samedi 30 décembre 2017

CHILI: LE SUÉDOIS SCA CONDAMMNÉ À UNE LOURDE AMENDE POUR ENTENTE SUR LES PRIX


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


ILLUSTRATION LoCole

SANTIAGO DU CHILI (awp/afp) - Un tribunal chilien a condamné la filiale du suédois Svenska Cellulosa (SCA) à payer 18,3 millions de dollars pour entente, sur les prix dans le marché du papier toilette, avec le groupe chilien CMPC qui échappe cependant au paiement d'une amende.
Zonebourse avec l'AFP 
Les deux entreprises, qui contrôlent 90% du marché local, "ont conclu et mis en oeuvre un accord ayant pour objet de s'attribuer des quotas de parts de marché et de fixer les prix de vente de leurs produits en papier depuis l'année 2000 et jusqu'au mois de décembre de l'année 2011 au moins", écrit dans son jugement, rendu vendredi, le Tribunal de la concurrence.

Toutefois, "il n'a a pas été prouvé que CMPC ait contraint SCA à participer à cet accord et par conséquent" le groupe chilien "a été dispensé de payer une amende" au regard du compromis trouvé en 2015 avec des associations de consommateurs. CMPC avait en effet accepté de verser 150 millions de dollars de compensation, une somme devant être répartie entre les Chiliens âgés de plus de 18 ans à hauteur d'environ 10 dollars par personne.

De son côté, SCA Chili a annoncé son intention de faire appel auprès de la Cour suprême chilienne.

En avril dernier, le Pérou avait sanctionné le géant américain Kimberly Clark et Protisa, filiale de CMPC, également pour une entente sur les prix du papier toilette entre les années 2005 et 2014.

En décembre 2016, l'entreprise chilienne avait également été impliquée dans des accusations d'entente avec Kimberly Clark au Chili pour gonfler les prix des couches et d'autres produits d'hygiène.

Le marché chilien, longtemps considéré comme un modèle de libre-échange, a été secoué récemment par plusieurs scandales d'entente sur les prix, dans le secteur pharmaceutique et la production de poulets notamment.


pa/gm/spi


SUR LE MÊME SUJET :


vendredi 29 décembre 2017

LA FILLE DE FRANCO DISPARAÎT, SON EMPIRE IMMOBILIER LUI SURVIT


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

CARMEN FRANCO ET SA FILLE CARMEN MARTINEZ-BORDIU 
LE 3 JUIN 2015 AUX ARÈNES DE LAS VENTAS À MADRID, 
À L'OCCASION D'UNE CORRIDA. 
PHOTO CURTO DE LA TORRE

Morte d'un cancer à 91 ans, Carmen Franco Polo défendait la mémoire du dictateur espagnol tout en faisant fructifier un héritage mal acquis. La fille de Franco disparaît, son empire immobilier lui survit
Par François-Xavier Gomez
MARÍA DEL CARMEN FRANCO Y POLO, LA FILLE
UNIQUE DU DICTATEUR FRANCISCO FRANCO
La fille unique du dictateur Francisco Franco (1892-1975), décédée vendredi à Madrid des suites d’un cancer, occupait peu la scène médiatique, contrairement à sa nombreuse descendance dont les mariages, divorces, bals costumés, excès de vitesse et autres frasques occupent une place privilégiée dans les pages de la prensa rosa, la presse people espagnole. Quand Carmen Franco Polo, née en 1926, faisait parler d’elle, c’était surtout pour l’imposant empire immobilier qu’elle détenait et gérait à travers deux sociétés. Le saviez-vous ? Quand vous utilisez un parking payant à Madrid, il y a de fortes chances que vous enrichissiez le clan de feu le Caudillo.

La plus emblématique des propriétés familiales est un manoir en Galice, le Pazo de Meirás, dans la province de La Corogne, non loin d’El Ferrol, ville natale de Franco. Qui, en 1938, avant la fin de la guerre civile, s’approprie le château. Ce bâtiment néogothique de la fin du XIXe siècle est toujours aux mains de la famille, quarante ans après la fin de la dictature, malgré des décennies d’efforts de la région et de l’État pour le récupérer.

Droit de visite

LE  PAZO DE MEIRÁS
Le clan Franco a en effet bataillé pour rester dans la place. En 2008, le château est déclaré monument historique, avec obligation faite à ses pseudo-propriétaires d’autoriser les visites du public quatre jours par mois. Ce qui est enfin possible en 2011, après décision du Tribunal suprême. Le gouvernement régional, la Xunta de Galicia, n’a toujours pas trouvé le moyen juridique pour déloger les squatteurs, qui se réfugient derrière un «don» fait par les autorités militaires franquistes (donc un cadeau de Franco à lui-même) validé par un parchemin qui demeure introuvable.

Si un jour le Pazo de Meirás intègre le patrimoine espagnol (sa valeur architecturale est discutable, mais il serait parfait pour accueillir le tournage de films d’horreur), l’abondante descendance pourra se consoler avec le reste de l’empire familial, composé notamment de plusieurs appartements et parkings à Madrid, et de propriétés à Alicante, Jaen ou Marbella. Le tout estimé, en 2007, entre 500 et 600 millions d’euros par le journaliste Mariano Sánchez, dans son livre Franco, S.A.

