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Julio Albert Poch, après être arrêté à l'aéroport de Manises Valence, Espagne. Photo El País
Julio Albert Poch, après être arrêté à l'aéroport de Manises Valence, Espagne. Photo El País
Lors de ces opérations, les opposants au régime militaire étaient jetés vivants dans la mer ou dans le Rio de la Plata. L’enseigne de vaisseau à la retraite Julio Alberto Poch, 57 ans, était installé depuis 1988 aux Pays-Bas, où il est devenu pilote civil. Il a été arrêté, le 22 septembre, à l’aéroport de Valence par des agents de la police espagnole.
Ce sont ses propres collègues de la compagnie low cost Transavia qui ont déposé plainte contre lui, après l’avoir entendu justifier sa participation aux “vols de la mort”. Julio Alberto Poch est issu d’une famille de militaires de la marine argentine. Lors du coup d’Etat [de 1976], il avait le grade d’enseigne de vaisseau de deuxième classe. Un an plus tard, il a intégré la 3e escadrille aéronavale de chasse et d’attaque. La plupart des “vols de la mort” ont eu lieu pendant les deux années qui ont suivi. Faute de témoignages, la justice argentine n’a jamais enquêté sur ces crimes jusqu’à présent.
La carrière militaire de Poch a duré à peine huit ans. Il a obtenu sa retraite anticipée en 1980. En 1988, il s’est installé aux Pays-Bas avec sa femme, Elsa Margarita Nyborg Andersen, et leurs trois enfants, tous nés sous la dictature. Les premiers éléments sur le passé de Poch ont été connus en 2007. Lorsque les autorités néerlandaises ont entendu les témoignages des salariés de Transavia, elles ont commencé à enquêter sur son passé. A la mi-2008, un procureur néerlandais s’est rendu en Argentine pour en savoir plus long sur son compte. Il a alors saisi le juge argentin Torres, qui a lui-même entendu les témoins. C’est un commentaire sur Jorge Zorreguieta, l’ancien ministre de l’Agriculture du dictateur Jorge Videla, actuellement beau-père du prince Guillaume de Hollande, qui a poussé le marin à évoquer son passé. “Poch s’est mis à défendre ce gouvernement et nous a dit que nous avions une vision fausse de cette époque. L’ancien marin a alors avoué que, pendant la période où il était pilote au service du régime de Videla, il avait effectué des vols réguliers au cours desquels des groupes de gens étaient jetés vivants à la mer depuis son avion”, a rapporté un témoin présent lors du dîner. “L’objectif de ces vols était d’éliminer les terroristes”, a justifié Poch.
“Poch reste convaincu d’avoir fait ce qu’il fallait. Il nous a donné l’impression de ne pas avoir été forcé, il a l’air de vivre avec cela sans remords. Il s’est justifié en disant que c’était une guerre et que les victimes avaient été droguées avant leur chute dans le vide. Il a aussi dit que les familles des disparus n’avaient pas à se plaindre, car elles savaient que leurs enfants et leurs maris étaient des terroristes”, a poursuivi le témoin, choqué “parce qu’on ne peut pas imaginer des choses aussi terribles”. Selon des sources diplomatiques, l’arrestation de Poch ne pouvait pas avoir lieu aux Pays-Bas, car la double nationalité [argentine et néerlandaise] de l’accusé aurait compliqué l’extradition. Poch a été arrêté alors qu’il effectuait son dernier vol avant de prendre sa retraite civile. Une enquête de Página 12, effectuée après les aveux du capitaine Hess [un autre pilote à la retraite], a permis de découvrir que plusieurs pilotes poursuivis pour des crimes perpétrés durant la dictature “travaillaient [actuellement] pour des compagnies nationales et étrangères”.
Ce sont ses propres collègues de la compagnie low cost Transavia qui ont déposé plainte contre lui, après l’avoir entendu justifier sa participation aux “vols de la mort”. Julio Alberto Poch est issu d’une famille de militaires de la marine argentine. Lors du coup d’Etat [de 1976], il avait le grade d’enseigne de vaisseau de deuxième classe. Un an plus tard, il a intégré la 3e escadrille aéronavale de chasse et d’attaque. La plupart des “vols de la mort” ont eu lieu pendant les deux années qui ont suivi. Faute de témoignages, la justice argentine n’a jamais enquêté sur ces crimes jusqu’à présent.
La carrière militaire de Poch a duré à peine huit ans. Il a obtenu sa retraite anticipée en 1980. En 1988, il s’est installé aux Pays-Bas avec sa femme, Elsa Margarita Nyborg Andersen, et leurs trois enfants, tous nés sous la dictature. Les premiers éléments sur le passé de Poch ont été connus en 2007. Lorsque les autorités néerlandaises ont entendu les témoignages des salariés de Transavia, elles ont commencé à enquêter sur son passé. A la mi-2008, un procureur néerlandais s’est rendu en Argentine pour en savoir plus long sur son compte. Il a alors saisi le juge argentin Torres, qui a lui-même entendu les témoins. C’est un commentaire sur Jorge Zorreguieta, l’ancien ministre de l’Agriculture du dictateur Jorge Videla, actuellement beau-père du prince Guillaume de Hollande, qui a poussé le marin à évoquer son passé. “Poch s’est mis à défendre ce gouvernement et nous a dit que nous avions une vision fausse de cette époque. L’ancien marin a alors avoué que, pendant la période où il était pilote au service du régime de Videla, il avait effectué des vols réguliers au cours desquels des groupes de gens étaient jetés vivants à la mer depuis son avion”, a rapporté un témoin présent lors du dîner. “L’objectif de ces vols était d’éliminer les terroristes”, a justifié Poch.
“Poch reste convaincu d’avoir fait ce qu’il fallait. Il nous a donné l’impression de ne pas avoir été forcé, il a l’air de vivre avec cela sans remords. Il s’est justifié en disant que c’était une guerre et que les victimes avaient été droguées avant leur chute dans le vide. Il a aussi dit que les familles des disparus n’avaient pas à se plaindre, car elles savaient que leurs enfants et leurs maris étaient des terroristes”, a poursuivi le témoin, choqué “parce qu’on ne peut pas imaginer des choses aussi terribles”. Selon des sources diplomatiques, l’arrestation de Poch ne pouvait pas avoir lieu aux Pays-Bas, car la double nationalité [argentine et néerlandaise] de l’accusé aurait compliqué l’extradition. Poch a été arrêté alors qu’il effectuait son dernier vol avant de prendre sa retraite civile. Une enquête de Página 12, effectuée après les aveux du capitaine Hess [un autre pilote à la retraite], a permis de découvrir que plusieurs pilotes poursuivis pour des crimes perpétrés durant la dictature “travaillaient [actuellement] pour des compagnies nationales et étrangères”.