientifique n'a rien à voir avec ces projets commerciaux de commercialisation des crédits carbone (*).

« Nous partons du principe que l'AWI et l'Indian Science Council ont vérifié que l'opération ne présentait aucun risque ». Par ailleurs, a affirmé le secrétaire d'Etat au ministère de la Recherche Frieder Meyer-Krahmer : « l'AWI s'est mis d'accord en amont avec le ministère de l'Environnement ».

Le rôle clé des micro-algues dans le niveau mondial de carbone

Ces microalgues marines jouent un rôle clé dans le niveau mondial de carbone car elles absorbent le dioxyde de carbone situé dans l'eau et l'atmosphère autour d'elles, selon l'Institut. Après une courte vie, les restes de ces organismes viennent se déposer sur le plancher océanique sous forme de sédiment et les partisans du projet soutiennent que Lohafex devrait « permettre d'une part de contribuer à une meilleure compréhension du rôle des océans dans le cycle mondial du carbone et, d'autre part, de mesurer l'effet potentiel de ces algues sur la teneur en dioxyde de carbone de l'atmosphère », souligne l'AWI.

Yves Collos

« Je ne pense pas que des algues toxiques puissent se développer avec le sulfate de fer alors que cela représentait un risque en ayant recours à l'urée

19/01/2009 par Dominique Raizon

Mieux comprendre le rôle des océans dans le cycle du CO2

Le ministère de l'Environnement estime que « La démarche enterre la crédibilité de l'Allemagne et son rôle de fer de lance dans la protection de la diversité biologique », a déclaré Sigmar Gabriel à sa collègue de la Recherche Annette Schavan, selon le quotidien régional Märkische Allgemeine.

Pour d'autres raisons qu'environnementales, la communauté scientifique, à l'instar d'Yves Collos, peut émettre des réserves ... La mise en circulation du Polarstern coûte quelque 25 000 euros par jour. Compte-tenu de cette contrainte financière, l'expérience n'a jamais été conduite longtemps ni suivie dans le temps . Aussi, s'interroge le scientifique, spécialiste de la production primaire aquatique, « est-il bien raisonnable de mettre en place un tel programme sans être certain de pouvoir atteindre l'objectif et de piéger le CO2 ».

Le Polarstern doit rejoindre Punta Arenas, au sud du Chili, en mars.

(*) La fertilisation des océans a été interdite à une telle échelle par la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CBD) et la convention de Londres sur l'organisation maritime internationale, un traité qui légifère sur le rejet en mer des déchets.

Sergio Markarián Photo AFP
Sergio Margarian, 64 ans, qui a entraîné l’équipe nationale du Paraguay, Panathinaikos (Grèce) et Cruz Azul (Mexique), a déclaré que son but est de faire de son équipe le champion du pays.

CHILI • Un volcan un peu trop gênant

Ce dernier est entré en éruption en mai 2008 pour la première fois depuis des millénaires et plusieurs milliers de personnes avaient alors dû être évacuées. Le nuage de débris avait atteint une altitude de 32 km et s'était maintenu plusieurs semaines, recouvrant alors de cendres Chaitén et plusieurs villes d'Argentine.

"Nous n'allons pas investir des ressources publiques dans une ville qui ne se trouve pas au bon endroit", a déclaré, le 29 janvier, Edmundo Pérez Yoma, ministre de l'Intérieur dans La Nación. "La localisation définitive de la nouvelle ville sera annoncée compte tenu des rapports que doivent réaliser deux universités. Un projet de loi sera déposé au mois de mars au Congrès afin de procéder aux expropriations", ajoute le quotidien chilien.

vendredi 30 janvier 2009

Double perpetuité pour l'ex-chef de la police secrète de Pinochet

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Le général Manuel Contreras et le brigadier Pedro Espinoza

Le condamné était jugé, en deuxième instance devant la cour d’appel de Santiago, pour les meurtres de l’ex-commandant en chef de l’Armée chilienne Carlos Prats et de son épouse. Contreras, ex-chef de la Direction de renseignement national (DINA), qui opéra lors des premières années de dictature de Pinochet, et emprisonné depuis janvier 2005, avait déjà été condamné à l’emprisonnement à perpétuité dans le cadre de cette affaire en première instance.

Voiture du Général Carlos Prats

Il a en outre été condamné à 20 ans de prison en tant que chef de l’association de malafaiteurs commanditée pour commettre ce double homicide en posant la bombe qui fit sauter la voiture du couple le 30 septembre 1974, à Buenos Aires. Huit autres militaires et civils chiliens ont été condamnés à des peines allant de 20 à 541 jours de prison, pour complicité et association de malfaiteurs.

Contreras, qui fut un temps le bras droit de Pinochet, a accumulé plus de 200 ans de prison au total, dans le cadre de plusieurs procès pour des violations de droits de l’Homme commises sous la dictature, qui a fait plus de 3.000 morts et disparus.

vendredi 23 janvier 2009

Les entreprises chinoises de plus en plus performantes à l'étranger : l'exemple du Chili

Les deux hommes estiment notamment que la qualité des produits chinois s'est élevée en permanence, de même que leur compétitivité. Mais, nuancent-ils cependant, il faut encore, pour les entreprises chinoises, accumuler des expériences dans leur développement à l'étranger afin d'augmenter leurs capacités d'adaptation.

Andrés Rebolledo Smitmans, le chef du service économie bilatérale au ministère chilien des Affaires étrangères, a ainsi assuré qu'au Chili, ceux qui préfèrent les produits chinois étaient de plus en plus nombreux. Il espère ainsi voir davantage d'entreprises chinoises investir au Chili. On l'écoute :

« Le Chili ne compte que 16 millions d'habitants, son marché n'est donc pas grand. Pourtant, ses partenaires commerciaux viennent du monde entier et le pays a signé 19 accords commerciaux avec, au total, 55 pays. Les produits chinois peuvent être acheminés vers le marché latino-américain, voire d'autres marchés, en passant par le Chili. »

En comparaison avec l'envergure de son commerce extérieur, les investissements chinois à l'étranger s'avèrent encore relativement faibles. La Chine est le deuxième partenaire commercial du Chili, mais les investissements chinois au Chili sont encore faibles, en comparaison avec ceux de certains pays développés.

Pour Andrés Rebolledo Smitmans, le Chili, qui regorge de ressources naturelles, est un pays stable politiquement et au système législatif bien établi. Les entreprises chinoises, assure-t-il, bénéficient ainsi d'un important espace de développement pour investir dans le pays.

« Je voudrais insister sur un point : le Chili a conclu un accord de libre-échange avec tous les pays latino-américains. Il a maintenu de bonnes relations commerciales avec les pays membres du Marché commun de l'Amérique du sud ?le Mercosur-, avec les pays de la cordillère des Andes, avec les pays européens et avec les Etats-Unis. Le Chili applique un bas niveau de taxes. Les entreprises chinoises peuvent investir au Chili. »

Et des entreprises chinoises ont déjà investi dans le pays. Certaines ont créé des bureaux de représentation dans divers domaines comme l'exploitation minière, la mécanique, la fabrication de vêtements ou encore les services informatiques. Elles ont également établi de bonnes relations avec les entreprises, le gouvernement et le personnel locaux. Et si Andrés Rebolledo Smitmans encourage les entreprises chinoises à investir au Chili, c'est aussi parce que les entreprises chinoises implantées au Chili ont un bon comportement.

L'entreprise Zhongxing, spécialisée dans les communications, a commencé ses activités en 2004. Au bout de quatre ans, les produits et les services de l'entreprise ont commencé à gagner la confiance des consommateurs chiliens. Comme le rappelle le chef du bureau de représentation de l'entreprise, Zheng Lipo :

«L'entreprise Zhongxing a beaucoup d'employés. Tout le monde travaille avec acharnement. Nous sommes plus avantageux par rapport à certaines entreprises occidentales dans la création de nouveaux produits et dans l'élévation de la qualité des produits. Si nous faisons la même chose en même temps qu'eux, on pense qu'on peut encore faire mieux qu'eux.»

Pour Liu Yuqin, l'ambassadrice de Chine au Chili, avec le développement de l'économie chinoise et l'élargissement des contacts économiques internationaux, les demandes chinoises pour investir à l'étranger se sont accrues.