MARIAGE DE CARMEN FRANCO ET CRISTOBAL MARTINEZ-BORDIU,
LE 10 AVRIL 1950 À MADRID. À GAUCHE, LE DICTATEUR,
À DROITE, LA MÈRE DU MARIÉ.
PHOTO AFP 
Issu de la petite bourgeoisie provinciale, Franco avait l’obsession de se rapprocher de l’aristocratie et de la famille royale. En 1950, il marie sa fille unique au chirurgien Cristóbal Martínez-Bordiú, marquis de Villaverde. Le couple aura sept enfants dont l’aînée, Carmen Martínez-Bordiú y Franco, épouse en 1972 Alphonse de Bourbon, cousin germain du futur roi Juan Carlos Ier. Le duc de Bourbon, de Bourgogne, d’Anjou, de Cadix, etc., détient le titre d’altesse royale puisqu’il est le prétendant «légitimiste» au trône de France.

Monarque chaviste en France ?

MARGARITA VARGAS ET LOUIS-ALPHONSE DE BOURBON
PHOTO ERIC COLOMER
Mais ce prince de contes de fées va être aussi la malédiction de la famille du tyran. Le couple a deux enfants, François et Louis-Alphonse. En 1984, en rentrant des sports d’hiver, Alphonse de Bourbon est victime d’un grave accident de la route près de Pampelune. L’aîné, François, 12 ans, est tué. Cinq ans plus tard, Alphonse de Bourbon, qui dirige le Comité olympique espagnol, descend une piste avant les championnats du monde de ski à Beaver Creek (Colorado). Un filin d’acier qu’il n’a pas vu lui tranche (quasiment) la tête: il périt comme son ancêtre Louis XVI.

C’est Louis-Alphonse de Bourbon, le fils survivant, qui a annoncé vendredi la mort de sa grand-mère. Pour les royalistes français de la branche légitimiste, il est l’unique postulant possible au trône des Capétiens. Il travaille dans la banque et a épousé en Margarita Vargas, fille du banquier vénézuélien Victor Vargas, considéré comme le financier chouchou d’Hugo Chavez et du régime bolivarien. Dans l’hypothèse (peu plausible) d’une restauration monarchique, la France aurait donc un monarque chaviste, sous le nom de Louis XX.

«Un peu autoritaire»

L’INCENDIE DE L’HÔTEL CORONA DE ARAGON 1979
PHOTO LUIS
MOMPEL CHEZ FLICKR
Revenons à Carmen Franco Polo qui, le 12 juillet 1979, échappa à l’incendie de l’hôtel Corona de Aragon, à Saragosse, où elle était descendue. Dans le sinistre périront 83 personnes, et ses causes n’ont jamais été éclaircies malgré trente ans d’enquête. Une des hypothèses est un attentat terroriste visant, outre la fille du dictateur, un grand nombre de galonnés présents à Saragosse à l’occasion d’une cérémonie militaire.

Dans une biographie autorisée parue le mois dernier, sous la plume de la journaliste Nieves Herrero, Carmen Franco décrit son père comme «un peu autoritaire et machiste» mais pas «dictateur». Présidente d’honneur de la fondation Francisco-Franco, elle participait jusqu’à l’an dernier aux messes à la mémoire de l’allié d’Hitler et de Mussolini, lors desquelles, souligne l’AFP, «les participants faisaient encore le salut fasciste sur le parvis de l’église, en plein Madrid».

François-Xavier Gomez

AU CHILI, « PAUVRES PARMI LES PAUVRES », DES DÉTENUES ATTENDENT LE PAPE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
LE CENTRE PÉNITENTIAIRE POUR FEMMES DE SAN JOAQUIN, 
LE 13 DÉCEMBRE 2017 À SANTIAGO DU CHILI 
 PHOTO MARTIN BERNETTI
Santiago du Chili - Ce sera la première prison pour femmes où se rendra le pape François: le centre pénitentiaire de San Joaquin, à Santiago du Chili, compte 620 détenues, « pauvres parmi les pauvres » qui préparent avec joie la visite du souverain pontife.
«Je suis fière, contente, impatiente et je sais que nous allons toutes pleurer quand nous verrons le pape », s'enthousiasme Viviana Berrios, tout en fabriquant avec ses camarades des bracelets qui seront bénis par François lors de son voyage au Chili puis au Pérou, du 15 au 21 janvier.

Viviana veut simplement « voir son regard, qu'il me transmette cette paix » intérieure. 

Dans cet établissement, autrefois un centre religieux, la mère Nelly Leon, chargée depuis 13 ans de la coordination de l'activité pastorale de la prison, a recueilli bien des confidences de ces détenues. 

Elle a entendu « des milliers d'histoires de douleur, d'angoisse, de désespoir » et se félicite d'autant plus que le dignitaire religieux ait choisi de rendre visite à ces femmes. 

« Le pape a parlé de l'Eglise qui doit sortir, accompagner les périphéries et ici, c'est une périphérie de l'existence, où sont privées de liberté les pauvres parmi les pauvres », témoigne-t-elle. 

Car, dans les prisons du Chili comme ailleurs dans le monde, sont incarcérées "les femmes les plus pauvres, celles qui sont exclues de la famille, de l'éducation, de la santé. Ce sont elles qui vont en prison car celles qui ont un bon avocat n'y vont pas", souligne Nelly. 

À San Joaquin, c'est dans la chapelle que se concentrent l'essentiel des préparatifs, autour d'une crèche de Noël à peine terminée. 

