vendredi 30 octobre 2009

Ventes d’armes : Chili con armée

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Michelle Bachelet et Hervé Morin au Palais de La Moneda à Santiago du Chili. Photo José Manuel de la Maza

Les marchands de canons tricolores se sont découvert un nouvel Eldorado, en Amérique latine. Et c’est pour consolider les positions des industriels de l’armement français dans la région que le ministre de la Défense a entamé, hier, un voyage qui doit le mener jusqu’à mardi prochain du Chili en Argentine et jusqu’au Brésil. « Clairement, Hervé Morin se rend dans ces pays pour y effectuer du lobbying », nous confie un interlocuteur au ministère de la Défense. « Il n’a jamais caché que faire le VRP faisait partie de son job. » Style direct et méthode sans complexes, à la Sarkozy.
Depuis quelques années, la France a amorcé un rééquilibrage géographique de ses exportations d’armes. Certes, les pays européens, comme ceux du Proche et du Moyen-Orient, constituent toujours le socle des clients traditionnels. Mais les industriels remplissent désormais également leurs carnets de commandes en Asie (où le ministre effectuera probablement une tournée en décembre) et, donc, en Amérique du Sud. L’an dernier, les pays du sous-continent américain ont signé pour plus de 1,6 milliard d’euros de commandes fermes.


Hier, Hervé Morin est arrivé au Chili pour sa première étape. Au programme, rencontre avec son homologue, avec le ministre des Affaires étrangères et avec la présidente Michelle Bachelet. Santiago a, notamment, déjà jeté son dévolu sur des sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Scorpène et un satellite militaire conçu par la firme EADS-Astrium. Montant pour 2008 : 61 millions d’euros. Cocorico ! Le coq, en revanche, risque fort d’avoir une extinction de voix lorsqu’il s’agira de justifier le conséquent retard de livraison du gros-porteur européen (made in EADS) A400M. Cet avion de transport, dont les premiers exemplaires devaient voler en début d’année, ne verra les cieux, au plus tôt, qu’en 2013. Le Chili est le premier pays non européen à souhaiter s’en porter acquéreur. Patience et longueur de temps, plaidera sans doute le ministre français.


Des promesses en RafaleSuite de la tournée en Argentine avec tapis rouge et, de nouveau, audience avec la présidente du pays, Cristina Fernandez. L’an dernier, Paris a vendu pour 6 petits millions d’armement à Buenos Aires. Une paille au regard de 122 millions de contrats signés avec le Brésil, entre sous-marins et hélicoptères. Et la France place de grands espoirs en Brasilia, dernière étape du voyage d’Hervé Morin. Le ministre doit y évoquer les « programmes en cours d’élaboration » et visiter une base de construction navale. Mais le contrat le plus important, encore putatif, pour lequel Nicolas Sarkozy a personnellement mouillé la chemise, est celui du Rafale. Fleuron technologique de Dassault Aviation, un quart de siècle d’existence et… pas un seul exemplaire exporté. S’il se décidait à l’acquérir, le Brésil sauverait à la fois l’avion de combat, l’honneur de l’appareil et l’industriel constructeur. Un dossier au moins aussi politique que militaire. L’enjeu est d’ailleurs d’une telle importance qu’il tourne à l’obsession dans les couloirs du ministère. Mi-novembre, Hervé Morin sera encore mobilisé pour faire l’article auprès des riches clients moyen-orientaux du Dubaï Air Show. Mais gare ! Dans le désert, la France a toujours eu plus de chance avec ses Mirage.