En revanche, dans leurs investissements à l'étranger, les entreprises chinoises ont rencontré de nombreux problèmes. A la barrière de la langue s'est ajoutée celle de la culture et de l'inégalité de traitement en matière législative. C'est pourquoi l'ambassadrice a appelé les entreprises chinoises à augmenter leurs capacités d'adaptation lorsqu'elles essayent de s'implanter à l'étranger. Liu Yuqin, l'ambassadrice de Chine au Chili :

«Ça ne fait pas longtemps que les entreprises chinoises ont commencé à investir à l'étranger. Dans le passé, elles étaient habituées à contacter les services gouvernementaux pour obtenir des projets. Le Chili est un pays dont la législation est relativement importante et où l'adjudication des travaux est transparente.»

L'ambassadrice a également souligné que le Chili est le premier pays d'Amérique du Sud à avoir signé un accord de libre-échange avec la Chine. Une fois que le nouvel accord relatif au commerce de marchandises et au commerce de services sera signé et appliqué, les investissements des entreprises chinoises au Chili, sera, assure Liu Yuqin, facilité.

Le cuivre s'effondre, les mines du Chili licencient 12.000 personnes

Source Photo
Des pneus, de 3,80 mètres de diamètre
La chute des prix internationaux du cuivre est une catastrophe économique et sociale pour le Chili, premier producteur mondial de métal rouge.

12.000 personnes se trouvent aujourd'hui sans travail, a annoncé jeudi la Société nationale des mines (Sonami) en précisant que le chômage touchait particulièrement les moyennes et petites mines dont 31% ont cessé leurs activités.

Ces mineurs, connus sous le nom de "mineurs hirondelles", travaillent dans de petites exploitations de 10 à 50 personnes qui ont commencé à fonctionner en 2003, lorsque le prix du cuivre a augmenté.
Les cours ont chuté des deux tiers en quelques semaines

Avec un coût de production estimé à 2,2 dollars par livre, ces entreprises n'ont pu continuer quand le prix du métal rouge est tombé en quelques semaines de 4,03 dollars la livre à environ 1,4 dollar, son prix le plus faible depuis quatre ans.

La situation est particulièrement critique dans les villages du nord du Chili, qui vivent exclusivement grâce à l'exploitation du cuivre.

A El Salado, une ville à 800 kms au nord de Santiago, les mineurs, qui représentent la moitié du millier d'habitants, se trouveront sans travail à la fin du mois à cause de la fermeture de petits gisements maintenant non rentables.

Les grandes mines sont aussi touchées par la crise et Sonami estime que les exportations de produits miniers s'élèveront à 21,5 milliards de dollars en 2009, soit la moitié de l'année précédente.

"La crise a frappé fortement le secteur minier, quelle que soit la taille des entreprises", note le président de Sonami, Alfredo Ovalle.

Les grandes mines ont licencié jusqu'à aujourd'hui 3.000 ouvriers, dont 2.000 appartiennent au géant mondial australo-britannique BHP Billiton, qui a diminué les effectifs de ses mines de Escondida, Spencer et Cerro Colorado.

Aux licenciements de BHP Billiton s'ajoute la réduction de personnel de 475 personnes dans les mines de Quebrada Blanca et Carmen de Andacollo et 122 personnes dans les mines du groupe chilien Luksic.

Selon les spécialistes, les licenciements devraient se poursuivre, ce qui préoccupe les autorités locales.

"Nous sommes inquiets, mais cela ne peut nous surprendre. Nous savons très bien que le secteur des mines en général et toute l'activité économique mondiale sont touchés par une crise financière de grande envergure", constate le ministre des Mines, Santiago Gonzalez.

Au début de janvier la présidente chilienne Michelle Bachelet a annoncé un plan de redressement de 4 milliards de dollars provenant des excédents fiscaux accumulés quand le cours du cuivre était au plus haut. Cette réserve est évaluée à quasi 40 milliards de dollars.

Ce plan comprend aussi une injection de un milliard de dollars pour financer les projets d'investissements de la compagnie d'Etat Codelco, le plus grand producteur mondial de cuivre.

"Je crois que cela (les licenciements) n'est qu'un début", remarque Gustavo Lagos, le directeur du centre minier de l'Université catholique.

"Si la crise s'aggrave, le chômage du secteur pourra éventuellement augmenter", estime avec prudence le président de Sonami.

Les licenciements ont alerté les syndicats qui annoncent des manifestations au cas ou il y aurait d'autres annonces. "On ne va pas attendre que le bourreau abaisse sa hache", lance Pedro Marin, le président de la fédération minière regroupant 8.000 travailleurs de grandes exploitations.

Avec une production annuelle de 5,6 millions de tonnes, le Chili approvisionne presque un tiers des marchés.

mercredi 21 janvier 2009

"Fromages magiques" : la juge au Chili

La magistrate, qui sera accompagnée de son greffier, restera 15 jours sur place où elle récupérera les éléments d'information nécessaires à la poursuite de son instruction. Elle organisera également des réunions d'information auprès des victimes pour leur expliquer leurs droits dans la procédure française et faire un point sur l'enquête en cours.
Une chef d'entreprise française, Gilberte Van Erpe, alias "Madame Gil", 66 ans, a été mise en examen le 15 décembre à Paris et incarcérée. Elle avait été interpellée à Nice par les policiers de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF). Installée en décembre 2004 à Santiago, elle est soupçonnée d'avoir été l'instigatrice de cette escroquerie dans laquelle elle était associée à deux entrepreneurs chiliens, propriétaires de la société "Fermex Chile S.A." et depuis incarcérés dans leur pays pour cette affaire. Fermex a commercialisé des "ferments lactiques" dont "Madame Gil" prétendait qu'ils formaient, après avoir été mélangés à du lait, des sortes de "fromages" destinés à l'industrie cosmétique française.Source : AFP

lundi 19 janvier 2009

Lavigne : "Un Dakar historique"

- Quel est votre premier bilan à chaud de l’organisation de ce Dakar ?
- "Ce fut un Dakar historique. Déjà parce que transporter une organisation comme celle-là d’un continent à l’autre en quelques mois était un challenge. On disait que le Dakar est mort. Or il a rebondi très haut et plutôt fort. Il a aussi été fabuleux en terme de découverte de ces deux pays. Au niveau de la variétés des paysages on a été servi plus qu’on l’imaginait, à l’image du passage de "San Francisco". Les concurrents ont été stupéfaits et ont parlé de la plus belle route du monde. Les deux grands vainqueurs sont l’Argentine et le Chili."
- Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent d’avoir modifié 7 des 14 étapes ?
- "Un Dakar n’est jamais facile à organiser. Ce n’est pas un Championnat de tennis sur terre, on ne peut pas tirer la bâche quand il fait mauvais. On a tracé un très beau Dakar, difficile. On a raccourci certaines spéciales. Et je trouve que c’est plutôt très bien. Une organisation qui sait s’adapter est une bonne organisation, efficace et le contraire aurait été irresponsable. Je préfère avoir arrêté certaines spéciales plutôt que de planter la course."
- Quelles leçons pouvez-vous déjà tirer de cette première ?
- "A l’avenir, il faudra tenir compte de ces conditions qu’on a découvertes et de la particularité des terrains, qui se sont dégradés avec le passage des véhicules. Quand Jean-Pierre Fontenay, un ancien vainqueur, fait les reconnaissances et nous appelle pour nous dire qu’on ne peut pas passer, on l’écoute. Ce n’est pas une course sur circuit. Elle s’étale sur une dizaine d’heures."- Pas mal de concurrents comme Luc Pagnon (moto) ou Thierry Delli Zotti (autos) qui sont le coeur de ce rallye se sont déclarés déçus. Quelle est votre réaction ?
- "J’aime beaucoup Luc et Thierry mais ils ne sont pas le coeur de la discipline. Ce sont deux personnes qui peuvent avoir des frustrations par rapport à des choses qu’ils ont moyennement appréciées. C’est compréhensible. On n’a peut être pas vu les mêmes gens. Ceux que j’ai vus hier (samedi à l’arrivée) étaient "super" contents. C’est cela que je retiens. Sur le nombre, il est normal que certains soient déçus. Et je dirais que peut être certains ont fait leur temps. L’épreuve est difficile et il faut la courir."
- Avez-vous des regrets sur ce Dakar en terme d’organisation ?
- "Si on prend le contexte général, non. Je trouve qu’il s’est bien déroulé avec des gens qu’on ne connaissait pas. Tout était nouveau. Parfois il peut y avoir eu des couacs, mais d’une manière générale, on a livré une très belle présentation."
- Où en est-on de l’enquête sur le décès de Pascal Terry ?
- "L’enquête est en cours. Dès qu’on aura des développements on vous les donnera. Aujourd’hui, je n’ai rien de plus. Il a été inhumé à Villedieu-les-poêles, en Normandie."
- Quel est l’avenir du Dakar ?
- "On va débriefer et après on se déterminera pour le futur du Dakar ici ou ailleurs, sachant que des ailleurs il y a beaucoup aussi. On a aussi la volonté de revenir en Afrique de l’ouest, quand ce sera possible."
- Roger Kalmanovitz, chargé des relations avec l’Afrique dans l’organisation, avait évoqué l’Amérique du Sud et la Tunisie et la Libye pour le Dakar-2010. Pouvez-vous confirmer ?
- "On a réalisé un voyage en Angola, en Namibie et en Afrique du Sud. Ces pistes peuvent s’activer rapidement. On s’est engagé à donner une réponse rapidement. Des possibilités, il y en a, l’Afrique de l’est, australe... C’est (aussi) très excitant d’imaginer revenir. On a bien travaillé avec nos nouveaux amis sud-américains. On pourrait en tracer 30 des Dakar. Il y a de la place."