Depuis des mois, les détenues affichant une bonne conduite sont chargées d'élaborer ces petits bracelets de couleur qui, une fois bénis, seront répartis dans toutes les prisons pour femmes du pays. Avec l'aide des religieuses, elles fabriquent aussi des croix. 

- « Un visage joyeux » - 

Pour les résidentes du centre San Joaquin, c'est un passé de meurtres, de vols et surtout de trafic de drogue qui les a menées à perdre leur liberté. 

Après avoir purgé 10 ans de réclusion pour un délit qu'elle ne souhaite pas révéler, Viviana avait bénéficié d'un régime de liberté conditionnelle, avant de repartir derrière les barreaux. La voix entrecoupée de sanglots, elle raconte comment l'assassinat d'un de ses fils l'a plongée dans la dépression et l'a finalement ramenée en prison. 

Incarcérée pour narcotrafic, Stefanie Salas, jeune femme de 24 ans, est pleine d'espoir avant la venue du pape:  «C'est très beau ce qui va arriver, cela va beaucoup marquer ma vie », veut-elle croire. 

Attentive à ce que les caméras de l'AFP immortalisent son air juvénile et son maquillage, Stefanie se félicite d'avoir pu terminer ses études secondaires en prison, mais ne cache pas sa douleur d'être loin des siens. 

Les conditions de détention sont un peu atténuées pour les détenues ayant une bonne conduite: pas d'obligation de porter la tenue de prisonnier, le droit de profiter de vastes espaces en commun et de travailler pour des entreprises en échange d'un modeste salaire. 

Dans ces couloirs, la musique latino et les rires tonitruants dénotent une ambiance décontractée, bien loin des autres secteurs de la prison, interdits aux visites, où sont enfermées les détenues les plus conflictuelles. 

À quelques mètres de la paroisse, Ana Herrera, 47 ans, qui purge sa deuxième peine pour trafic de drogues, travaille à la boulangerie. Elle aussi se dit "contente que (le pape François) ait choisi cet endroit" au cours de sa visite. 

Le souverain pontife « me rend heureuse, il a un visage joyeux, pas comme Jean-Paul II, qui avait une tristesse sur son visage. Les Argentins sont ainsi, joyeux! » 

Maigre et couvert de tatouages, Ana se rappelle qu'à 17 ans, elle avait vu Jean-Paul II lors de sa visite au Chili, en 1987, alors en pleine dictature Pinochet. Depuis elle a toujours rêvé qu'un pape la bénisse. 

« Depuis que je suis ici, j'ai perdu ma mère et, il y a deux mois, mon fils. Je sais que (le pape) va me transmettre sa paix et mon coeur reposera sereinement ». 

SUR LE MÊME SUJET :


mercredi 27 décembre 2017

FIESTA DE LOS ABRAZOS 2016



«FIESTA DE LOS ABRAZOS 2016»

[ Cliquez sur la flèche pour voir la vidéo ] 


LOLLAPALOOZA CHILE 2017 - VIDEO OFICIAL



« LOLLAPALOOZA CHILE 2017 - VIDEO OFICIAL»

[ Cliquez sur la flèche pour voir la vidéo ] 


DÉCÈS DE JULIO SCHINDLER

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


DÉCÈS DE JULIO SCHINDLER
C'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Julio Schindler, survenu mardi 26 décembre 2017 à Santiago du Chili.
Julio Schindler, militant du Parti communiste, fit partie des milliers de Chiliens qui ont fui leur pays après le coup d'État et la mort de Salvador Allende pour s'installer d'abord à Sofia en Bulgarie, puis en France, à Paris . Les obsèques de Julio, - dont la veillée mortuaire se tient actuellement au siège du Parti communiste de la commune Providencia -, auront lieu dans le Crématorium du Cimetière général de Santiago, mercredi 27 décembre à 16H, heure locale.


SUR LE MÊME SUJET :


mardi 26 décembre 2017

LE GUATEMALA ANNONCE LE TRANSFERT DE SON AMBASSADE EN ISRAËL À JÉRUSALEM

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
LE PRÉSIDENT DU GUATEMALA, JIMMY MORALES, 
ET LE PREMIER MINISTRE ISRAÉLIEN, BENYAMIN NÉTANYAHOU, 
 LE 28 NOVEMBRE 2016 À JÉRUSALEM. 
 PHOTO ABIR SULTAN 
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a salué «l’importante» décision du pays latino-américains et a prédit que d’autres Etats leur emboîteraient le pas.
Le président du Guatemala, Jimmy Morales, a emboîté le pas à son homologue américain, Donald Trump, en annonçant dimanche le transfert à Jérusalem de l’ambassade de son pays en Israël, en dépit du vote de condamnation de l’Assemblée générale de l’ONU.
    «J’ai donné des instructions à la ministre [des Affaires étrangères, Sandra Jovel] pour entamer les démarches» afin de mettre en œuvre cette décision, a écrit le président guatémaltèque sur son compte Facebook, un message diffusé par son service de presse.

    Premier chef d’Etat à prendre une décision similaire à celle de Donald Trump, le président Morales a rendu compte sur les réseaux sociaux d’un entretien téléphonique qu’il avait eu auparavant avec le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

    «Un des thèmes les plus importants [de l’entretien] avec le Premier ministre [israélien] a été le retour de l’ambassade du Guatemala à Jérusalem», a fait savoir Jimmy Morales, soulignant les «excellentes relations» entre les deux pays «depuis que le Guatemala a soutenu la création de l’État d’Israël».