vendredi 16 janvier 2009

L'association solidaire refuse l'argent du Dakar

Bolivia Inti-Sud Soleil aurait refusé 100 000 € du rallye Dakar... Vous confirmez ?
C'est vrai, le Dakar, par le biais d'une société travaillant pour ASO, l'organisateur du rallye, nous a proposé 100 000 €, somme fantastique pour nous, mais nous devions servir à la promotion du rallye. Unanimement, notre conseil d'administration et notre équipe chilienne, que nous avons consultée en premier, ont rejeté cette offre alléchante.
Pourquoi renoncer à cette aide financière ?
Le rallye Paris-Dakar a lieu cette année dans les Andes, en Argentine et au Chili, des zones que nous connaissons bien puisque nos équipes locales y diffusent nos cuiseurs solaires, des outils écologiques pour la cuisine. Après une semaine en Patagonie argentine, où il a pu mettre en péril des traces archéologiques millénaires, le rallye quitte cette semaine la ville de Copiapo, au Chili, après un long circuit dans le désert d'Atacama, le plus aride et le plus fragile du monde, lieu unique de biodiversité.
Que reprochez-vous au Dakar ?
Plusieurs centaines de voitures, camions lourds et motos vont parcourir 9 500 km à travers des zones naturelles protégées. Ce rallye ne serait pas autorisé en Europe ! La vie palpite dans ces sables qui ne sont pas stériles, où le désert se recouvre d'un tapis de fleurs quand il pleut (moins d'une fois par an !). La faune et la flore y sont très fragiles : il y a risque de dommages irréparables. Pourquoi des riches vont-ils aller faire leur terrain de jeu chez des pauvres et faire parader une armada d'acier qui va laisser derrière elle des milliers de kilomètres de pistes fragiles ?
Mais, avec 100 000 €, vous auriez pu en distribuer, des cuiseurs solaires ! ?
C'est vrai, 100 000 €, cela représente 1 000 cuiseurs solaires, donc 1 000 familles aidées et du travail pour une équipe locale de huit personnes pendant deux ans. Mais nous avons été unanimes. Et franchement, je ne me voyais pas avec un petit bandeau Dakar faisant « vroum vroum » sur notre site internet. Il y a trop de contradiction entre leur objectif et le nôtre, qui est de mettre du soleil dans le développement.

Recueilli par Philippe GAMBERT.

CHILI • Les vrais-faux disparus de la dictature

Tout a commencé il y a près d'un mois, lorsque la droite chilienne a dénoncé l'existence de faux disparus de la dictature de Pinochet, dont les familles auraient reçu, comme le prévoit la loi, une indemnisation. Le gouvernement de Michelle Bachelet a identifié trois de ces faux disparus, a demandé une enquête judiciaire et a porté plainte contre les familles incriminées.

Mais la polémique rebondit désormais dans l'autre sens : Karla Rubilar, présidente de la commission des droits de l'homme de l'Assemblée chilienne et députée du parti Rénovation nationale (RN, droite), avait publiquement dénoncé fin décembre trois autres cas de "faux disparus" . Mais ceux-ci se sont révélés à l'enquête être de "véritables victimes" : des personnes arrêtées par la police de Pinochet pendant la dictature (1973-1990) et qui n'ont pas réapparu depuis. Les familles accusées de "feindre leur douleur" ont donc à leur tour porté plainte contre la députée. Le pire, souligne le quotidien La Nación, est que "Rubilar a avoué tenir ses informations de l'avocat de Manuel Contreras [ancien chef des services secrets de Pinochet, aujourd'hui emprisonné], qui ne cesse de nier l'existence de disparus".

mercredi 14 janvier 2009

CONVERSATION AVEC GUILLERMO TEILLIER (PCCH) À MADRID

S’y trouvaient aussi des représentants du Parti communiste du Pérou, du Parti socialiste du Chili, du Parti communiste d’Espagne, Laura Gonzalez-Vera (veuve de Carmelo Soria) et le poète communiste Marcos Ana, qui accompagnait Teillier et Marcos Suzarte, membre de la commission des relations internationales du PCCH. Lors de son allocution Marcos Ana rendit hommage à la « dimension politique et humaine extraordinaires » de Teillier et aux relations fraternelles unissant depuis des décennies le PCE et le parti communiste chilien. Quelques heures avant le début de la rencontre, nous avons eu l’occasion de converser avec Guillermo Teillier au siège fédéral du Parti communiste d’Espagne où il rencontra Cayo Lara, coordinateur général de l’IC, cadre du PCE et Francisco Frutos, le secrétaire général du PCE.

Quelle est votre analyse du résultat des élections municipales?


J’ai l’impression qu’il y a un maintien des niches électorales ; d’une part, la droite conserve sa votation et la Concertation [2] qui reste la majorité au pays, a baissé, moins à cause de la droite que par l’apparition du PRI [3] qui a obtenu 7% des votes. Le PRI est un amalgame de choses très distinctes, il n’y a pas de cohésion. Je crois que la position du PRI va varier en fonction de qui sera le candidat de la Concertation aux présidentielles 2009. La droite essaie de l’attirer ; si Frei devenait le candidat officiel, Adolfo Zaldivar [4] pourrait aboutir à un pacte avec lui en échange de l’élection de quelques parlementaires.

D’autre part, la Concertation a réussi le maintien de sa votation via la présentation de deux listes, avec une seule liste, cette coalition était perdante. Elle a perdu plusieurs mairies moins par l’ascension de la droite que par ses propres divisions internes. C’est la raison de la perte de mairies emblématiques, ne pas livrer la lutte contre la droite ; si nous avions élargi le pacte par omission aux communes d’Estacion Central, Valparaiso et Recoleta, la droite n’aurait pas pu se vanter autant lors de l’élection des maires comme elle l’a faite parce qu’elle n’aurait pas pu vaincre dans les trois communes citées. Ceci, la peur d’élargir cet accord avec les communistes et ses conséquences (la perte de quelques communes) a entraîné, avec d’autres facteurs, la démission de Soledad Alvear [5].

Toujours dans les communes concernées, la Concertation a présenté des candidats très usés par la lutte électorale tandis que la droite a présenté de nouveaux candidats, raison par laquelle « la gente » a voté à droite. La population a ainsi châtié la Concertation à cause de la corruption, mais pas la droite comme l’a montré le cas de Viña del Mar [6]. Il faut aussi relever que l’une des filles de Pinochet fut élue conseillère municipale haut la main dans la commune de Vitacura, en raison d’une campagne anticommuniste intense rendant hommage à son père ; ce secteur dur de la droite empêche le secteur le plus ouvert de voter les réformes politiques qui s’imposent au Chili. Et Piñera [7] a les mains liées.