    «Formidable nouvelle»

    Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, a salué quelques heures plus tard cette «importante décision» : «Formidable nouvelle, une vraie amitié!» a-t-il déclaré sur son compte Twitter. Tandis que le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a salué dans l’après-midi «l’importante» décision du Guatemala.

    «D’autres pays reconnaîtront Jérusalem et annonceront le transfert de leur ambassade. Un deuxième pays l’a fait et je le répète : il y en aura d’autres, ce n’est qu’un début et c’est important», a déclaré le chef du gouvernement israélien dans un communiqué.

    Vendredi, le président Morales avait défendu le soutien de son pays à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, au lendemain du vote massif de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant cette initiative du président américain. «Le Guatemala est historiquement pro-Israël» et «en soixante-dix ans de relations, Israël a été notre allié», avait-il déclaré.

    Le Guatemala avait voté contre la condamnation de l’ONU, avec le Honduras, le Togo, la Micronésie, Nauru, Palau et les îles Marshall, en plus des États-Unis et d’Israël. «Malgré le fait que n’ayons été que neuf dans le monde, nous avons la totale certitude et conviction que c’était la bonne voie», a-t-il encore déclaré.

    Des 193 pays composant l’Assemblée générale de l’ONU, 128 ont voté la résolution condamnant la décision américaine, dont des pays alliés des États-Unis comme la France et le Royaume-Uni.

    Ce vote «est une insulte que nous n’oublierons pas», avait lancé l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, à ses quatorze partenaires du Conseil de sécurité. In fine, le texte n’a pas été adopté, les États-Unis ayant utilisé leur veto de membre permanent.

    Noël terni en Palestine

    La décision de Donald Trump, le 6 décembre, a provoqué des manifestations quasi quotidiennes dans les Territoires occupés par Israël, et terni la fête de Noël pour les chrétiens palestiniens.

    La position de l’ONU n’a guère changé depuis des décennies. Elle ne reconnaît pas l’annexion de Jérusalem-Est, qu’elle considère comme territoire occupé, et a déclaré la loi israélienne de 1980 comme étant une violation de la loi internationale. Pour elle, le statut final de Jérusalem doit être négocié entre les parties.

    La vision internationale largement répandue reste celle de Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’un État palestinien indépendant. La résolution 478 de l’ONU en 1980 appelait tous les pays ayant une mission diplomatique à Jérusalem à l’en retirer. Treize pays (Bolivie, Chili, Colombie, Costa Rica, République dominicaine, Equateur, Salvador, Guatemala, Haïti, Pays-Bas, Panamá, Uruguay, Venezuela) avaient déménagé leur ambassade à Tel-Aviv, où se trouvent celles des autres pays.

    lundi 25 décembre 2017

    APRÈS AVOIR SAUVÉ SON POSTE, LE PRÉSIDENT PÉRUVIEN GRACIE SON PRÉDÉCESSEUR ALBERTO FUJIMORI

    UN HOMME ARBORANT LE SLOGAN « LIBERTÉ POUR FUJIMORI », 
    DEVANT LA CLINIQUE DE LIMA OÙ L’ANCIEN DIRIGEANT, 
    CONDAMNÉ POUR CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ, 
    A ÉTÉ HOSPITALISÉ. LE 24 DÉCEMBRE. 
    PHOTO GUADALUPE PARDO 
    Quelques jours après avoir évité une motion de destitution, le président péruvien a accordé un grâce à son prédécesseur Alberto Fujimori. Les partisans de ce dernier avait soutenu in-extremis l'actuel chef de l'État lors d'un vote crucial au Congrès. Président de 1990 à 2000, âgé de 79 ans, il purgeait depuis 2007 une peine de 25 ans de prison pour corruption et crimes contre l’humanité.
    Condamné et emprisonné pour corruption et pour des massacres commis dans la lutte contre l'insurrection maoïste, l'ancien président péruvien Alberto Fujimori a été gracié dimanche par l'actuel chef d'Etat, Pablo Kuczynski, qui a invoqué des raisons de santé.
    Dans un communiqué diffusé tard dimanche soir, les services de la présidence expliquent qu'un examen médical a montré qu'Alberto Fujimori, qui est âgé de 79 ans, souffrait d'une maladie dégénérative et incurable.

    L'annonce de la grâce présidentielle intervient quelques jours après l'intervention de partisans de Fujimori au Congrès pour empêcher qu'une motion de destitution ne soit votée contre l'actuel président.

    Selon l'opposition, Kuczynski aurait évité la destitution en promettant à un groupe de parlementaires du parti Force populaire qu'il libérerait Fujimori en échange de leur soutien, ce qu'a réfuté le gouvernement.

    Condamné à 25 ans de prison pour corruption et crimes contre les droits de l'homme, Alberto Fujimori, au pouvoir entre 1990 et 2000, est une figure controversée de l'histoire récente du Pérou. Certains le considèrent comme un dirigeant corrompu ayant mis sur pied des escadrons de la mort; d'autres le créditent d'avoir rétabli la stabilité économique et mis fin à l'insurrection sanglante des maoïstes du Sentier lumineux.

    L'annonce de sa libération a provoqué des incidents dans les rues de Lima et des policiers en tenue anti-émeutes ont été déployés autour de la résidence de Kuczynski, dans le quartier financier de San Isidro.

    Sur un plan politique, au moins deux ministres du gouvernement, opposés à sa grâce, ont informé Kuczynski de leur intention de démissionner, a-t-on appris de source gouvernementale. Le président péruvien a également enregistré la défection de deux députés de son parti, Péruviens pour le changement (PPK).

    Lors de sa campagne électorale victorieuse du printemps 2016 face à Keiko Fujimori, la fille de l'ancien président, Kuczynski avait promis de ne pas lui accorder sa grâce.

    « Afin de sauver sa peau, il a passé un accord avec les partisans de Fujimori pour gracier tristement un tueur corrompu », a réagi l'opposante Veronika Mendoza, dirigeante du Frente Amplio de gauche arrivée troisième du premier tour de l'élection présidentielle.

    Le gouvernement Kuczynski dément avoir noué un accord de ce type avec Force populaire, dont dix élus emmenés par Kenji Fujimori, frère et rival de Keiko, se sont abstenus lors du vote de destitution visant l'actuel président. Au final, il a manqué huit voix à la motion présentée au Congrès pour contraindre le chef de l'État à la démission.

    « Vous avez notre reconnaissance éternelle », a tweeté Kenji Fujimori à l'adresse de Kuczynski, précisant qu'il s'exprimait au nom de toute la famille de l'ex-président.


    mercredi 20 décembre 2017

    ARGENTINE: « ACCUSATION TIRÉE PAR LES CHEVEUX » CONTRE L’EX-PRÉSIDENTE CRISTINA FERNANDEZ


    [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

    CRISTINA FERNÁNDEZ DE KIRCHNER ET HÉCTOR TIMERMAN
    PHOTO NOTICIAS ARGENTINAS  
    INTERNATIONAL. Argentine Human Rights Watch défend Cristina Fernandez, accusée de « trahison » par la justice.
    MARIE-FRANCE CROS
     « ACCUSATION TIRÉE PAR LES CHEVEUX » 
    Ce n’est pas tous les jours qu’une organisation internationale de défense des droits de l’homme prend la défense d’un ex-chef d’État. C’est pourtant ce qu’a fait l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW), mardi, en qualifiant dans un communiqué de  « tirée par les cheveux » l’accusation de « trahison » présentée par la justice argentine contre l’ex-présidente péroniste (gauche) Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015).

    Alors que Mme Kirchner fait l’objet de poursuites judiciaires dans quatre affaires de corruption (sur lesquelles HRW ne se prononce pas) depuis que la présidence de la République est passée à la droite, l’ex-chef d’Etat a été accusée, le 6 décembre dernier, de  « trahison » par le juge Claudio Bonadio.

    En cause : le  « pacte de Téhéran », un accord signé avec l’Iran, sous la présidence de Mme Kirchner, pour que de hauts fonctionnaires iraniens, accusés d’avoir commandité l’attentat de 1994 contre la mutuelle juive Amia, à Buenos Aires, soient entendus par des magistrats argentins à Téhéran puisque l’Iran refusait qu’ils le soient à Buenos Aires. Cet attentat avait fait 85 morts et 300 blessés; personne n’a encore été condamné pour ce crime.

    Le juge Bonadio a demandé la levée de l’immunité parlementaire de Mme Kirchner, élue sénatrice pour la province de Buenos Aires lors d’élections partielles en octobre dernier.

    Aucune preuve

    Or, selon HRW, les 491 pages de l’acte d’accusation du juge Bonadio contre Mme Kirchner, son ex-ministre des Affaires étrangères Hector Timerman (mis aux arrêts domiciliaires alors que, atteint d’un cancer, il a besoin de soins constants) et dix autres personnes,  « ne présentent aucune preuve pour donner de la substance à ces accusations ». Cette  « inculpation tirée par les cheveux ternit plus encore la crédibilité de la justice argentine dans les enquêtes sur l’attaque contre l’Amia ».

    La semaine dernière, Mme Kirchner et M. Timerman ont porté plainte contre le juge Bonadio devant le Conseil de la Magistrature (devant lequel il est déjà le second juge le plus dénoncé pour irrégularités) pour avoir  « omis » des éléments à décharge, « manipulé » les faits et utilisé le droit à   «  des objectifs de persécution politique ».

    Parmi les éléments à décharge omis par le juge Bonadio figure une déclaration de l’ex-secrétaire général d’Interpol (2000-2014), Ronald Noble, selon qui il est faux de dire, comme le fait le juge Bonadio, que les notices rouges d’Interpol contre les Iraniens accusés par la justice argentine ont été levées à la suite d’une demande de Buenos Aires ou qu’elles ont été affectées par le   « pacte de Téhéran ».   « Ce que le juge Bonadio aurait su s’il m’avait contacté », a indiqué M. Noble.