Quant au résultat de la gauche aux votations municipales, le nombre de nos conseillers a baissé en tant que Juntos Podemos Más [8], mais en tant que Parti communiste, le nombre de nos conseillers est plus élevé. C’est une nouvelle significative étant donné que la plupart d’entre eux furent élus dans les principales villes du pays : comme à Santiago (pour la première fois après 1973) - à La Florida, à Maipu - ou à Valparaiso. L’élection de conseillers fut fort bonne. Nous avons gardé trois des quatre mairies, car nous avons perdu Canela à cause de l’alliance d’un secteur du PPD [9] avec la droite ; c’est triste car le maire sortant, Nathan Trigo, fut un excellent maire et qu’il a perdu l’élection par une différence minime. Nous avons aussi gagné quatre autres mairies en tant que Juntos Podemos Mas, comme à Yumbel ou à Lota avec l’alliance décisive avec le MAS d’Alejandro Navarro [10] et d’autres, comme Pedro Aguirre Cerda dont le maire élu est notre compañera Claudina Nunez, avec l’appui de la Concertation.

Il semble que nous sommes devant la fin du système des partis mis en lumière par le plébiscite de 1988 [11], par la décomposition de la Concertation et par le rapprochement des secteurs socialistes vers la gauche, avec en tête Jorge Arrate et Alejandro Navarro…

Nous avons gardé une votation considérable lors des élections municipales et nous prétendons maintenant arriver à une convergence de l’ensemble de la gauche, incluant des forces au-delà du Juntos Podemos Mas. J’entreprendrais des conversations avec Tomas Hirsch pour savoir s’ils sont disposés, comme nous, à accueillir ces forces-là issues des rangs du socialisme.

Il y a un secteur très important de la Concertation qui ne veut plus du statu quo ; ce secteur-là soutient un programme des réformes profondes, pas un simple maquillage, un programme qui puisse être voté au Parlement. Il est nécessaire donc de conclure à un pacte par omission lors des élections parlementaires en décembre 2009, pour créer une nouvelle corrélation des forces au sein du Parlement, rompre avec le statu quo engendré par le régime autoritaire imposé par la dictature. Il faut amener au Parlement une majorité politique propre à démocratiser le Chili.

La gauche au Chili devient de plus en plus forte, ce qui permet à d’autres secteurs de la Concertation d’envisager un programme différent. C’est ainsi que l’on peut éviter une droitisation du pays, la droite au gouvernement en 2010, la fin des réformes politiques et économiques, le statu quo du thème des droits humains, la persistance d’un code de travail issu de la dictature ou la privatisation des seules entreprises publiques qui restent à ce jour, telle que CODELCO [12].

Le Parti communiste a mis en avant votre candidature présidentielle dans la meilleure des traditions de sa propre histoire presque centenaire : l’union de la gauche et du peuple autour d’un programme politique visant à transformer la réalité chilienne.

Comment la gauche va définir son candidat présidentiel? Dans quels délais ?

Au Parti communiste, nous ne sommes pas attachés à aucun mécanisme d’élection dudit candidat ni ne refusons aucun à priori. Les compañeros de Nueva Izquierda, par exemple, ils parient sur des primaires ouvertes où tout le monde pourrait voter, les non-inscrits et les Chiliens de l’extérieur. Nous devons nous mettre d’accord sur le mécanisme soit des primaires ouvertes soit d’une convention avec la participation des organisations sociales, en tout cas un mécanisme démocratique et transparent. Dans le cas des primaires, ils pourraient avoir lieu vers la fin mars ou avril.

Le comité central lors de sa plénière des 17 et 18 décembre va étudier notre proposition : l’élaboration d’un programme et l’élection d’un candidat et surtout comment faire face aux élections parlementaires pour finir avec l’exclusion. D’abord nous devons éclaircir trois points essentiels avec les trois autres candidatures présidentielles : en premier lieu, il doit y avoir un programme unique, résoudre la question de la continuité dans la construction d’une alternative sociale et politique au néolibéralisme. En second lieu, tous les candidats donneront leur appui au candidat finalement élu d’après la méthode adoptée en priorité. En troisième lieu, cette alternative doit avoir un autre objectif, celui de mettre fin à l’exclusion de la gauche au Congrès National ; ceci implique d’être au clair quant au fait que nous n’aurons pas des parlementaires élus en 2009 si nous avons notre propre liste de candidats au sein de l’alternative. Il est fort possible que la droite réussisse lors des prochaines élections présidentielles ; si c’est ainsi, il vaut mieux qu’elle se retrouve avec une alternative de gauche constituée avec des représentants au Parlement.

Je crois que notre position lors d’un hypothétique deuxième tour aux prochaines élections présidentielles du janvier 2010, va dépendre de la fin de l’exclusion. Il y a, aujourd’hui, des conditions pour avancer main dans la main avec les luttes sociales et les formes de la lutte électorale pour créer une nouvelle corrélation des forces dans le pays ; pour aspirer à un gouvernement national, démocratique et de justice sociale qui dépasse le néolibéralisme. Un gouvernement élu pour entreprendre des réformes politiques, pour récupérer les ressources de base du peuple chilien, pour reconnaître les droits des peuples originaires, pour respecter enfin les droits des travailleurs, pour garantir la vérité et la justice, la fin de l’impunité. Ces défis sont impossibles à relever au sein d’un cinquième gouvernement de la Concertation, seul un grand rassemblement de gauche peut les affronter.

Depuis l’élection de Frei [13] en 1994, aucun candidat n’a obtenu la majorité absolue au premier tour ; l’appui de l’électorat communiste a été décisif pour les victoires de Lagos [14] et de Bachelet [15] et la défaite de la droite, dans les années 2000 et 2006 respectivement.

À  ce jour, la votation décisive a été celle du Parti communiste; je crois que, face à la configuration qui se dessine pour décembre 2009, la votation d’une large convergence de la gauche sera encore plus décisive, puisque je suis convaincu qu’elle va dépasser les votations obtenues lors des dernières élections présidentielles.

Dans votre discours de juin 2007 au théâtre Caupolican, lors du 95° anniversaire de la fondation du Parti Communiste, vous avez reconnu le virage de la politique du Parti. Pourquoi un changement si relevant s’est-il produit dans la ligne politique du PCCH ? Y a-t-il eu une meilleure ouverture au sein de la Concertation face au parti, à ce qu’il représente, à ces propositions sur les changements dont le pays a besoin ?

L’élément principal a été celui de l’effort à faire pour établir une ligne d’action sur deux points essentiels. En premier lieu, c’est la lutte sociale des masses, tendre à l’unité des travailleurs ; comme celle de la mobilisation des travailleurs des mines de cuivre dont les contrats précaires sont établis par des entreprises intermédiaires ; avec nos compañeros à la tête, ils obligèrent les véritables propriétaires à s’asseoir autour d’une table de négociations. D’autres exemples sont les luttes des ouvriers du saumon et des forestières.

Et comme second point, il y a notre décision à disputer la centralité politique, ce que nous avons réussi puisque nous avons tenu des conversations avec tout le monde ; chercher des convergences pour des objectifs spécifiques, comme la récupération des droits des travailleurs ou la réforme profonde de la loi électorale. Nous avons forcé la Concertation à se prononcer sur sa volonté de changer le système électoral et notre accord sur le pacte par omission lors des municipales fut surtout un signal au pays, ensemble nous avons coïncidé quant à la nécessité de concrétiser des réformes politiques afin de mettre un terme à l’exclusion politique de la gauche au Chili.

Le virage a donné ses fruits, le Parti communiste est aujourd’hui plus fort, plus visible. Il est en relation avec les luttes des travailleurs, des étudiants, des secteurs de la classe moyenne en train de se mobiliser (nous avons des dirigeants nationaux dans les petites et moyennes entreprises, dans le Collège des Médecins pour la première fois depuis 1973). Aussi nous constatons le retour des compañeros qui avaient quitté les rangs du parti.

Pourquoi donner autant d’importance à la fin de l’exclusion de la gauche au Chili ?