     « LE JUGE PISTOLERO »
    Le juge Bonadio est celui qui poursuit Mme Kirchner pour des délits de corruption, malversations, blanchiment et enrichissement illicite. L’ex-Présidente, qui a le vocabulaire cinglant, l’appelle   « le juge pistolero » parce qu’il a tué deux cambrioleurs en Floride, il y a quelques années. M. Bonadio a été sanctionné deux fois pour conduite arbitraire par les deux chambres; il avait entravé les droits de la défense.


    mardi 19 décembre 2017

    L’ÉLECTION DU PRÉSIDENT DU HONDURAS CONFIRMÉE


    [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

    LE PRÉSIDENT DU HONDURAS, JUAN ORLANDO HERNANDEZ,  
    EN CAMPAGNE À TEGUCIGALPA LE 7 DÉCEMBRE 2017. 
     PHOTO MOISES CASTILLO
    Le chef de l’État de droite sortant l’emporte avec 42,95 % des voix, contre 41,24 % à son adversaire, le socialiste Nasralla. Le chef de l’État de droite sortant, Juan Orlando Hernandez, a été déclaré officiellement, dimanche 17 décembre, vainqueur de l’élection présidentielle controversée du 26 novembre au Honduras, a annoncé l’autorité électorale à l’issue d’un recomptage des votes.
    « Le président réélu pour la période de 2018 à 2022 est le citoyen Juan Orlando Hernandez Alvarado », a déclaré le président du Tribunal suprême électoral (TSE), David Matamoros.

    « Le président réélu pour la période de 2018 à 2022 est le citoyen Juan Orlando Hernandez Alvarado », a déclaré le président du Tribunal suprême électoral (TSE), David Matamoros.

    Depuis près d’un mois, les partisans du candidat de gauche, Salvador Nasralla, manifestent pour dénoncer une « fraude » supposée lors de ce scrutin. Hernandez, 49 ans, a obtenu 42,95 % des voix devant Nasralla (41,24 %), âgé de 64 ans, selon les chiffres présentés dimanche par l’autorité électorale.

    Un résultat aussitôt contesté par le camp adverse. « Nous rejetons totalement la déclaration du Tribunal suprême électoral », « le peuple reconnaît comme président Salvador Nasralla », a annoncé lors d’une conférence de presse l’ancien chef de l’État Manuel Zelaya, à la tête de l’alliance de gauche opposée à Hernandez. Il a appelé ses partisans à redescendre dans la rue dès lundi, faisant craindre de nouvelles violences dans ce pays miné par les rivalités entre gangs. Depuis près d’un mois, les partisans du candidat de gauche Salvador Nasralla manifestent pour dénoncer une « fraude » supposée lors de ce scrutin.

    Quelques heures avant l’annonce officielle du TSE, M. Nasralla avait décollé pour les États-Unis, où il devait rencontrer le secrétaire général de l’Organisation des États américains, Luis Almagro, et être reçu au département d’État.

    Nouvel appel à manifester

    Ce furent des élections « d’une transparence jamais vue au Honduras », assuré M. Matamoros. « Nous souhaitons que le calme règne (…) que nous nous embrassions de nouveau comme des frères », a-t-il ajouté. L’opposition a appelé à redescendre dans la rue lundi.

    Vendredi, des manifestants ont bloqué les rues de plusieurs villes de ce pays d’Amérique centrale. Dans la capitale, Tegucigalpa, ils ont empilé des pierres pour monter des barricades et mis le feu à des pneus et des bouts de bois pour revendiquer la victoire de l’opposant de gauche.

    Les premiers résultats de ce scrutin donnaient M. Nasralla, animateur de télévision novice en politique, en tête avec cinq points d’avance, le dépouillement au fil des jours a finalement placé M. Hernandez devant.

    Cette inversion de tendance, combinée à une série de pannes informatiques jugées suspectes par l’opposition, a incité cette dernière à exiger un recomptage total des votes, puis une annulation pure et simple du scrutin. Le TSE étudiait depuis le recours déposé par l’opposition.

    Un rapport d’Amnesty International publié au Mexique affirme qu’au moins quatorze personnes sont mortes dans les manifestations. Les autorités honduriennes ont confirmé seulement trois décès.



    CHILI. LE PROFIL DE SEBASTIÁN PIÑERA

    [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
    LE PRÉSIDENT ÉLU ET SA FEMME ONT PRIS 
    LEUR PETIT-DÉJEUNER AVEC MICHELLE BACHELET
    PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ
    «Nous partageons un pays merveilleux et l’héritage de nombreuses générations de Chiliens qui n’ont jamais baissé les bras face à l’adversité et qui ont su transformer la colonie la plus pauvre d’Espagne en un pays avec le plus grand leadership et le plus grand dynamisme en Amérique latine. Il y a deux cents ans, nous avons gagné notre indépendance, aujourd’hui c’est le moment de conquérir la maturité de notre développement.»
    LE PRÉSIDENT ÉLU ET SA FEMME ONT PRIS 
    LEUR PETIT-DÉJEUNER AVEC MICHELLE BACHELET
    PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ
    Ceci est la présentation qui peut être lue sur le site web du programme gouvernemental de Sebastian Piñera, le président nouvellement élu du Chili. Et il était déjà à La Moneda (palais présidentiel) entre 2010 et 2014. Un genre de déclaration marquée par les termes pauvreté et développement, une sorte de déclaration puissante et ambitieuse, comme tout dans sa vie, que ce soit au plan politique et, surtout, dans le domaine des affaires. Ces affaires qui l’ont conduit à amasser l’une des principales fortunes du Chili et qui ont souvent été à la limite de la légalité ou la dépasser, sans mentionner les termes relevant de l’honnêteté, de l’éthique et de la morale.

    Piñera est un gars habitué à gagner. Il reconnaît lui-même qu’avec son frère José (le ministre de Pinochet qui a réformé la loi sur le travail et créé les AFP: les fonds de pension privés), ils se battraient à coups de poing pour voir qui va gagner. Ce caractère obsessionnel et impulsif le conduit souvent à agir avant de penser. Les «Piñericosas», qui sont des fautes d’utilisation dans le vocabulaire ou des actions mal exécutées, font déjà partie de l’histoire politique du Chili.

    Il dit qu’il a voté NON lors du référendum de 1988 qui marqué la «sortie» de Pinochet. Il assure également admirer l’ancien président Patricio Aylwin (1990-1994), chrétien-démocrate, qui et mort en 2016 et dont il a utilisé l’image dans la campagne. Il s’est également déclaré un fervent partisan de l’équipe de football de l’Université Catholique, puis en 2009, lors de la campagne qui l’a conduit à La Moneda (en 2010), il est devenu partisan de Colo-Colo (quartier de Macul à Santiago), l’équipe de football la plus populaire du Chili. Et pas seulement cela, il l’a achetée précisément au moment où il a acquis une chaîne de télévision, une compagnie aérienne et une foule de biens, y compris un nombre de biens fantaisistes, dans cet empressement à tout avoir. Mais tout n’est pas mauvais, son obstination, très médiatisée, a également servi à insister pour assurer le sauvetage des 33 mineurs piégés dans une mine à Atacama [août 2010] et qui ont finalement été récupérés vivants [opération qui fit silence sur les vraies origines de l’accident dans cette mine et dans d’autres].

    On a beaucoup écrit sur le profil de cet entrepreneur milliardaire, mais certainement l’épisode le plus complexe est appelé Banco de Talca, histoire qui commença le 28 août 1982, lorsque le juge Luis Correa Bulo a ordonné son arrestation pour avoir trompé la banque. Selon l’accusation, Piñera aurait été l’auteur d’infractions à la loi générale sur les banques. Cela en même temps qu’il était complice d’accusations de fraudes portant préjudice à des actionnaires minoritaires.

    Selon les enquêtes, l’entité bancaire avait effectué des prêts de plus de 200 millions de dollars à des sociétés – liées entre elles –, soit cinq fois son capital. Or, la loi ne permettait qu’une limite maximale de prêt à hauteur de 25% de leurs fonds propres. En outre, ces sociétés «liées entre elles» n’avaient pas une existence légale. En ce sens, comme l’a révélé l’enquête, la banque avait accordé des prêts à des sociétés fantômes, sans aucune garantie.

    Par conséquent, Piñera a dû fuir pendant 24 jours pour donner à ses avocats le temps de préparer sa défense. Comme indiqué par l’ancienne ministre de la Justice d’Augusto Pinochet, Mónica Madariaga (1977-1983), elle aurait intercédé pour que Piñera soit libéré dans cette affaire.

    D’autres cas sont connus: évasion fiscale en utilisant des sociétés zombies; délit d’initié pour l’achat d’actions de LAN (compagnie aérienne). S’ajoute l’affrontement avec la maire actuelle de la Providence (une des communes formant la conurbation de Santiago), Evelyn Matthei, dans l’affaire nommée Kyoto, qui a fini par faire obstacle à sa candidature présidentielle au milieu des années 1990. Cela s’est passé en 1992 lorsque Sebastián Piñera et Evelyn Matthei voulaient obtenir le droit d’être candidats de la droite dure pour affronter Eduardo Frei (1994-2000, démocrate-chrétien, fils d’Eduardo Frei-Montalva, président de 1964 à 1970). C’est alors qu’un enregistrement téléphonique clandestin entre Piñera et son ami Pedro Pablo Díaz a été diffusé. Piñera demandait à son interlocuteur d’influencer les journalistes qui allaient présider le débat présidentiel dans le but de diminuer la crédibilité de sa concurrente. L’enregistrement fut diffusé en direct sur les écrans de la chaîne Megavision…

    Ce ne sont là que quelques-uns des exemples qui ont accompagné la carrière de Piñera au cours des 30 dernières années, où il a mélangé la politique et les affaires, sans que cela lui pose des problèmes.

    Au milieu de l’année dernière, un nouveau chapitre s’est ajouté à cette liste noire. Un site a rapporté que l’homme d’affaires avait été inculpé en Argentine dans le cadre de l’enquête sur les pots-de-vin versés par la compagnie aérienne LAN. Selon l’enquête, cet acte illégal s’était produit en 2006, l’année où le futur président était un membre de la firme. Cette enquête a été ouverte en 2010 lorsque des messages du député argentin kirchnériste Jaime Manuel Vázquez du Frente para la Victoria (front pro-Kirchner créé en 2003) démontrèrent que la compagnie aérienne LAN avait payé une «commission» de 1’150’000 dollars pour faire passer une fausse déclaration. Par la suite, la firme a admis cette action illégale, ce qui lui a coûté 20 millions de dollars.


    La «victoire illusoire» de Bachelet en 2010, face à Pinera

    En outre, en 2015, l’alors ancien président Piñera a été impliqué dans l’enquête sur le paiement de factures faites par Chilevisión, en 2009, pour des services inexistants aux sociétés: Aguas Andinas, Pampa Calichera, SQM et Asesorías Ilihue. Le dernier casse-tête pour Piñera a été l’investissement que Bancard, l’une de ses firmes, a réalisé dans une société de pêche péruvienne, au moment même où se jugeait à La Haye le différend sur les zones de pêche entre le Chili et le Pérou.