Le Parti communiste coïncide seulement avec la Concertation sur la nécessité de finir avec l’exclusion politique au Chili. Nous préférons maintenir notre indépendance, mais nous pensons que nous pouvons converger avec la Concertation et d’autres forces pour mettre fin à l’exclusion des travailleurs du Congrès National. Pourquoi il est si important pour nous d’avoir des parlementaires ? En premier lieu pour amener au Parlement (les exigences*) de la lutte sociale. En plus, au Chili, aucune loi ne peut-être approuvée sans l’appui de la droite, élection après élection, l’égalité politique entre la Concertation et la droite est de mise.

Au deuxième tour des dernières élections présidentielles (mars 2006) nous avons soutenu Michelle Bachelet en échange de cinq points, l’un de ceux-ci la modification de la loi électorale. Nous savions qu’il était très difficile de mener ce point-là en avant avec l’actuelle corrélation des forces ; nous avons prétendu mettre ces idées en bogue ; nous avons réussi à nous rallier la Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT) qui appela à la convergence des forces sociales et politiques pour mettre fin à l’exclusion, premier pas pour la démocratisation du pays. Nous voulons terminer avec l’exclusion, changer la corrélation des forces au Parlement…aller de l’avant.

LA CRISE DU CAPITALISME

Cette dernière année le capitalisme, dans sa phase actuelle de globalisation néolibérale, s’effondre. Des milliers des travailleurs de par le monde souffrent les conséquences d’une crise du système seulement comparable à celle de 1929. Vingt ans après la proclamation du «fin de l’Histoire» par Fukuyama, le modèle néolibéral perd de sa crédibilité. Est-ce ainsi au Chili, où il y a si peu les critiques au néolibéralisme étaient ridiculisées ?

Au Chili nous avons une blague selon laquelle il fallait organiser des votations pour élire le ministre des Finances et par la suite celui-ci désignait à doigt le président de la République… Quand la crise a commencé à être visible la présidente et le ministre des Finances ont assuré que le Chili était blindé contre la crise, que le budget national ne serait pas affecté ni la politique sociale ni le pouvoir d’achat des travailleurs.

La présidente a aussi réuni les présidents des partis pour nous expliquer ce que le gouvernement aller faire face à la crise. Nous étions présents et les seuls à demander que les effets de la crise ne retombent pas sur les travailleurs ; nous avons proposé au gouvernement de lancer la construction d’hôpitaux, d’écoles, d’œuvres de transport, d’habitations… encourager la création des places de travail, puisque nous sommes au début d’un chômage considérable. Nous avons aussi évoqué le thème du cuivre dont la chute du prix international serait vertigineuse, comme cela fut le cas ; nous avons exprimé notre stupéfaction car le gouvernement n’a rien fait pour récupérer les 27.000 millions de dollars déclarés en perte par les entreprises transnationales gérant les pensions des Chiliens, par l’intermédiaire des AFP [16]. Le gouvernement n’intervient pas dans les affaires d’une AFP.
La crise s’est déjà installée au Chili par l’augmentation du chômage, la réduction du pouvoir d’achat, les répercussions sérieuses chez les petites et moyennes entreprises, la notable cherté du crédit, la perte des places de travail dans la construction…

Néanmoins, la politique économique du gouvernement persiste dans l’orthodoxie néolibérale…

Il y a une critique négative de la Présidente de la République quant à la spéculation, le manque de contrôle et de régulation, sans pour autant adopter les mesures de caractère stratégique que nous leur avons proposé. C’est pour cela qu’une alternative de gauche est si nécessaire maintenant, celle que nous avons l’opportunité de construire pour récupérer la souveraineté économique du pays, mettre fin à l’exclusion et entreprendre les réformes démocratiques en suspens.

Les travailleurs du secteur public viennent d’obtenir un triomphe notable suite à leur grève…

Le gouvernement a démarré en offrant une hausse salariale de 4,8% pour en arriver à 9,5% et finalement, suite à l’énorme mobilisation de 450.000 travailleurs, cède et accepte les 10% exigé par l’ANEF [17]. Les grandes mobilisations dans tout le pays l’ont presque paralysé. Ce fut une grande victoire pour ces travailleurs-là.

LE SOCIALISME DU XXI SIECLE

Vous venez d’assister au XVIII congrès du Parti Communiste Portugais (PCP) à Lisbonne. Il est sans doute celui qui, parmi les quatre principaux partis de l’Europe occidentale (l’Italie, la France, l’Espagne et le Portugal), conserve le plus d’influence sociale et politique dans son pays. Qu’est-ce qui a le plus attiré votre attention dans les débats du Congrès ?

La politique du Parti communiste Portugais ressemble assez à la nôtre, toute proportion gardée. Il reste un parti marxiste-léniniste et préconise le socialisme, surtout maintenant comme la seule possibilité pour l’humanité de résoudre ses énormes problèmes et injustices. Sur le chemin conduisant à ce but, ils luttent pour une démocratie avancée, comme nous. Ils ont réussi à maintenir le parti très actif, ils ont pris des mesures originales pour favoriser sa croissance. Nombre d’interventions de camarades des cellules et des fabriques au congrès expliquaient comment ils avaient affronté les problèmes et comment ils avaient gagné en organisation et en militants pour le PCP. C’est un parti de cadres et de masses qui donne beaucoup d’importance à la formation politique. Nombre de choses sont un enseignement précieux pour nous. Nous avons conclu avec son secrétaire général Jeronimo de Sousa, d’échanger des expériences et de serrer des liens entre nos deux partis.

L’Amérique latine vit une nouvelle ère après les dictatures militaires de la période 1960-1980 et de la décennie néolibérale des années 90. Quels sont les facteurs d’après vous, qui déterminent que la plupart des pays de l’Amérique latine ont des gouvernements qui se proposent avec plus ou moins d’intensité de dépasser le néolibéralisme et même de construire le socialisme du XXI siècle ?

Ce phénomène correspond à quelque chose qui existait déjà au temps d’Allende, qui germait à l’époque jusqu’à son écrasement : le peuple à travers sa mobilisation, ses luttes sociales, son unité réussissent à s’emparer du gouvernement pour entamer les transformations qui s’imposent aujourd’hui au Venezuela, en Equateur ou en Bolivie. La construction du socialisme du XXI siècle est à l’ordre du jour au Venezuela, la Bolivie est gouvernée par un mouvement du peuple originaire et l’Equateur vient de se doter d’une Constitution d’avant-garde. Il faut rajouter à ces pays, le Paraguay, le Nicaragua, il y a des grandes possibilités au Salvador et aussi, d’une certaine manière, au Brésil, en Argentine, en Uruguay. Tous ces pays participent à la recherche de l’indépendance face aux Etats-Unis, ils ont réussi déjà à faire échouer l’Accord de libre commerce des Amériques (ALCA). La création de UNASUR a été aussi très importante ; lors de leur réunion au Chili, l’ensemble de ces pays donna son appui au gouvernement d’Evo Morales [18], prit la défense de l’intégrité territoriale de la Bolivie et refusa l’intervention nord-américaine.

Nous vivons une nouvelle ère en Amérique Latine, auparavant les gouvernements étaient seuls face à l’agression des Etats-Unis ; Allende était isolé. Il s’agit des gouvernements démocratiques, personne ne peut l’infirmer. Ce qui se passe en Amérique latine est très prometteur car elle peut devenir un nouveau pôle dans la corrélation des forces internationales.

Le Chili peut, en 2009, s’ajouter à cette vague de changement et d’espoir ou si les gagnants sont Frei, Lagos, Insulza (ne disons plus Piñera), persister dans un modèle de société usé…

C’est ainsi. Les candidats de la Concertation, deux d’entre eux ex-présidents de la République, développèrent le néolibéralisme dans sa plus haute expression. Il n’y a rien à attendre de leur part.

UN DEMI-SIECLE DE MILITANCE COMMUNISTE

Pourquoi avez-vous intégré le Parti communiste ?

J’ai intégré la Jota [19] vers 1957, lorsque le Parti était encore dans la clandestinité à cause de la Ley Maldita [20]. J’étudiais au lycée à Temuco, la poésie de Neruda fut d’une influence décisive ; il y avait là-bas des cercles nérudiens, tôt je lus le Chant Général. Le discours d’Allende m’a aussi influencé ; la nationalisation du cuivre, de la terre alors une réalité terrible au Chili… J’étais dirigeant de la Jota (les jeunesses communistes) en tant qu’étudiant, ensuite j’ai déménagé à Valdivia où je suis devenu secrétaire politique du parti jusqu’au Coup d’état en 1973 ainsi que candidat aux parlementaires de mars de la même année.

Comment avez-vous vécu les jours du gouvernement de l’UP [21] ?
De façon très intense, en tant que dirigeant du parti, j’avais une relation accrue avec le gouvernement provincial de Valdivia. La lutte politique n’avait pas de repos ; nous devions contrecarrer la campagne de déstabilisation menée par la droite ; nous parcourions les champs touchés par la Réforme agraire [22], quelques entreprises furent expropriées dans cette zone… J’étais présent dans beaucoup d’endroit, organisant le parti et les travailleurs. Par malheur on ne nous a pas parlé de défendre le gouvernement de l’Unité Populaire, ce fut notre grand vide.

Vous êtes resté au Chili pendant toute la durée de la dictature, vous avez été arrêté, torturé et vous avez contribué à la réorganisation du parti au moment le plus difficile de son histoire…

Après le Coup d’état, j’ai réussi à fuir à Concepcion [23] et quelque temps après j’ai pu me connecter avec la direction du parti. Ils m’emmenèrent à Santiago, puis en 1974 les agents du Service d’Intelligence des forces de l’Air m’arrêtèrent et me conduisirent dans le sous-sol de l’Académie de Guerre de l’Air où je suis resté pendant six mois avec les yeux bandés tout en étant torturé. Par la suite je suis resté dans différents camps de concentration (Tres Alamos, Ritoque et Puchuncavi).

Lorsque je suis sorti, ils m’ont offert de partir à l’extérieur, mais j’ai décidé de rester au Chili. Au début de 1977, suite à l’arrestation successive de deux directions complètes du Parti dans les mains de la DINA [24], ils m’ont contacté parce que personne ne voulait prendre la tête du parti à l’intérieur ; ils nous proposèrent, à trois compañeros, de réorganiser le parti et de créer les conditions de sécurité nécessaires au retour des compañeros de l’extérieur. J’ai accompli cette fonction en réarticulant le Parti communiste, récréant les normes du travail clandestin plus sûres; c’est ainsi que les compañeros et les compañeras ont pu retourner, telle que Gladys Marin qui, alors, dirigea le Parti depuis l’intérieur du Chili. Je suis resté dans l’équipe de la direction de l’intérieur puis, de 1980 à 1987, j’étais le responsable militaire du parti. La politique de la Rébellion Populaire des masses du parti, qui prévoyait alors toutes les formes de lutte contre la dictature, est à l’origine de la naissance du Front patriotique Manuel Rodriguez.

Votre élection en tant que secrétaire général du parti en 2002, lors de l’élection de Gladys en tant que présidente, fut une surprise pour beaucoup, vous n’étiez pas l’un des dirigeants les plus connus… Une fois décédée cette chère compañera, vous êtes élu à la plus haute autorité du parti. Comment assumez-vous le fait de diriger un parti qui appartient à l’Histoire du Chili, avec des combattants remarquables dans ses rangs, des noms figurant dans la mémoire du peuple tels Elias Laferte, Ricardo Fonseca, Galo Gonzalez, Americo Zorrilla… ?
C’est une grande responsabilité que de diriger le Parti en remplacement de Gladys, une compañera si appréciée. Beaucoup pariaient sur la fin du Parti Communiste sans Gladys. Mais celui-ci est un parti qui a une empreinte, qui analyse la réalité chilienne et cherche des formules politiques pour avancer dans la défense des travailleurs, loyal au legs de Recabarren. Je suis conscient du poids que je porte et d’avoir ressenti tant d’incertitudes…je crois que j’ai assumé des tâches plus difficiles : diriger le parti en 1977, être son chargé militaire ou celui des finances quand le parti n’avait pas de finances…

C’est remarquable la capacité du Parti à former des cadres notables tel Cristian Cuevas maintenant, le dirigeant de la grande bataille livré par les travailleurs sous contrats provisoires dans les minières du cuivre… ou le grand résultat de Claudia Pascal la seconde conseillère la plus votée à Santiago…

Ce n’est pas un hasard, c’est le fruit de notre insertion dans les masses comme nous l’ont appris Recabarren, Corvalan, Gladys… personne ne naît communiste, il faut du courage pour dire à quelqu’un d’intégrer le Parti communiste. L’élection municipale nous a donné beaucoup de cadres intermédiaires. Et nous avons une Jota très grande.


  • (NOTES) Information complémentaire extraite en partie de Wikipédia.
  • Notes
  • [1] Deux cent ans de la proclamation d’indépendance du Chili
  • [2] La Concertation : la coalition des partis au gouvernement d’inspiration sociale -démocrate dont le Parti socialiste (PS), la démocratie chrétienne (DC) et le Parti pour la démocratie (PPD) dont l’un des fondateurs est l’ex-président Lagos.
  • [3] PRI :Le Parti régional des indépendants, créé en juillet 2006 par la fusion de l’Alliance nationale des indépendants (ANI) et du Parti d’action régionale du Chili (PAR). En 2007, la tendance «colorines» (rouquins) sortant de la DC investit le PRI, s’installe à la présidence avec Jaime MULET.
  • [4] Adolfo ZALDIVAR : président de la Démocratie Chrétienne (DC) par deux périodes consécutives (2002 – 2006), tendance des «rouquins» expulsé en 2007 de son parti, sénateur de la République depuis 1993, actuel président du Sénat pour la période 2008-2009.
  • [5] Soledad ALVEAR : sénateur de la République depuis 2005, ministre des gouvernements successifs de la Concertation, préside la DC depuis 2006 puis, démissionne en 2008.
  • [6] Le cas de Vina DEL Mar :une autre affaire de corruption impliquant des membres de l’UDI (Union démocratique indépendante) dans la mairie de Vina DEL Mar. L’UDI est un parti conservateur, membre de l’Alliance pour le Chili comme Rénovation nationale. Présidé depuis juillet 2008 par le sénateur Juan Antonio Coloma, qui a succédé à Hernan Lavin, président du Sénat dès 2004 à 2005.
  • [7] Sebastian PINERA : économiste, millionnaire (il introduit les cartes de crédit au Chili), candidat présidentiel du Parti de centre – droite Rénovation National (RN) en 2005 arrive second derrière Michelle Bachelet. Il a été condamné en 2006 pour délit d’initié dans l’achat d’actions de la compagnie aérienne LAN - Chile.
  • [8] JUNTOS PODEMOS MAS : coalition de gauche réunissant le Parti communiste du Chili, le parti Humaniste et le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) ainsi que la gauche chrétienne et quelques diverses organisations sociales. Cette coalition s’oppose tout autant à l’Alliance pour le Chili, tendance du centre -droite comme à la Concertation des partis pour la démocratie de tendance centre – gauche. Elle est contre la guerre et la violence, pour la défense des droits sociaux fondamentaux.
  • [9] PPD : le parti pour la Démocratie fondée en 1987 par Ricardo LAGOS, président du Chili dans la période 2000-2006 ; d’orientation social-libérale est membre de l’Internationale socialiste.
  • [10] Alejandro NAVARRO : député socialiste pendant la période 1994- , sénateur pour la période 2006 - 2014, démissionne du parti en 2008 pour créer le Mouvement ample social (MAS) et s’autoproclame candidat aux présidentielles 2009.
  • [11] Plébiscite de 1988 : référendum chilien sous la dictature d’après les dispositions de la Constitution politique chilienne de 1980, pour définir si « OUI » ou « NON » Augusto PINOCHET pouvait continuer jusqu’en 1997 ; le « NON » a obtenu 55,99% contre 44, 01%. La période de transition à la démocratie est ouverte avec l’organisation d’élections présidentielles et parlementaires l’année suivante.
  • [12] CODELCO : Corporation nationale du cuivre du Chili, l’entreprise minière de l’état du Chili, chargé d’exploiter ces ressources depuis juillet 1971, succède à la Corporation du cuivre né en 1967.
  • [13] Eduardo FREI RUIZ-TAGLE 1994 : milite au Parti démocrate chrétien, fils de l’ancien Président de la république Eduardo FREI MONTALVA (1964-1970) ; candidat de la Concertation aux élections présidentielles 1993, il est élu au premier tour pour la période 1994-2000 ; il préside le Sénat de 2006 à 2008.
  • [14] Ricardo LAGOS, 2002 : fondateur du PPD, président du Chili pour la période 2000-2006.
  • [15] Michelle BACHELET, 2006 : socialiste, ministre de la santé puis ministre de la défense sous le gouvernement de Lagos, elle est candidate de la Concertation aux présidentielles 2005. Elle est la première femme élue présidente de la République pour la période 2006-2010.
  • [16] AFP : Fonds de pensions d’après le modèle chilien. Il est créé en 1981 dans le cadre des mesures de libéralisation économiques promues sous la dictature ; les cotisations de chaque travailleur gérées par l’entreprise privée de son choix, l’AFP, constituent avec les intérêts perçus son seul capital à la retraite. L’état reste garant quant aux défaillances de l’AFP et garantit une pension minimale aux travailleurs ayant cotisé pendant vingt ans n’ayant pas réussi à constituer un capital suffisant.(Cfictionnaire suisse de politique sociale)
  • [17] ANEF : Regroupement national des employés fiscaux, fondé par Clotario BLEST en 1943
  • [18] Evo MORALES : le Président actuel de la Bolivie.
  • [19] Jota : les Jeunesses communistes du Parti communiste du Chili.
  • [20] Ley maldita : loi « maudite » approuvée sous le gouvernement de Gabriel GONZALEZ VIDELA déclarant le parti communiste illicite. VIDELA fut pourtant élu avec l’appui des communistes, des socialistes et des radicaux ; les communistes seront persécutés, chassés des postes publiques et relégués à des zones lointaines depuis 1948 jusqu’en 1958 ; Pisagua le premier camp de concentration de l’Histoire du Chili, dirigé par Augusto Pinochet, est ouvert à l’intention des communistes.
  • [21] UP : l’Unité populaire, la coalition des partis de la gauche chilienne qui mène Salvador Allende au pouvoir dès 1970 à 1973
  • [22] La Réforme Agraire : mesures de l’état approfondies sous le gouvernement d’Allende visant à redistribuer la terre, à notamment abolir les « latifundios », les grandes propriétés agricoles.
  • [23] Concepcion : ville du centre - sud du pays, deuxième ville en termes économiques et de population.
  • [24] DINA : la Direction nationale d’intelligence, la police politique chilienne, débute en 1973 suite au Coup d’état. Créée officiellement en 1974 par le régime militaire d’Augusto Pinochet, la DINA est responsable de la persécution, de la détention sécrète et de la disparition des milliers de chiliens. Cet organe de répression de la dictature est remplacé en 1977 par la CNI, la Centrale national d’intelligence.