    Avec cette révélation une fois de plus a été posée la question des relations permanentes entre Piñera l’homme d’affaires et Piñera le politique. Cette critique – qui existait à l’époque – n’a pas fait obstacle à une sorte de confiance aveugle dans le cadre de la campagne présidentielle qui a fait de lui le président actuel du Chili.

    Malgré tout cela, il y a beaucoup de Chiliens qui voient dans cet entrepreneur l’exemple du succès. Dans un pays où il y a une peur extrême de perdre son emploi et où le pinochetisme a instauré les fondements d’un «consumérisme» malsain, un gagnant est celui qui a la voiture de l’année ou la télévision la plus grande (à crédit); dans un pays où paraître (ou du moins le croire) être une partie de l’élite puissante, vous donne un statut et où la couleur de la peau, le quartier où l’on est né et encore le domicile déterminent le sort de beaucoup, dans ce pays, Piñera – «il a de l’argent, donc il ne va pas voler s’il occupe la Moneda» – a émergé comme le messie capable de créer des milliers d’emplois, en améliorant l’économie – «parce qu’il connaît des chiffres» – et sera le sauveur du Chili face à une gauche «qui va le transformer en Venezuela». [Piñera qualifiant Alejandro Guillier, journaliste social-libéral, d’être un Maduro a marqué la fin de sa campagne. La direction du Front ample – en la personne de Beatriz Sánchez – n’a pas donné un mot d’ordre de vote, mais sa dirigeante a indiqué qu’elle votait contre Piñera.]

    Mais, qui sont les adhérents de la droite ou, dans ce cas, de Piñera. Selon un rapport de La Tercera (la chaîne de TV) sur la base du croisement des calculs publiés par le Service électoral (Servel), il ressort que Piñera a enregistré ses meilleurs résultats dans la région métropolitaine dans les districts du secteur est: Vitacura (76%), Lo Barnechea (77%) et Las Condes (71%), soit les secteurs les plus riches du pays. Si, au niveau national, le centre-droit obtenait quatre fois plus de voix que le Frente Amplio (la troisième force politique chilienne) dans ces trois communes, le vote était jusqu’à dix fois plus élevé. Un autre phénomène se produit dans la région de La Araucanía, où le Chili Vamos (qui agglutine la droite) obtient 76’000 voix, tandis que la FA atteint 12’000.

    El Mercurio ajoute, après avoir ventilé les résultats de l’enquête du Centre d’études publiques (CEP), après le premier tour, que Piñera concentre son vote sur les personnes de plus de 18 ans et jusqu’à 44 ans. Dans ce segment, il obtient une adhésion de 48,3%, alors que le secteur où il attire le moins d’appuis est celui des personnes âgées de 55 ans et plus, en dépit du fait que l’ancien président a souligné dans son discours et ses propositions l’importance des adultes le plus âgés. En fait, son épouse, Cecilia Morel, dirige le programme appelé «vieillissement positif et retraites».

    D’un autre côté, l’électeur de l’ancien président est plus urbain que rural. Dans ce segment, il obtient 45% des voix, soit huit points de plus que dans le secteur rural.

    Comme on le constatait avec son résultat lors des primaires présidentielles de juillet 2017, Piñera compte plus de soutien dans les diverses régions que dans la région métropolitaine. Quant à la position politique exprimée par son électorat, comme on peut s’y attendre, la majorité se déclare à droite. Dans ce segment, Piñera a 81% des voix.

    Bien que son message se soit concentré sur la classe moyenne, selon la «stratification économique», Piñera regroupe plus de soutien dans le segment ABC1. [Le segment ABC1 représente 10% de la société. Au Chili, la division socio-administrative officielle (!) est la suivante : AB (classe élevée), C1a (classe moyenne élevée), C1B (classe moyenne émergente); C2 (classe moyenne basse), D (précaire), E (pauvre). Le secteur C3 (entre classe moyenne basse et pauvre) est le plus nombreux. Les secteurs C3 et D représentent la moitié de la population.]

    Dans ABC1, Piñera regroupe 60% des votes, alors que dans C1b et C1c il obtient 45% et 47% respectivement. En revanche, la plus grande faiblesse se trouve dans le segment le plus bas: 28%.

    Piñera se trouve en bons termes avec Dieu et le diable et il a également assuré qu’il n’y a «aucun péché» dans le fait d’avoir participé au «gouvernement militaire».

    Interrogé par des «complices passifs», terme qu’il a lui-même popularisé pendant son gouvernement, Piñera a répondu: «Dans notre pays, nombreux sont ceux qui pensent que les militaires sont les seuls responsables des violations graves et répétées des droits de l’homme, et ce n’est pas vrai… Il y a d’autres personnes et institutions qui ont aussi la responsabilité.»

    Piñera, qui a été appelé le Macri ou le Trump chilien, gouvernera le Chili pendant quatre ans à partir de mars 2018. Il reste à voir s’il continuera à avancer dans les réformes sociales et économiques exigées par le Chili, par exemple une éducation de qualité gratuite. Ou, comme lors de son premier gouvernement, des mobilisations et des manifestations seront son pain quotidien. 

    (Article publié dans le quotidien argentin Pagina 12, le 18 décembre 2017; traduction À l’Encontre)