lundi 12 janvier 2009

La droite chilienne part en tête dans la course à la présidence

Un sondage de l'institut Mori, diffusé le 8 janvier, attribue 36 % des intentions de vote au premier, contre 11 % au second. A la question de savoir qui sera leur prochain président, 50 % des Chiliens répondent Sebastian Piñera. "C'est la première fois, depuis la fin de la dictature, que la droite est en tête des sondages", souligne Marta Lagos, directrice de Mori.
La coalition Concertation démocratique regroupe la démocratie-chrétienne, le Parti socialiste (PS), le Parti pour la démocratie (PPD, gauche) et le petit Parti radical social-démocrate. Eduardo Frei, ancien président du Chili (1994-2000), bénéficie du désistement des deux poids lourds du PS, l'ex-président Ricardo Lagos et l'ancien ministre José Miguel Insulza, actuellement secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA).
"Nous sommes devant un défi", a admis M. Insulza, le 5 janvier, lorsqu'il a annoncé sa décision. A son avis, M. Frei "est la personne la mieux placée pour le relever". La députée socialiste Isabel Allende, fille de l'ancien président Salvador Allende, a regretté ce désistement et exprimé sa préférence pour des primaires au sein de la coalition. "Les disputes internes et le manque de cohésion de la Concertation pourraient provoquer sa défaite", plaide M. Insulza, qui souhaite éviter les primaires.
LE "VOTE JEUNE"
Provenant d'une famille démocrate-chrétienne, Sebastian Piñera est parvenu à moderniser et à rassembler la droite. Comme le centre gauche, il a voté "non" au plébiscite de 1988, qui a poussé les militaires à quitter le pouvoir. Avec une fortune évaluée par la revue Forbes à 1,2 milliard de dollars, M. Piñera contrôle la compagnie aérienne Lan Chile, le populaire club de football Colo Colo et une chaîne de télévision. "Si nous voulons un pays qui renoue avec la croissance et la création d'emplois, gagner la bataille contre la délinquance et la corruption, améliorer la qualité de la santé et de l'éducation, nous ne pouvons pas continuer sur la même voie", dit le milliardaire, qui prétend incarner le changement.
"La Concertation reste très forte, le scrutin sera serré, comme toujours", confie Ernesto Ottone, politologue proche de M. Lagos. "Les partis de la coalition n'ont pas su renouveler leur leadership, et souffrent de l'usure du pouvoir, admet-il. Mais la Concertation garde une capacité d'entraînement bien supérieure à la somme de ses partis." La crise mondiale favorise le centre gauche, qui a soigné les fondamentaux de l'économie et accumulé des réserves appréciables grâce à l'envol des prix du cuivre, estime M. Ottone. A en croire des sondages, la gestion de la crise a suscité une augmentation des indices d'approbation de Mme Bachelet.
L'inconnue provient de l'éventuelle inscription automatique des jeunes sur les listes électorales, une réforme en cours d'adoption au Congrès. Jusqu'ici, la jeunesse s'est massivement abstenue aux scrutins. L'incidence d'un "vote jeune" sur les rapports de force entre le centre gauche et la droite est imprévisible. Paulo A. Paranagua

jeudi 8 janvier 2009

Rencontre littéraire avec Bernardo Toro

Dans cet ouvrage, il évoque l’histoire, au début des années 1980, d’un garçon de 17 ans qui quitte le Chili de Pinochet, non pas pour des raison politiques, mais pour commencer une nouvelle vie à Paris.

Seul, sans ressources, il retrouve un jour Laura, la femme d’un dirigeant d’extrême gauche. Une relation se noue entre ces deux personnages que tout oppose : elle, repliée sur ses souvenirs dans un pays qu’elle n’a pas choisi ; lui, pressé de tirer un trait sur son passé. Des rêves révolutionnaires à l’ultralibéralisme chilien, l’histoire privée de deux générations. Les comédiensmusiciens de la compagnie Aleph proposeront des lectures d’extraits de « Contretemps » avec un accompagnement musical. Samedi, à 18 heures, au théâtre du Beauvaisis

Un Chilien grime sa fiancée pour dévaliser sa grand-mère

L'escroc avait falsifié la carte d'identité de sa grand-mère et la complice portait un masque de latex qui la vieillissait considérablement, a affirmé mercredi l'employé de banque qui, méfiant, a déjoué la ruse.

Victor Mellado a appelé le domicile de la grand-mère avant de procéder à l'opération et découvert que la détentrice du compte était en réalité en voyage au Venezuela.

"Elle se comportait comme une vieille femme, était habillée comme une vieille femme et se déplaçait comme telle. C'était une bonne imitation", a-t-il estimé dans une interview à la télévision locale, dans le sud du Chili.
Les deux escrocs ont été arrêtés et risquent une peine d'emprisonnement maximale de trois ans, selon le parquet.

Monica Vargas, version française Clément Guillou

mardi 6 janvier 2009

Pepe Auth, le parti de la France

Pepe Auth (photo) a été élu en mai dernier pour deux ans, Président du PPD, parti de la « Concertación », coalition au pouvoir depuis 1990. Pour cet homme politique de gauche, débarquer à Paris en 1983, étudiant en sociologie, au début de ce que l’on appelé « Les années Mitterrand » n’a rien eu d’anodin : « j’ai suivi passionnément la politique » raconte t-il, dans un français parfait, à peine coloré d’une pointe d’accent. Difficile de croire qu’il n’y a passé que 4 ans, le temps de son doctorat à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), sous la direction d’Alain Touraine. C’est que depuis cette époque : « les meilleures années de ma vie », selon lui, il « garde un œil sur la France ». Comprenez : lectures des hebdos et quotidiens sur Internet, plus 5 à 6 romans en français par an et une impressionnante collection de CD. De Brassens à Arthur H, il est un fin connaisseur de la chanson française. Mais « l’œil » c’est avant tout sur la politique qu’il l’a : « Je vois la gauche française, comme celle du Chili, il y a 30 ans. Nous étions aussi idéologiques avant nos 17 ans de dictature. D’ailleurs, il y a de grandes similitudes : nous aussi nous avons eu un front populaire en 1936 », précise-t-il.
Retour en 1988
Avec son choix de l’allemand au lycée, rien ne le prédestinait à aller en France, si ce n’est la volonté d’Alain Touraine, d’accueillir des étudiants chiliens, en plein dictature. Ils seront ainsi dix à partir, bénéficiant d’une bourse du gouvernement français gérée par l’Église chilienne. Il est d’abord envoyé à Bordeaux en stage de langue. Sa passion du cinéma et sa lecture assidue du Nouvel Obs’ feront le reste. Très vite, c’est l’immersion à Paris. Parti avec sa femme, et un bébé de quelques mois, ils y seront à nouveau parents et complètent leurs bourses par un travail d’animateur en centre aéré (garde municipale d’enfants dans les écoles, en dehors des temps scolaires). « J’ai été père d’une toute autre façon en France qu’au Chili. Là-bas, sans aide à la maison, sans famille proche, j’avais beaucoup plus de vie de famille, j’emmenais mes filles à la crèche, je m’en occupais beaucoup plus », observe t-il, comparant avec ses expériences ultérieures de père de 5 enfants.Car s’il loue l’universalité de la France, qui lui a permis de sortir des « 4 murs chiliens : la cordillère/la mer, pour rencontrer le monde, y compris plus de latinos américains qu’à Santiago », la petite famille est rentrée comme prévu en 1988 : « J’aurai pu rester, l’un de nous l’a fait et y est toujours prof aujourd’hui. Mais il y avait eu le plébiscite au Chili en 1987, c’était le moment de revenir en politique ». déclare t-il. Il reprend alors sa place dans l’équipe d’Eugenio Tironi au sein de l’ONG Sur, qui existe toujours, puis fonde une entreprise de consulting. Il sera nommé Ambassadeur en Suède de 2000 à 2004 par le Président Lagos et depuis se consacre à la politique. Il était au congrès du Parti Socialiste français, amusé des discussions étranges de ces « réformistes qui se définissent comme révolutionnaires ». 2009 année présidentielle s'annonce intense pour lui, avec son lot de rebondissements, la suite au 24 janvier. S. R

Chili: Le chef de l'OEA se désiste

Lors d'une conférence de presse à Santiago, M. Insulza a annoncé son retrait de la candidature à l'élection présidentielle chilienne en décembre en ajoutant qu'il demeurait secrétaire général de l'OEA, un poste doté d'un mandat de cinq ans qu'il occupe depuis le 26 mai 2005.

"Mon nom ne peut déboucher sur un consensus entre les quatre partis de l'alliance socialiste", selon lui. "La concentration et l'unité sont des défis que nous devons relever à l'élection de décembre 2009. Je pense que ma pré-candidature présidentielle ne contribue pas à l'unité dont nous avons besoin aujourd'hui".

Des analystes estiment que ce sont le manque de soutien de la part de l'alliance au pouvoir, la Coordination démocratique, et une faible possibilité de remporter l'élection qui ont conduit Insulza à se désister.

Le gouvernement chilien a apprécié la décision d'Insulza, expliquant qu'elle facilitait l'unification de la Coordination démocratique, composée de quatre partis de gauche.
Insulza a exprimé son soutien à l'ancien président et actuel sénateur Eduardo Frei en tant que candidat du parti au pouvoir. M. Frei, dont on attend la nomination, sera en concurrence avec José Antonio Gomez, un autre candidat de la coalition au pouvoir lors de l'élection primaire en avril.

La présidente Michelle Bachelet, élue en 2006, devra se retirer en mars 2010 de la présidence du Chili, les règles électorales du pays n'autorisant pas les chefs d'Etat à accomplir plusieurs mandats.

dimanche 4 janvier 2009

Rallye Dakar: Al Attiyah remporte la première étape

Al Attiyah, vainqueur du challenge du désert aux Emirats arabes unis, a parcouru les 371 kilomètres entre Buenos Aires et Santa Rosa en 2 heures, 36 minutes, 15 secondes au volant de sa BMW.

"C'était un parcours assez facile mais plutôt rapide", a déclaré Al Attiyah. "Mais je n'ai pas eu l'impression de devoir aller à la limite."

Sainz a été devancé de 2 minutes, 17 secondes par Al Attiyah. Ses équipiers chez Volkswagen Giniel de Villiers et Mark Miller sont arrivés derrière lui, respectivement battus de 2:40 et 4:21 par le vainqueur de l'étape.

Les Mitsubishis rivales, qui ont dominé la course depuis 2001 mais ont changé de voitures et de carburant cette année, sont arrivées sur leurs talons. Le vainqueur 2006 Luc Alphand a concédé 4:44 pour se classer 5e et le tenant du titre Stéphane Peterhansel a fini à 4:54, en sixième position.

Dans la catégorie motos, le vainqueur 2006 Marc Coma a gagné la première étape et s'est positionné en grand favori de la course après les déboires du tenant du titre Cyril Despres et de son compatriote français David Casteu.

Sur sa KTM, Despres a été victime de problèmes de pneumatiques et a fini 22e à 41 minutes de Coma. Casteu a terminé à près de quatre heures après avoir crevé.

La deuxième étape programmée dimanche conduira les concurrents plus au sud jusqu'à Puerto Madryn sur la côte. AP

Week-end de tempête

Mais lui et ses poursuivants n’auront pas vraiment le temps d’admirer la falaise de 425 mètres et les albatros qui la survolent. Car le temps au large du Chili est tout simplement exécrable. Samedi, les skippers devaient déjà affronter des creux de 7 à 9 mètres dans une houle très difficile. Au pointage de 11h, Desjoyeaux tenait toujours Roland Jourdain en respect avec 61,6 milles d’avance. Derrière, Jean Le Cam, qui avait eu le privilège de mener la flotte au Cap Horn il y a quatre ans, s’accroche à 410 milles. A plus de 650 milles derrière Desjoyeaux, Vincent Riou et Armel Le Cléac’h sont irrémédiablement distancés tout comme Samantha Davies qui réalise cependant une superbe course pour son premier tour du monde. L’Anglaise, qui profite d’une mer bien ordonnée pour le moment, était d’ailleurs la plus rapide des poursuivants samedi matin avec une moyenne de 16 nœuds.

Ils ont dit :
Jonny Malbon (Artemis, 12e) : «Je ne vais pas si mal que cela, mais je suis un peu fatigué et un peu découragé. C'est une bagarre permanente avec la grand voile. Hier je l'ai affalée jusqu'à 4ème ris afin de la percer pour essayer de limiter les dégâts. J'étais en bas pendant une vingtaine de minutes en train de découper du Kevlar et quand je suis remonté sur le pont, il y avait une longue déchirure verticale d'environ un mètre. C'est le taffetas qui est déchiré et c'était la seule chose qui consolidait la voile quand elle était hissée. J'ai réussi à mettre un grand patch et puis un patch sur le patch.»

Armel Le Cléac’h (Brit Air, 5e) :

Le classement samedi à 11h00 :
1. Michel Desjoyeaux (Foncia) à 7669,7 milles de l'arrivée
2. Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 61,6 milles du leader
3. Jean Le Cam (VM Materiaux) à 410,6 milles du leader
4. Vincent Riou (PRB) à 664,7 milles du leader
5. Armel Le Cléac'h (Brit Air) à 684,9 milles du leader